La chronique politique de Chloé Morin : "Pour l’heure, le Premier ministre parvient à désamorcer une partie des colères"
Le Premier ministre, ça n’est pas une surprise, s’apprête à brandir l’article 49.3 afin de faire adopter la première partie du budget sans vote. Cet article de la constitution a toujours endommagé l’image de ceux qui l’ont utilisé ces dernières années. Il en sera probablement de même pour Michel Barnier.
Selon un sondage Ifop réalisé pour Fiducial et Sud Radio, 71 % des Français sont hostiles à l’usage du 49.3 pour faire adopter le budget. Seuls les sympathisants Renaissance et Les Républicains soutiennent cette option.
Ménager les "bienveillants"Mais pour l’heure, force est de constater que le Premier ministre parvient à désamorcer une partie des colères. Seulement 42 % des Français souhaitent que leur député vote la motion de censure du gouvernement. 26 % souhaitent qu’il vote contre, et 32 % qu’il s’abstienne. C’est la bienveillance relative et très attentiste de ce tiers de Français, situés majoritairement au PS, chez les sympathisants écologistes et au RN, que Michel Barnier va devoir ménager dans les mois qui viennent pour continuer à occuper son poste.
Il faut ménager le RN : on comprend mieux pourquoi Bruno Retailleau fait assaut de propositions toujours plus fermes en matière de régalien, et la perspective d’une nouvelle loi sur l’immigration n’est pas passée inaperçue chez les électeurs qui font de ce sujet leur priorité. Mais il faut aussi ménager le centre gauche, c’est-à-dire les députés situés dans l’aile gauche du groupe Renaissance mais aussi les socio-démocrates. D’où les quelques signaux envoyés dans le budget, comme l’instauration d’une contribution temporaire pour les plus riches ou l’augmentation des impôts pour les grandes entreprises, qui recueillent l’approbation de 9 sympathisants socialistes et écologistes sur 10.
Jusqu'à dévisserMichel Barnier parviendra sans doute à faire passer son budget, sans encombre ni enthousiasme.
Un gage donné à la droite, un gage donné à la gauche, re-un gage donné à la droite… cette alternance de signaux politiques va marquer le cheminement du gouvernement jusqu’à sa chute.
Elle renvoie aux coups de piolets dans la paroi qui ouvrent la voie du montagnard… Jusqu’à ce que les opposants au gouvernement finissent par considérer que la somme des mesures négatives adoptées pèse trop par rapport aux concessions positives obtenues. Alors, le premier de cordée dévissera.
Chloé Morin