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Dans les fermes amish de Pennsylvanie, l'élection travaille les esprits

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Mais devant les fermes amish dans les vallées de Pennsylvanie, des pancartes Trump trahissent les tourments actuels: l'Amérique s'apprête à voter.

Chez les Amish du comté rural de Lancaster, l'élection est à portée d'yeux mais loin du coeur, rempli par la foi: une large majorité ne vote pas, leur Eglise les décourage, souvent, de le faire.

"Dieu prend soin de tout ça. Il sait qui il a choisi pour être le prochain président, alors je ne m'en préoccupe pas. Je m'en remets à lui", dit d'une voix posée Leroy Stoltzfus, 84 ans, assis dans son petit salon.

Pour ce fermier retraité, au sourire réservé et à la barbe blanche, l'élection est "un enjeu de taille".

Il préfère toutefois ne pas partager son avis sur les deux candidats, le républicain Donald Trump et la démocrate Kamala Harris.

Pas de voiture, d'internet ni, bien souvent, de téléphone.

La modernité reste aux portes de la communauté mais les républicains voient en elle un vivier de voix: en 2020, Biden avait battu Trump sur le fil en Pennsylvanie, de quelque 80.000 votes. Or, c'est le nombre d'Amish qui y vivent.

Les républicains "s'intéressent à eux car, traditionnellement, ils adoptent des positions politiques conservatrices", contre l'avortement ou le mariage homosexuel, et jugent ce parti "moins susceptible d'intervenir dans leur mode de vie et leurs commerces", souligne le professeur Kyle Kopko, spécialiste de cette communauté au Elizabethtown College.

Pour les convaincre de se mobiliser, des militants conservateurs font du porte-à-porte et les encouragent à s'inscrire sur les listes électorales. Trump a même récemment tenu un meeting à Lancaster.

"Dans un Etat comme la Pennsylvanie, tous les votes comptent. Et puis c'est miser sur l'avenir", car le nombre d'Amish double tous les 20 ans, souligne le professeur Kopko.
"Question de vérité"
Le soleil diffuse ses derniers rayons orangés sur la campagne du comté, foyer du plus gros contingent d'Amish du pays. L'odeur de ferme s'échappe des étables.

Le linge, suspendu à d'immenses fils, vole au vent entre de grands silos à grains.

Paul Bilier, 34 ans, finit la journée comme il l'a commencée: par la traite des vaches.

Ses grandes mains couvertes de terre trahissent le travail dans les champs, ses yeux marron teintés de vert sa gentillesse.

"Trump est fort! Pour lui, les affaires c'est les affaires", sourit le fermier. Il parle parfois politique avec ses voisins. "J'ai entendu dire que Biden était trop vieux, mais bon, je ne sais pas grand-chose", avoue ce père de deux enfants, qui a grandi à trois kilomètres de là.

Linda, teint bronzé et lunettes de soleil rectangulaires, vend glace, fromage et lait dans une petite boutique.

Voter? "C'est un sacré débat dans la communauté, certains le font, d'autres non. Mon mari et moi, on vote. C'est une question de vérité et de justice", assène, le visage fermé, celle qui choisira Trump le 5 novembre.
"Pas un truc d'Amish"
Sur les marchés, les Amish tiennent des stands de nourriture et sont en contact régulier avec des personnes extérieures à la communauté.

Certains ont même des smartphones, comme Sam Stoltzfus, qui dirige une production de raifort, racine souvent utilisée comme substitut à la moutarde. Tous les matins, il écoute la chaîne conservatrice Fox News pendant dix minutes.

Il n'a pourtant pas la langue dans sa poche sur Trump. "Il peut gérer les choses, mais il n'est quand même pas très chrétien comme président", tacle cet homme de 81 ans, petit et vif, à la voix éraillée.

"Il a je ne sais pas combien de millions de dollars d'actifs, et combien de fois il a fait faillite?", questionne ce père de neuf enfants, qui a 54 petit-enfants.

"Et il s'est aussi passé cette chose louche après l'élection" de 2020, lâche-t-il encore à propos du refus de Trump de reconnaître sa défaite.

Harris? "C'est le moins pire des deux maux."

"On devrait tous voter", lance Sam Stoltzfus, dans sa grange peuplée d'horloges de collection. "Mais ce n'est pas vraiment un truc d'Amish."