Les pigeons choisissent la Saint-Didier

Mérinchal. Les pigeons choisissent la Saint-Didier pour passer. J’aime bien commencer la journée par un corps à corps un peu frais avec la nature. C’est le moment où les brumes blanches quittent la nuit noire étoilée en dansant leur rituel de fées au-dessus des étangs et des rivières de la vallée avant de se faire lécher, en guise de petit-déjeuner, par les lèvres bouillantes du jour nouveau.

Quand les pigeons s’ajoutent au décor

Quand le soleil grimpe à quatre pattes derrière les collines, le ciel fait son feu d’artifice en improvisant d’incroyables variétés de décors qui ne sont que poudres aux yeux éphémères. Je me fonds dans l’ambiance de cette métamorphose qui agite la nature pendant de longues minutes en déplaçant les ombres des bois noirs et en ouvrant des champs de braise. C’est un plongeon dans un silence de rêve qui ne supporte que le bruissement des feuilles de chênes qui, au-dessus de moi, durcissent et se gondolent afin de faire durer le plus longtemps possible le vol de leur unique voyage.

Quand les pigeons ramiers ont bien rempli leur ventre de glands et de faînes, ils s’accrochent à des nuages mouvants plus ou moins grands et quelquefois gigantesques en passant des monts Dômes aux monts Dores dans le lointain d’un ciel qui n’a pas encore choisi sa teinte définitive. Ces palombes-là iront se faire plomber ailleurs avant d’atteindre l’Espagne. Ça commence de chauffer aux fesses de celles qui ont fait une pause ici. Devant, derrière, à droite et à gauche de moi, une pétarade plus ou moins soutenue s’est enclenchée. Le charme est rompu et il est temps de rentrer. J’ai juste le temps d’admirer le reflet bleu d’un envol le long de la chevelure dorée d’un bouleau. Il y a de multiples façons de se gaver de pigeons et je préfère déguster la mienne.