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Октябрь
2024

Ils construisent une mare dans un lieu unique de Haute-Loire

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Ce samedi matin, les voitures — et les personnes équipées de bottes — s’accumulent à l’entrée d’un chemin à Moissac-bas, un lieu-dit de Saint-Didier-sur-Doulon. Tous ont répondu présent afin d’aider sur un chantier d’automne (label national du CEN). Quelques mètres plus loin sur le sentier, Delphine Bénard, responsable du pôle territorial Haute-Loire du CEN Auvergne, Lorène Gachet, chargée d’animation nature au CEN Auvergne et Véronique Morel, chargée de mission Espaces Naturels Sensibles au Département préparent le chantier du jour : la création d’une mare.

Un lieu unique de Haute-Loire pour sa biodiversité

Les grandes affiches de présentation sont disposées au sol, la zone des travaux est délimitée, les outils de jardinage sont disponibles. Il ne manque plus qu’à ajouter de l’huile de coude. Mais, avant la pratique, la réponse à une question s’impose : pourquoi créer une mare ici en particulier ?

La chargée de mission Espaces Naturels Sensibles au Département plante le décor. "C’est la rareté du lieu qui a attiré notre action, justifie Véronique Morel. On se trouve sur la tourbière la plus basse en altitude de Haute-Loire. L’eau s’est accumulée et une végétation particulière s’est développée." Sa spécificité se trouve donc dans sa diversité en sphaigne qui a formé la tourbe, puis la tourbière.

Avant de creuser, Delphine Bénard, responsable du pôle territorial Haute-Loire du CEN Auvergne, revient sur les particularités de ce lieu.

Au fil du temps, le site a gagné en richesse botanique, comme avec le développement sur les arbres d’Orthotrichum rogeri (espèce de mousses protégée au niveau national), et possède une diversité importante d’amphibiens, notamment les trois espèces de tritons présentes en Haute-Loire (crêté, palmé et alpestre). Mais, avant ce résultat, le Département a restauré le site. "En 2005, il était complètement fermé et un dépôt avait été créé. On a donc conduit des actions de restauration. Il y a eu tout un travail sur la végétation arbustive pour rouvrir la tourbière. Elle s’était énormément boisée entre 1980 et 2000", développe Véronique Morel. Aujourd’hui, la tourbière est en phase d’entretien comme avec la création de mares.

On va revenir à la surface en pente douce afin qu’ils puissent accéder et sortir tranquillement de la mare et permettre à la végétation de s’installer et de se diversifier.

Maintenant que les bénévoles d’une journée sont informés, ils reçoivent les dernières consignes de Delphine Bénard avant de se lancer sur le chantier. "Il faut qu’on atteigne la couche d’argile pour maintenir l’eau. On va creuser une côte abrupte d’environ un mètre sur les côtés pour la zone de cachette des amphibiens. Ensuite, on va revenir à la surface en pente douce afin qu’ils puissent accéder et sortir tranquillement de la mare et permettre à la végétation de s’installer et de se diversifier." La responsable du pôle territorial Haute-Loire du CEN Auvergne parle d’une mare "en nœud papillon".

Message reçu cinq sur cinq. Les coups de pioches, de pelles, de fourches et de bêches s’enchaînent. Lorène Gachet est agréablement surprise face à cet élan de motivation. "Cela montre que les gens se sentent concernés par la préservation des milieux humides. On peut aussi bien compter sur les élus de la commune que sur Alexandre qui a spécialement fait la route depuis le Chambon-sur-Lignon."

Les coups de pioches, de pelles, de fourches et de bêches s’enchaînent.

 

Le groupe tombe sur de nombreuses pierres, les plus petites et les plus plates serviront à construire des cachettes pour les amphibiens.

Malheureusement, un obstacle imprévu, et pas des moindres, se dresse face à eux : d’importants blocs de pierre. La couche d’argile paraît impossible à atteindre. Pourtant, les bénévoles ne perdent pas espoir. Emmenés par les coups de pioches de Lorène Gachet et Alexandre, ils ne reboucheront pas ce qu’ils ont commencé.

Peut-être qu’amphibiens et végétaux n’auront pas leur mare d’une profondeur d’un mètre à plusieurs étages, idéal comme lieu de vie et de reproduction, mais les membres du CEN Auvergne assurent que "c’est mieux que rien et il existe d’autres zones". D’ailleurs, ils ont creusé une seconde mare plus profonde, cette fois-ci en forme "d’ampoule", quelques mètres plus loin. Il ne reste plus qu'à attendre quelques mois pour voir si elles se remplient assez pour accueillir la riche biodiversité de cette tourbière de Saint-Didier-sur-Doulon (voir les résultats ci-dessous).

De l'eau commence à se stocker au fond de la mare.La seconde mare construite en forme dite d'ampoule.

CEN Auvergne. Pour connaître toutes les autres missions du Conservatoire d'espaces naturels : cen-auvergne.fr.

Félix Mouraille