Le barrage de La Palisse a-t-il un effet sur une crue de la Loire ?

C’est une idée tenace, même 44 ans après la crue meurtière : le premier barrage sur la Loire, situé en Ardèche, aurait brutalement déversé des trombes d’eau qui auraient provoqué une immense vague venant tout détruire des kilomètres plus loin… La réalité est tout autre. Pour le comprendre, il faut bien avoir en tête que le barrage de La Palisse a pour rôle de stocker de l’eau qui sera turbinée à Montpezat en hiver et de faire du soutien d’étiage sur la Loire en été.

La Palisse n’est pas équipé de vannes de crue, comme on peut en voir au barrage de Lavalette sur le Lignon ou sur la Loire à Grangent. La Palisse est un barrage déversant. C’est-à-dire que lorsqu’il est totalement plein (cela s’était déjà produit au printemps 2024), l’eau passe par-dessus le sommet du barrage que l’on appelle un déversoir. L’ouvrage a été conçu et construit pour cela. L’eau forme donc une immense cascade (une lame déversante) par-dessus le mur du barrage comme sur la photo ci-contre. « Une fois que le barrage est rempli, l’eau supplémentaire va passer par-dessus le parement. Il n’y a aucune vanne de crue qui est manœuvrée comme à Grangent.

Il n’y a absolument aucune action humaine sur le barrage de La Palisse », rappelle Xavier Delorme, directeur d’EDF Hydro. « La Palisse n’a aucun effet sur une crue de la Loire. Quand il est plein : le débit sortant est égal au débit rentrant dans la retenue ». Quant au rôle de La Palisse, celui-ci n’est pas de diminuer l’effet des crues. Sa capacité, son volume de stockage, est bien trop faible pour cela. « Il n’a aucune fonction d’écrêteur de crue », insiste Xavier Delorme.

55 millions de m3 pendant l’épisode

« Il faut avoir en tête qu’en aval de La Palisse et du Gage, sur le bassin-versant de la Loire, nous avons vu passer 55 millions de m3 d’eau à Pont de la Borie sur l’ensemble de l’épisode cévenol que nous venons de vivre », tient à préciser le directeur d’EDF Hydro. Quand bien même le barrage de La Palisse aurait été totalement vide (ce n’est jamais le cas), le volume absorbé n’aurait donc rien changé sur le cours des évènements.