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Октябрь
2024

Télétravail, stop ou encore ? Les patrons du Puy-de-Dôme partagés

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En matière de gestion du télétravail, il y a clairement les grandes entreprises et les autres. Les très grandes, à l’image récemment d’Amazon ou d’Ubisoft. Le géant américain a annoncé un arrêt total du télétravail en 2025 tandis que l’éditeur de jeux vidéo imposait sans délai un retour à une présence au bureau de trois jours minimum et non plus trois jours à distance, provoquant un appel à la grève des syndicats.

En la matière, les choses varient beaucoup d’une entreprise à l’autre et là où certaines étaient allées très loin, avec des collaborateurs en quasi-télétravail permanent, d’autres avaient restreint d’emblée la pratique, ce qui semble poser moins de problèmes à long terme.

Accord le plus abouti chez Michelin

Localement, c’est bien sûr le groupe Michelin qui a signé un accord de télétravail le plus abouti, lequel doit être renégocié dans les prochaines semaines. Mis en place dès 2019, le dispositif a été affiné après la crise Covid, sur la base de principes tels que le volontariat, les besoins des services ou encore les enjeux environnementaux, mais aussi une question d’attractivité, le télétravail faisant désormais souvent partie des demandes des recrues potentielles.

Chez Bibendum cohabitent ainsi le télétravail occasionnel, le télétravail régulier ainsi que le télétravail adapté, avec parfois des dispositifs sur mesure ou mixtes. La question de la différence de traitement entre les salariés pouvant bénéficier du télétravail et les employés de production a été mise sur la table dès le dernier accord, une réflexion sur la faisabilité du télétravail dans certains métiers de la production étant engagée. Elle pourrait aboutir sur de nouvelles mesures dans le cadre du prochain accord.

Pas de retour en arrière chez Enedis

Pas de nouvel accord en vue, en revanche, ni retour en arrière envisagé du côté d’Enedis, les mesures en place donnant satisfaction, selon Pierre-François Mangeon, directeur territorial. Dans les rangs du gestionnaire de réseau électrique, les personnels de terrain ne sont jamais en télétravail. « Ils ont le sens du service du public et aiment être sur le terrain ». Au total, une bonne moitié de l’effectif de la délégation régionale (1.104 agents) peut prétendre à ce que l’on appelle en interne le travail à domicile, à raison de dix jours par mois maximum. « C’est fait sur la base du volontariat et avec des règles : deux jours sur site par semaine au minimum et un jour commun au sein d’une équipe, chacune établissant son planning pour y parvenir. » Des règles qui conviennent, tant aux employés qu’aux managers, de sorte que la direction d’Enedis n’envisage pas de retour en arrière. Conséquence, tout de même, sur le site : les bureaux sont désormais partagés.

Chez Théa, autre employeur important de la place clermontoise, la décision de la direction de ne pas communiquer sur le sujet, alors que le télétravail, dans une certaine mesure, est bel et bien en place, est explicite quant à la perception de ce nouveau mode d’organisation et les questions délicates qu’il peut parfois poser.

Réactions mitigées au sein des petites entreprises

Que l’on retrouve d’ailleurs dans les plus petites entreprises, avec des réactions différentes selon les cas. Chez OTP Concept, le dirigeant Paul-Luc Perez concède que « dès la fin du Covid, ça passait mal vis-à-vis des collaborateurs en production, alors on a arrêté, mais ce n’était pas un problème de rendement. » Chez Tomel, Jean-Marie Nourrisson gère aussi des employés de bureau qui peuvent télétravailler, à raison d’une journée par semaine, et des personnels de terrain pour qui c’est impossible. « Ceux qui télétravaillent jouent le jeu, le font bien et ça ne crée pas de jalousie car nous avons mis en place depuis quelque temps l’opération “Vis ma vie” (où des employés échangent en réel leurs expériences et procédures de travail, NDLR) qui permet de mieux comprendre les contraintes de chacun. »

Du coté d’Altais, bureau d’études dont les tâches peuvent être télétravaillées à 100 %, ce qui était le cas pendant le Covid, on exerce désormais tout le temps en présentiel. « Même ceux qui habitent loin, et que j’incite au télétravail, préfèrent venir au bureau », explique le patron, Gilles Charbonnel. Ce sont donc les salariés qui ont choisi, au contraire du cabinet d’assurances clermontois Barbin, où le télétravail est proscrit. « Cela pose des problèmes pour recruter, reconnaît la dirigeante, Nicole Barbin, mais je refuse quand même et cela permet d’embaucher des gens qui ont vraiment envie de nous rejoindre. »

« L’entreprise, c’est aussi un lieu de sociabilisation »

Ce qu’il reste du télétravail forcé, là où il n’a plus cours?? Les réunions en visio. Sur ce point, beaucoup de petits patrons se rejoignent : c’est plus efficient. « Contrairement à une réunion en présentiel, les réunions commencent et finissent à l’heure », constate Jean-François Zenut, à la tête de ZPP, à Peschadoires. Pour ceux, comme lui, qui œuvrent dans un domaine industriel ou manuel, l’enjeu de la transmission des gestes entre anciens et plus jeunes n’est bien sûr pas compatible avec le télétravail. Et certains ont noté que cela posait des problèmes d’isolement parfois préjudiciable au bien-être de leurs employés.

« L’entreprise, c’est aussi un lieu de sociabilisation, abonde Sébastien Giron, qui officie dans le transport de voyageurs. Certains salariés sont très heureux de revenir au bureau. »

Pas tous, si l’on se fie aux études globales sur le sujet. C’est pourquoi pour beaucoup d’entreprises, quand le télétravail est en place, revenir en arrière s’avère compliqué. Mais aller plus loin dans son déploiement n’est plus tendance non plus.

Patrice Campo