Les retraités agricoles réunis à Parent : "Je ressens un mépris terrible"

Est-ce-que vous pouvez nous parler de l’Association départementale des retraités agricoles ? Nous ne sommes pas un syndicat mais bien une association composée de 600 adhérents dans le Puy-de-Dôme. Notre objectif est la défense des retraités paysans qui reçoivent les pensions les plus faibles de toutes les catégories sociales. La bataille avec l’association nationale (Anraf) a par exemple permis de mettre en place les retraites complémentaires obligatoires pour les paysans en 2003, 30 ans après les artisans !

Depuis, il y a eu les lois Chassaigne 1 et 2 qui ont permis de fixer le montant de la pension minimale des chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole à 85 % du SMIC net agricole. Cela a été un long combat débuté en 2017. Cinq ans après, on a obtenu cette revalorisation estimée en moyenne à 105 € de retraite en plus chaque mois pour les agriculteurs et 75 € pour les femmes d’agriculteurs.

Un écrêtement problématique

C’était sans compter sur un écrêtement de dernière minute. Oui. La loi Chassaigne est passée à l’unanimité à l’Assemblée, mais au dernier moment, il y a eu un amendement du gouvernement afin de bloquer le pourcentage de la pension minimale si on est polypensionnés [cotisation à différents régimes de retraite, ndlr]. C’est le cas quand on a réalisé du ramassage scolaire ou cotisé comme élu. 90 % des paysans sont polypensionnés en France. Les veuves de paysans qui ont une pension de réversion subissent aussi cet écrêtement. Même chose pour les 10 % d’augmentation de retraite dont on peut bénéficier si on a trois enfants, bloqués par l’amendement.Quel est votre état d’esprit actuellement ? Je ressens un mépris terrible. On est une profession indispensable au pays et nous n’avons pas beaucoup de reconnaissance. Sur les 330.000 chefs d’exploitation retraités à pouvoir bénéficier de la loi Chassaigne, 100.000 ont été écartés.

Désormais, vous voilà engagé dans une nouvelle bataille avec la loi Chassaigne 3. En quoi consiste-t-elle ? On travaille avec le député André Chassaigne afin de rectifier toutes ces injustices et d'éliminer cet écrêtement. Tout en essayant d’arriver à une égalité de pensions entre les hommes et les femmes. Il ne faut pas lâcher.Jean-Baptiste Botella