Restauration en cours sur le ruisseau du Vauziron à Châteldon : quels sont les enjeux ?
Au milieu d’une verte prairie de Châteldon où paissent des vaches, coule paisiblement le ruisseau du Vauziron. Si ce tableau bucolique semble 100 % nature, c’est pourtant la main de l’Homme qui est à l’œuvre. Depuis début septembre, des techniciens du Parc naturel régional Livradois-Forez travaillent sur la restauration morphologique de ce cours d’eau.
"Sur le bassin-versant de la Dore, il s’agit d’un des secteurs prioritaires", explique Sébastien Bret, chargé de mission au Parc. Il recevait, jeudi dernier, des professionnels des milieux aquatiques d’Auvergne, réunis par l’Arra (*) pour leur montrer un exemple d’action menée par le Parc. Sébastien Bret, chargé de mission.
Ici, le Vauziron avait été remanié au fil des ans, son état écologique s’était dégradé. Les berges étaient trop hautes, verticales, donc l’érosion était importante. Le ruisseau était déstabilisé, à tel point qu’il disparaissait sur une partie de son trajet. Ce manque de hauteur d’eau est préjudiciable à la vie des espèces aquatiques et contribue à réchauffer les eaux l’été. Enfin, les bovins traversaient le cours d’eau de façon non organisée. Or, ce piétinement favorise l’ensablement des lits, ce qui n’est pas favorable à la biodiversité, puisqu’une multitude d’espèces se nichent et se développent entre les pierres qui forment le lit naturel des ruisseaux.
Cette dégradation du Vauziron compliquait par ailleurs la tâche de l’agriculteur qui travaille sur ces parcelles. "Il était embêté en permanence, retrace Sébastien Bret. Comme il n’y avait plus de maintien de berges, le cours d’eau avait tendance à rogner du terrain, donc l’exploitant perdait de la surface au fur et à mesure."
Sur plus d'un kilomètreLe 2 septembre, les techniciens de rivière du Parc ont donc commencé un chantier de restauration du Vauziron sur 1,2 km de long. Au programme : rabattre les berges pour avoir des pentes douces, renforcées temporairement par du géotextile biodégradable ; resserrer le cours d’eau pour ramener de l’habitat dans les profondeurs ; recréer son lit là où il était fortement dégradé ; et délimiter des zones pour le passage et l’abreuvement des bêtes.
De nombreux végétaux ont aussi été plantés sur les bordures. "Des iris, des joncs, des plantes aquatiques, liste Sébastien Bret. C’est pour booster la reprise, après la végétalisation fera son chemin. Comme il y a beaucoup de renouées du Japon dans le bourg, on voulait occuper le terrain." Pour ne pas que cette plante invasive n’arrive la première.
Le chantier durera encore un mois et demi. "Il est réalisé totalement en régie, on n’a pris aucun bureau d’études, précise le chargé de mission. Mais on a loué du matériel." En comptant le coût de l’équipe, l’enveloppe allouée à ces travaux avoisine les 95.000 € TTC, financée à 50 % par l’Agence de l’eau et 30 % par le Feder (fonds européen).
Une voie douce pour les piétons et cyclistesLes vaches ne seront pas les seules à pouvoir contempler de près ce ruisseau et écouter son clapotis dans la prairie. La municipalité de Châteldon a vu, à travers cette restauration, l’occasion d’aménager une "voie douce" pour les piétons et les cyclistes. "L’idée, c’est aussi que cette voie permette de connecter le village à la Via Allier", livre le maire, Tony Bernard. La Via Allier, c’est cet itinéraire cyclable qui traverse l’Auvergne en suivant la rivière éponyme.
Pour l’instant, nous sommes dans une démarche d’acquisition foncière. Cette voie douce n’existe pas du tout, c’est une création complète.
Il faudra donc attendre plusieurs années avant de la voir aboutir.
Le Vauziron avait déjà fait l’objet d’un programme de travaux, en 2021, plus au niveau du bourg de Châteldon. Le cours d’eau mériterait une troisième phase de restauration, qui pourrait être réalisée dans le prochain Contrat territorial, à partir de 2026.
(*) Association Rivière Rhône-Alpes-Auvergne.
Alice Chevrier