ru24.pro
World News in French
Октябрь
2024

Il y a 180 ans, Guéret honorait son bienfaiteur Sylvain Bonnyaud

0

Les Guérétois savent-ils qu’elle porte ce nom depuis 180 ans cette année ? Le 5 juin 1844, le Conseil municipal donnait « … à la place actuellement nommée places d’Armes, le nom de place Bonnyaud, parce que c’est là que demeurait M. Bonnyaud, qui a été l’un des bienfaiteurs de la ville ».

Elle avait porté plusieurs noms : Marchedieu, du Cimetière, du Chancelier, de Flesselles (intendant), sous l’Ancien Régime ; de la Fédération, de la Liberté, de la Révolution, sous la période révolutionnaire ; d’Armes (1810) puis Grande place, de la Promenade, de la Grande Fontaine.

Vice-président du tribunal

Né le 19 mars 1768 à Guéret, Sylvain (orthographié parfois Silvain) René Joseph Bonnyaud, avait exercé les fonctions de juge d’instruction et de vice-président au tribunal de la ville. Décédé le 20 novembre 1831, à l’âge de 63 ans, à son domicile faisant l’angle de la place d’Armes et l’avenue de la Sénatorerie actuelle, il avait rédigé le 18 novembre son testament, léguant la totalité de ses biens, estimés à près de 100.000 francs à sa ville natale.Sylvain Bonnyaud (en médaillon) habitait la maison à l'angle de la place portant son nom depuis 1844 et de l'avenue de la Sénatorerie. (Illustration P. Colmar)

Le 30 décembre 1831, le Conseil municipal acceptait provisoirement ce legs, puis définitivement après qu’une ordonnance royale du 16 mars 1832 l’y a autorisé.

Le 8 août 1833, un conseiller proposait de vendre une partie des biens de la succession Bonnyaud pour acquérir l’ancien palais de justice afin d’y établir la nouvelle mairie, la justice de paix, la bibliothèque, le cabinet d’histoire naturelle et le marché au blé. André Leyraud, avocat, exécuteur testamentaire désigné par l’ancien magistrat, maire de Guéret depuis le 28 décembre 1832, lui répondit que ce serait contraire « … aux intentions du testateur, à l’esprit et aux conditions du testament », Sylvain Bonnyaud ayant voulu que ses biens fussent inaliénables, autrement dit ne puissent être vendus.

Il s’ensuivit une bataille de 22 ans entre le ministère de l’Intérieur et les maires successeurs d’André Leyraud, favorables à la vente de biens, tels les domaines de Chermontoux, Longuechaud et Lardiller. Leur vente sera autorisée par arrêté préfectoral du 8 janvier 1855, sous la mandature de Louis Jarrit-Delille, après le rejet de l’ultime pourvoi d’André Leyraud, qui n’avait jamais déposé les armes.

Une rosière chaque 22 février

Sylvain Bonnyaud avait mis comme condition principale à son legs l’élection annuelle d’une rosière, en mémoire de sa fille, Jeanne Françoise Marie Laure, née le 19 mai 1812, décédée le 22 février 1823, unique enfant qu’il avait eue de son union avec Catherine Solange Desjobert, célébrée le 29 janvier 1799 à Culan (Cher).

Cette élection serait organisée chaque 22 février, jour anniversaire de la mort de sa fille et pour la première fois à cette date suivant le décès de Madame Bonnyaud. Le curé de Guéret devait rechercher trois jeunes filles habitant la ville depuis au moins dix ans, « … pratiquant la vertu et la piété filiale », la nomination de la rosière étant faite par le maire et le Conseil municipal.

La rosière recevrait de la ville, au moment de son mariage, une dot, représentant les trois cinquièmes du revenu ou produit net des biens légués, lors de l’année du couronnement. Le 10 mars 1837, le Conseil municipal désignait la première rosière, Marie Zoé Geneviève Chambon, née à Guéret le 4 janvier 1814. En 1867 et 1869 aucune rosière ne fut élue, soit parce qu’une jeune fille ne correspondait pas aux critères de sélection, soit que le curé n’ait pas trouvé de candidates.

En 1850, la municipalité baptisait « avenue Laure Bonnyaud » la voie nouvelle ouverte le long du parc de la Sénatorerie ; elle devint en 1871 « avenue de Laure ». Aujourd’hui Guéret n’a plus de rosière, mais n’en déduisez pas que les jeunes filles ont moins de vertu et de piété filiale que leurs aïeules.