Un livre de Jacques Chevalier réédité pour redécouvrir la forêt de Tronçais dans toute sa splendeur
Le célèbre philosophe de Cérilly (Allier), Jacques Chevalier, est l’auteur de trois ouvrages de référence sur la forêt de Tronçais : La forêt de Tronçais, notice descriptive et historique coécrit avec Gustave Raffignon et publié en 1913, La Forêt, Tronçais en Bourbonnais sorti en 1930, et La légende de la forêt : Tronçais en Bourbonnais édité en 1950.
Les deux derniers livres viennent d’être réédités sous l’intitulé La forêt de Tronçais en Bourbonnais, suivie de Légendes de la forêt. Une initiative de la toute jeune association, Les Amis de Jacques Chevalier, fondée en 2022, et faisant suite aux recherches effectuées par Victor Gosset, l’arrière-petit-fils de l’écrivain, et son frère jumeau, Wandrille.
Comment est né ce projet de rééditer les livres de votre arrière-grand-père dont le plus ancien a plus de cent ans ?
En 2012, avec Wandrille, on a voulu en savoir un peu plus sur notre arrière-grand-père qui avait eu une vie très remplie. On a contacté l’association Mémoires de Cérilly et après on a creusé un peu plus pour trouver des personnes qui l’avaient connu. On s’est rendu compte que ce n’était pas si loin que ça car il est mort en 1962. De fil en aiguille, on a remonté le temps en rencontrant des amis à lui mais aussi des anciens élèves. Pour nous, c’était quelque chose d’assez incroyable.
Cela veut dire qu’au départ il n’est pas question de sortir un livre ?
Tout à fait. Il s’agissait simplement de recueillir des informations sur notre arrière-grand-père. C’est pour cela qu’on s’est rendu à plusieurs reprises à Cérilly, le lieu où il est né et où il est mort. En étudiant sa vie et son œuvre, on s’est rendu compte qu’aujourd’hui aucun de ses livres n’est publié. On peut les trouver d’occasion mais à des prix très chers. On s’est dit qu’il était dommage que tout son travail sur Tronçais ne puisse pas se trouver en librairie. Après un peu de temps, on a fini par trouver une maison d’édition.
Pour quelques raisons avez-vous republié l’ouvrage de 1930 et celui de 1950 ?
On a considéré que l’ouvrage de 1930 était un livre pour le grand public qui permet de suivre le journal de Jacques Chavalier quand il parcourt la forêt, rencontre les charbonniers et les fendeurs de la forêt, tous ces métiers qui ont disparu avec des gens qui travaillaient et habitaient dans la forêt. On le suit au cours dans ses pérégrinations où l’on s’aperçoit qu’il a vécu toute l’évolution de cette forêt dans une évocation très poétique, lui qui est plutôt un philosophe. Les légendes sont également grand public. Jacques Chevalier a eu la chance d’avoir son grand-père qui lui a raconté les légendes de Tronçais. Certaines sont très connues, car elles ont été rapportées de famille en famille.
Pourquoi avez-vous laissé de côté son premier livre, La forêt de Tronçais, notice descriptive et historique ?
On aurait aimé l’intégrer mais la maison d’édition préférait regrouper deux ouvrages en un. Nous, on était déjà très contents d’avoir trouvé une maison d’édition. Après, il faut savoir que cette notice est davantage pour un public spécialisé. C’est la première étude complète sur la forêt de Tronçais d’un point de vue historique et géologique.
Dans la préface du livre, Thierry Gosset, votre père, dit que « Nul mieux que lui (Jacques Chevalier) ne connût la forêt de Tronçais, ne sut en parler »…
C’est vrai et c’est ce qu’on a vérifié en rencontrant les personnes qui l’ont côtoyé. Dans le pays de Tronçais, Jacques Chevalier était considéré comme Le connaisseur de la forêt. L’étude réalisée avec Gustave Raffignon, qui était inspecteur des eaux et forêts, est un livre remarquable.
Jacques Chevalier avait aussi un attachement profond pour les travailleurs de la forêt…
Quand il revenait à Cérilly pour les vacances, il passait beaucoup de temps avec eux. Dans son deuxième livre, il relate par exemple une nuit partagée avec un charbonnier. Ce n’était pas tout le monde qui pouvait dormir dans les loges car elles étaient plutôt spartiates. Dans son récit, on ressent une proximité très forte notamment au moment du partage du repas.
Jacques Chevalier était un grand marcheur, c’est peut-être aussi pour ça qu’il aimait la forêt….
C’est vrai, il marchait des kilomètres et des kilomètres en forêt de Tronçais. Il connaissait la forêt par cœur et il était capable de se repérer sans avoir besoin d’une carte. Il était aussi un guide pour ses amis. Il faisait vivre cette forêt à tous ceux qu’il rencontrait. C’était le chantre de la forêt de Tronçais.
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Un graveur sur bois et une illustratrice
Les illustrations qui accompagnent l’ouvrage sont signées par Paul Devaux et Gabrielle Cornuault. Paul Devaux, né à Bellerive-sur-Allier en 1894 et décédé à Vichy en 1949, était un graveur sur bois dont le travail est décrit comme celui d’un « tailleur d’images ». Ses gravures apportent une dimension visuelle aux récits de Jacques Chevalier, enrichissant l’expérience du lecteur. « On a quelques inédits partagés par sa famille », souligne Victor Gosset.
L’illustratrice Gabrielle Cornuault, qui habite Vichy, insuffle une touche contemporaine aux légendes de la forêt avec ses illustrations modernes. Elle se distingue par sa capacité à allier lignes et couleurs, créant des œuvres qui marient imagination et observation. Elle a précédemment illustré Contes des volcans auvergnats pour les Éditions de La Flandonnière, où son style a été salué pour sa modernité et son originalité.
Fabrice Redon