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Октябрь
2024

Colère des agriculteurs : cet éleveur du Cantal a perdu 40 brebis avec la FCO, il n'a pas touché un centime d'aides

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Le désespoir rôde au Falgoux, chez Fabien Serre, un « petit moutonnier » sur qui le sort s’acharne. Touché par la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8, il n’a pas reçu un centime d’indemnisation. « Je ne suis éligible à rien du tout », résume l’éleveur, qui s’estime abandonné. « Je suis en colère. Si on ne m’aide pas, je change de métier. »

La maladie de la langue bleue a frappé dès septembre 2023. Une première brebis sur le dos… Puis un bélier qui s’isole. « On a perdu ces deux bêtes, puis trois, et quatre. Elles salivaient, avaient la tête gonflée, restaient toujours isolées du lot. Certaines avaient des ulcères dans la bouche. Les nasaux étaient bourrés de croûtes », retrace-t-il.

« L’hécatombe »

La FCO-8 ravage son cheptel en un rien de temps. Entre septembre et décembre 2023, c’est « l’hécatombe », soupire Fabien Serre : 40 brebis sur 200 sont emportées par l’épizootie. Six béliers sur sept périssent aussi. À ce sombre bilan s’ajoute l’infertilité. Sur ses 160 brebis survivantes, 120 mettent bas, mais 40 restent vides.

« J’ai vendu 72 agneaux sur ma campagne 2023-2024. Une année moyenne, j’en vends 120 à 130 », chiffre l’éleveur ovin du Falgoux, qui évalue « au bas mot » ses pertes économiques à 20.000 €. « C’est pas une paille… »

Une enveloppe de 19 millions, rien pour lui

Les vétérinaires, eux, n’avaient aucun doute. « Ils sont montés, le verdict est tombé. C’était bien la FCO, affirme Fabien Serre. Tous les signes cliniques étaient là. Du coup, leurs recherches ne sont pas allées plus loin… »

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Pourtant, ce diagnostic à l’œil nu ne suffisait pas. Des mois plus tard, l’agriculteur apprend qu’il n’est pas éligible au FMSE, comme fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental, cofinancé par l’État et la profession. « Il faut être foyer déclaré. Mais pour cela, il fallait faire un prélèvement sanguin. Sans ce fameux test, on ne peut pas y prétendre… » L’enveloppe dédiée à la FCO-8 s’élève à 19 millions d’euros.

« Le manque de considération »

Dépité, esseulé, Fabien Serre s’est donc tourné vers le Groupe de défense sanitaire (GDS) du Cantal. « Le petit moutonnier du Falgoux », comme il s’appelle lui-même, demande à bénéficier de la caisse coup dur, un autre dispositif spécial. « Même si c’est insignifiant, peut-être 3 centimes par brebis, je cotise ! Alors quand on cotise, on doit avoir accès aux outils en face. Cette caisse est justement faite en cas de coup dur », s’exclame l’éleveur ovin. Pour l’heure, il n’a pas non plus obtenu gain de cause.

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« Je suis vraiment remonté contre le manque de considération », fulmine l’agriculteur, prêt à rouler vers la capitale « avec les bonnets jaunes de la Coordination rurale ». Verser une benne de fumier devant la sous-préfecture de Mauriac, comme il l’avait fait l’hiver dernier, ne servira selon lui à rien. « Au niveau local, ça ne fera pas bouger assez les choses. Il faut carrément monter à Paris. Et moi, je suis chaud, parce que je défends mon bifteck. »

Prêt à « monter » voir Michel Barnier

Victime d’une attaque du loup en 2018, Fabien Serre a déjà dû faire une croix sur ses estives et donc sur 55 hectares sur 103 qu’il ne peut depuis plus utiliser pour faire pâturer ses suffolks en altitude.

Photo Jérémie Fulleringer.

Tout ça, il aimerait l’expliquer à Michel Barnier. « Si, à mon petit niveau, je pouvais avoir une rencontre avec le Premier ministre, j’y monterais là-haut ! Ils sont vraiment déconnectés de la réalité. Ce qu’on demande, pour la filière ovine, c’est de la trésorerie avant la fin de l’année. Sinon, on ne passera pas le cap. »

Romain Blanc

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