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Октябрь
2024

La Haute-Vienne fut terre de mines d’or dès l'Antiquité : on vous dit tout sur l'exploitation gauloise de l’or

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Aurence, Laurière, Beaune-les Mines, Lauriéras : en Haute-Vienne, ces noms de rivière, de commune ou de lieux indiquent à eux seuls que le sol ici est - ou tout au moins a été – riche en en or. Ah, l’or… Depuis des siècles il est, avec l’argent, la base du système monétaire. Depuis toujours il attire l’œil et suscite bien des convoitises. En Haute-Vienne, depuis une époque très lointaine, des hommes ont creusé le sol, broyé des roches, travaillé dur en espérant trouver LA pépite.

Au temps des Gaulois, des creux dans le paysage

Beaucoup aujourd’hui ont disparu du paysage, mangés par l’érosion, noyés sous la végétation ou les eaux, d’autres ont été comblés par les hommes, mais à certains endroits, des creux en témoignent encore : ici, il y a longtemps, on a cherché de l’or. Ces trous, dont certains peuvent atteindre 100 mètres de long, ce sont des aurières gauloises. Les archéologues et les géologues savent les reconnaître et les recherches de l’archéologue Béatrice Cauuet (*) sur le secteur de Saint-Yrieix-la-Perche en particulier, ont permis de mieux les connaître. Les aurières sont, avec les objets en or (notamment des pièces de monnaie retrouvées lors de fouilles), les seuls témoignages de cette exploitation gauloise de l’or.

A noter que les "Gaulois" étaient l'ensemble des peuples protohistoriques habitant la Gaule, au sens défini par Jules César dans le cadre du récit de ses conquêtes militaires. Ainsi, ce sont plus précisément les Lémovices qui peuplaient alors le territoire du Limousin.

Près d’Ambazac et Saint-Yrieix-la-Perche

Cela veut dire qu’en Haute-Vienne, à l’Antiquité, il suffisait de se baisser et de gratter le sol pour trouver de l’or ? Pas vraiment. L’or, ça se mérite et il n’y en avait pas partout. Deux secteurs de Haute-Vienne ont fait l’objet d’une exploitation à l’époque gauloise. Ils sont situés près d’Ambazac et dans le secteur de Saint-Yrieix-la-Perche.

Une exploitation depuis l'âge du Bronze

En Limousin, les plus vieux sites d’exploitation connus remontent à l’âge du Bronze, mais c’est entre les Ve et Ier siècles avant Jésus Christ que les Gaulois ont exploité l’or en surface. À la Maison de l’or en Limousin, dans le village du Chalard, une maquette, réalisée par les archéologues de l’équipe de Béatrice Cauuet, permet de se rendre compte des techniques d’exploitation de l’or qu’utilisaient les Gaulois.

« Les Gaulois ont creusé tout le long du filon. Les aurières les plus profondes étaient étayées avec du bois pour éviter que ça s’effondre. Ils utilisaient du sapin et ils sont précurseurs de techniques qui ont ensuite été modifiées au fil du temps ».

Ce détail d'une maquette présentée à la Maison de l'or en Limousin permet de se rendre compte des techniques d'extraction de l'or au temps des Gaulois.

Extraire l’or du quartz, le broyer, le concentrer pour ne garder que lui, c’est de tout temps ce qu’ont fait les chercheurs d’or, avec des techniques plus ou moins sophistiquées, en prenant plus ou moins de risques et en se préoccupant plus ou moins des conséquences de cette exploitation selon les lieux et les périodes.

Les techniques gauloises pour extraire l'or

Au temps des Gaulois, pas de pelleteuse, pas d’usine. Les hommes creusaient avec des outils de fer, étayaient les aurières les plus longues et les plus profondes avec du bois et, une fois les pierres remontées, les faisaient chauffer avant de broyer les morceaux obtenus jusqu’à disposer d’un « sable assez fin dans lequel on trouve 15 gramme d’or à la tonne, indique Patricia Chousseau. Ensuite, ils creusaient des petits canaux, les tapissaient de peau de moutons et déversaient de l’eau. L’or est dense et très lourd et restait au fond. Ils récupéraient ensuite les paillettes et les faisaient fondre dans des petits creusets, fabriqués en argile mêlée de crottin de cheval ».

L'or, monnaie d’échange

Une fois fondu, l’or était modelé, essentiellement en pièces ou en lingots. Durant près de cinq siècles, les mines d’or du territoire des Lémovices permettront aux habitants de commercer avec leurs voisins ou, par le biais de marchands de passage, avec des peuples européens plus lointains. Selon leur état, les monnaies d’or gauloises valent aujourd’hui entre quelques centaines et plusieurs milliers d’euros. Peu de bijoux ont été retrouvés lors des fouilles, l’or était surtout utilisé comme monnaie d’échange contre des marchandises.

Au moins 2.000 aurières en Haute-Vienne

Des aurières, premières mines d’or à ciel ouvert, on en trouvait à plusieurs endroits en Limousin. Dans une publication sur le district minier de Saint-Yrieix-la-Perche, les géologues Pierre Thomas et Patrice Bruneton évoquent le chiffre « d’au moins 2.000 aurières en Haute-Vienne ». Deux secteurs principaux sont concernés : ils sont situés autour de Saint-Yrieix-la-Perche et dans les Monts d’Ambazac, notamment sur le territoire qui porte aujourd’hui le nom de Beaune-les-Mines. Les aurières de Couriaux, La Bische, les prés de La Bische, les Pillateries et d’autres ont été étudiées, cartographiées à la fin du XIXe siècle.L’aventure des mines d’or gauloises s’arrête avec la conquête romaine. Selon les estimations, entre 70 et 200 tonnes d’or ont été extraites durant toute la période d’exploitation.

(*) Béatrice Cauuet, archéologue specialisée en archéologie minière et métallurgique des époques pré-romaine et romaine au CNRS à Toulouse, est l'auteure de plusieurs ouvrages sur les mines d'or en Limousin.

Nathalie Goursaud

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