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Октябрь
2024

En Haute-Loire, cette maison de retraite un peu particulière a fêté ses 30 ans d'existence

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Un air d’accordéon résonne près de l’entrée du village. Autour de la place centrale règne une atmosphère de fête de campagne comme on en trouve encore dans certaines communes rurales. Sauf qu’il ne s’agit pas véritablement d’un village mais de la résidence Les Pireilles. L’Ehpad de Paulhaguet a célébré, mardi 15 octobre, ses 30 ans d’existence.

Ici on ne parle pas  de " résidents ", mais plutôt " d’habitants "

La structure est un peu différente de l’image que l’on se fait d’une maison de retraite. Ici, on ne parle pas de " résidents " mais " d’habitants " pour ce qu’on appelle " un village dans le village ". Et pour cause : l’établissement est situé au cœur du bourg de Paulhaguet et il a été pensé comme un village reconstitué pour que les résidents se sentent comme chez eux.

" On a voulu conserver l’esprit place de village avec un arbre au milieu, des allées avec des noms de rue, la mairie, la salle des fêtes, le restaurant, la pharmacie, le tout réparti sur deux niveaux "

L'histoire d'un déménagement

Le projet, initié en 1991, a vu le jour en 1994. Isabelle Martin était alors directrice adjointe de maison de retraite à Brioude. Elle a suivi le chantier de Paulhaguet pas à pas, au titre de représentante des futurs utilisateurs : " Il fallait veiller à ce que la structure réponde le mieux à leurs besoins. " Et de se remémorer la journée du déménagement de l’ancienne structure :

" On avait voulu que ce soit une fête et que les gens ne soient pas angoissés par ce déménagement. On avait fait un grand repas avec les familles des résidents."

Un souvenir lui revient aussitôt concernant l’attitude d’une résidente : " Elle était devant sa chambre qu’elle appelait sa maison. La preuve qu’elle se sentait déjà chez elle et que la transition s’était bien déroulée. " Les 48 résidents de l’ancienne maison de retraite ont pu bénéficier de nouveaux locaux plus spacieux, plus fonctionnels : " Les conditions de vie étaient plus difficiles. " 

À la fin de l’année 1994, les 80 places sont prises et le personnel s’est étoffé pour en faire un véritable lieu de vie. Trente ans plus tard, le " village " ne semble pas avoir vieilli. Pour le plus grand plaisir des résidents. Pardon, des habitants… 

 

Jérémy Virot

La "place du village" de l'EHPAD Les Pireilles (photo JV)

Quel a été le point de départ de ce projet ?Les décideurs ont choisi un site exceptionnel pour créer cette maison de retraite. Le fait qu’elle soit située à proximité immédiate du village a été déterminant. On avait ce terrain entièrement nu et donc on pouvait faire ce que l’on voulait en termes de conception.Quel était votre souhait au niveau architectural ?Dans tout projet artistique, il y a besoin d’un « point riche », c’est-à-dire central. Là, c’est la place du village. C’est le point fort du projet. Tout en découle. Il fallait la situer en haut du terrain. De là partent les deux ailes avec les bâtiments pour les résidents.Vous avez souhaité vous démarquer des conceptions classiques de ce type de bâtiments…Dans les maisons de retraite, on a constaté que les gens attendaient souvent devant l’accueil, sur une chaise ou debout. J’ai voulu que cet accueil se fasse sur cette place du village et qu’il y ait de l’activité en implantant un salon de coiffure, un restaurant… Comme sur une place de village normale.Quels sont les autres points forts de ce projet ?On a voulu mettre l’accent sur la luminosité, d’où la création de ce dôme vitré au-dessus de la place du village. Ça permet d’éclairer les deux niveaux et que la lumière pénètre un peu partout. Il y a aussi des grandes baies sur tous les côtés. On a grâce à cela une vue d’un côté sur la montagne et de l’autre, sur la ville. Avec la pente du terrain, on a pu enfouir toute la partie service technique de l’ouvrage.

Propos recueillis par Jérémy Virot

Vincent Besançon, architecte

La place centrale de la maison de retraite des Pireilles porte désormais son nom. Une plaque avec la mention " Place Louis Aivazian, généreux donateur " a été apposée sur l’arbre en fer au centre de la place du village. L’édifice a été inaguré par Nadia Barrau, directrice générale de la maison de retraite, et Emmanuel Fevre, sous-préfet de Haute-Loire.  Cette oeuvre singulière est signée Jérôme Reynaud, un artiste spécialisé dans la création d’objets et mobiliers en métal : " Tout est arti du bouche-à-oreille. Un ouvrier d’ici connaissait un peu mon travail. L’idée d’un arbre de vie m’est venue et j’ai proposé une esquisse ", explique l’artiste. 

Entièrement en fers à béton

L’oeuvre, composée de 200 barres de 6 mètres de long, est entièrement en fers à béton. Elle est divisée en trois parties pour un poids de près de 500 kilos. Quinze kilos de clous torsadés ont été nécessaire pour lier les éléments entre eux. Tout est brossé, meulé et verni. Sur les branches, on distingue quelques feuilles de couleur ressemblant à des vitraux :

" Tout est brulé au chalumeau, c’est ce qui donne cet aspect coloré "

 précise Jérôme Reynaud. Cette réalisation a nécessité 1.116 heures de travail durant environ six mois. Entre les deux niveaux de la maison de retraite, on peut apercevoir un aigle en fer, accroché à une cloison, une autre réalisation de l’artiste. D’une taille plus modeste, elle ne lui a pris " que " 80 heures de travail. " L'arbre de vie au milieu de la "place du village"