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Октябрь
2024

En Haute-Vienne, le rôle méconnu des kinés dans la prise en charge du cancer du sein

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« Plus aucune femme opérée d’un cancer du sein sans soins de kinésithérapie adaptés » : c’est le combat du Réseau des Kinésithérapeutes du Sein (RKS).

Rencontre avec Isabelle Rengot, la référente en Haute-Vienne de ce nouveau réseau.

Que recouvre ce Réseau des Kinésithérapeutes du Sein ?

« C’est une association nationale qui s’est montée récemment, fin 2019, et qui rassemble près de 1.300 kinésithérapeutes spécifiquement formés en sénologie, c’est-à-dire à la prise en charge des femmes opérées pour un cancer du sein. Comme le cursus initial est insuffisant, ce sont des professionnels qui ont acquis de nouvelles compétences par la formation continue et qui se mettent régulièrement à jour.

Localement, le réseau est monté en puissance. Au début, j’ai été seule en Haute-Vienne, mais en deux ans, nous sommes désormais dix kinés au niveau départemental : à Limoges, Bessines, Panazol, Rilhac-Rancon, Cieux, au Palais-sur-Vienne… Il y a aussi trois professionnelles en Corrèze, et aucune en Creuse pour le moment. »

Quels sont les besoins dans la rééducation du sein post-chirurgie ?

« Il y avait un manque de professionnels formés et on en cherche toujours. Longtemps, on a dit aux femmes qu’il ne fallait pas bouger leur bras après l’opération. Mais les choses ont évolué depuis dix ans, et on sait au contraire qu’il faut bouger tout de suite, mais en douceur et de façon adaptée.

Nous sommes là juste après la chirurgie et tout au long du parcours de soins, pour aider à retrouver de la mobilité au niveau de l’épaule, à lutter contre la raideur, à régler les problèmes lymphatiques et à gérer toutes les complications liées aux traitements (lymphœdème, mais aussi douleurs articulaires et musculaires, fatigue, liées à la chimiothérapie et l’hormonothérapie…), à accompagner le processus de cicatrisation avec des techniques d’étirement et de massage afin d’éviter qu’une cicatrice devienne adhérente ou se rétracte et qu’elle soit la plus esthétique possible. Nous guidons les patientes pour qu’elles mettent en place les exercices à la maison, en autonomie. »

Quels sont les objectifs de l’association ?

« On aimerait que toutes les patientes aient systématiquement un bilan post-opératoire de kinésithérapie, pour faire de la prévention, et que le médecin n’attende pas que la patiente se plaigne pour prescrire des séances. On est donc en contact avec les médecins prescripteurs.

Au début, les femmes opérées ne savent pas toujours ce qu’elles peuvent faire, elles éprouvent parfois de l’appréhension à toucher leur cicatrice, à s’allonger sur le côté opéré ou sur le ventre.

On les rassure, on les aide à surmonter leurs craintes, à se réapproprier leur corps, à mettre en place de l’activité physique qui pourra leur permettre d’en faire avec une association de sport santé, et tout simplement à leur redonner confiance en elles. Si la personne a été opérée il y a longtemps, si le problème d'épaule s'est installé, si les cicatrices sont douloureuses, les résultats ne seront pas les mêmes et ça sera plus compliqué, mais on peut encore agir et soulager. »

Propos recueillis par Hélène Pommier