"Nous avons vraiment failli perdre des gens" : retour sur cinq jours d’interventions des sapeurs-pompiers pendant les inondations en Haute-Loire

«Il n’y a eu aucune victime et c’est à souligner, car nous avons vraiment failli perdre des gens », insiste de chef de corps des sapeurs-pompiers de Haute-Loire le colonel Frédéric Robert.Après deux jours de surveillance des prévisions météorologiques qui se sont terminés par une accélération alarmiste des précipitations, le Service départemental d’incendie et de secours de Haute-Loire (Sdis 43) a organisé sa réponse opérationnelle pour faire face à l’épisode cévenol du jeudi 17 octobre. En comptant les renforts nationaux, ce sont « près de 600 sapeurs-pompiers » qui sont intervenus, à toute heure du jour et de la nuit durant près de cinq jours.

Du niveau jaune au rouge en 4 heures

L’alerte crue sur le Lignon et la Loire « est passée du niveau jaune, au niveau orange et au niveau rouge en 4 heures », dans la fin de nuit de mercredi à jeudi. La phase d’urgence a démarré au petit matin du jeudi 17 octobre sur le tiers est du département. À ce moment-là, 295 sapeurs-pompiers étaient déjà mobilisés et prépositionnés sur les trois secteurs identifiés à Tence, Brives-Charensac et Retournac. « Cela a été déterminant », analyse avec le recul le colonel. L’état-major s’est rapidement rendu compte que les interventions de secours allaient s’inscrire dans la durée. Station d'épuration et Petite Mer à Chadrac. Photo Sdis 43Des renforts ont été demandés hors département pour permettre aux sapeurs de Haute-Loire d’avoir un peu de répit au terme des 24 premières heures très engageantes. Le préfet a validé la demande dans la nuit. Toute la zone sud-est étant touchée par le même phénomène climatique, trois colonnes de renforts, soit 190 femmes et hommes, sont arrivés le lendemain matin de Brignoles (Var) et des zones sud-ouest et est. L’hélicoptère de la sécurité civile Dragon 63 a été engagé jeudi et vendredi pour réaliser aussi bien des missions de sauvetage que des opérations de reconnaissance.

 

 

Durant cette période critique, il y a eu 104 sauvetages de personnes, dont 14 extractions d’urgence réalisées par hélitreuillage, mais aussi en 4x4 et en embarcation nautique pour ceux qui se sont retrouvés prisonniers des flots. La majorité des personnes se trouvaient dans des locaux inondés.

Ces personnes ont fait preuve d’une résilience remarquable.

Une femme a pu être sortie du ruisseau de La Chèze, au Mazet-Saint-Voy. Elle était accrochée aux branches d’un arbre après avoir été emportée par le courant. Une cinquantaine d’animaux ont été sauvés : essentiellement des bovins et des équidés, mais aussi des chats et des chiens qui se sont retrouvés isolés par les flots.Le Lignon et La Sérigoule se rejoignent. Photo Sdis 43Le bilan tiré lundi soir, après cinq jours d’intervention fait état d’aucune victime. « L’organisation avec les plans de sauvegarde a été très efficace », se félicite le colonel. Les dégâts matériels sont importants, il y a aussi 7 bovins qui ont péri et 7 voitures qui ont été emportées. « Des gens se sont réellement mis en danger », notamment un groupe d’adolescents qui sont allés s’offrir quelques sensations fortes sur la passerelle de La Chartreuse à Brives-Charensac avant que celle-ci ne se fasse arracher par le courant.Les pompiers ont effectué 500 interventions et répondu à plus de 1.000 appels. Le nombre de maisons impactées s’élève à 250. Un chiffre auquel il faut ajouter 16 entreprises.La Sérigoule en crue à Tence. Photo Sdis 43Les missions courantes de pompage, d’assèchement de locaux, de nettoyage et d’estimation de la solidité des structures se sont terminées lundi soir, après que des cuves de gaz et des chauffe-eau ont été extraits du barrage de Lavalette à Lapte.

 

Céline Demars