À Moulins, nouvelle prise de bec avec les étourneaux
Ils sont réglés comme des coucous suisses. Chaque année, les étourneaux, par dizaines de milliers, rejoignent leurs dortoirs moulinois. C’est le cas autour du square de la gare, en centre-ville et surtout dans les quartiers sud de Moulins. Et ça fait au moins dix ans que ça dure.
Les étourneaux, fidèles aux mêmes spots depuis, peu ou prou, 2014, ont trouvé ici un nid douillet, de la chaleur, de la lumière, des arbres qui les abritent de la pluie et des immeubles qui leur permettent de se sentir protégés.
Le problème, c’est que les séjours de ces oiseaux migrateurs s’allongent, de saison en saison, avec le réchauffement climatique. Et les nuisances avec… De quoi faire piaffer d’impatience les habitants du quartier.
Rapace et pyrotechnie« Ils reviennent chaque année, râlait un riverain, croisé tout près des commerces de l’îlot Thonier. Le plus embêtant, c’est l’odeur des fientes. » Autres nuisances : l’odeur donc et le bruit « assourdissant » le soir ; ainsi que des balcons et surtout des carrosseries de voitures maculés…
« Un problème de salubrité publique », résume l’adjointe au maire, Dominique Legrand. « Le but, c’est de trouver des solutions efficaces et les plus neutres possibles », ajoute l’élu Mathieu Geffray, qui avance un budget municipal d’environ 15.000 € par an pour lutter contre les étourneaux.
Alors justement, quelles sont les solutions pour chasser ces oiseaux tout en les « préservant », entendez par là « en déplaçant leur axe migratoire pour éviter leur sédentarisation » ? Les services de la Ville de Moulins (celui de la propreté urbaine accompagné des policiers municipaux) ont lancé, toute la semaine, une énième campagne d’effarouchement (*).
Avec plusieurs manières de voler dans les plumes des étourneaux, en quatre temps : un effarouchement sonore (avec un CD fourni par la Ligue de protection des oiseaux), un lâcher de rapace (avec l’aide d’un fauconnier professionnel et de sa buse de Harris), de la pyrotechnie (des fusées détonantes) et l’utilisation d’un laser pour gêner la tranquillité des étourneaux et donc les inciter à partir.
« On les embête, on les invite à quitter les zones urbaines, mais on ne leur fait pas de mal », assure le fauconnier Julien Juban.
L’opération se déroule le soir à la tombée de la nuit (entre 19 heures et 20 h 30) et le matin au lever du jour (entre 7 heures et 8 h 30).
Moins de pétards, plus de laserDe quoi, là aussi, faire râler certains riverains, se plaignant de ces bruits de pétards faisant « peur aux chats, aux chiens et aux enfants en bas âges ». Un mal pour un bien pour la Ville qui compte sur la compréhension des Moulinois face aux nuisances occasionnées lors de cette intervention.
Pour les limiter, les services municipaux annoncent d'ailleurs vouloir privilégier les lasers à la pyrotechnie lors de la prochaine campagne d’effarouchement (sans doute lors de l’été 2025). En espérant que la même efficacité (lire par ailleurs) soit au rendez-vous.
(*) La campagne d’effarouchement est menée sur les secteurs de l’Ilot Thonier, la place des Hippophae, la coulée verte de Nomazy (dans les quartiers sud), le square Général Leclerc et avenue de la République (près de la gare).
50.000 volatiles chassés en deux jours et demi L’expérience aidant, la Ville est plus performante dans sa lutte contre les étourneaux. « On est de plus en plus efficace, là où on mettait cinq jours à les faire fuir précédemment, cette semaine, en deux jours et demi ils sont partis », explique Jean-Luc Lepot, responsable du service propreté urbaine à la Ville de Moulins.Sur les 50.000 étourneaux comptabilisés lundi, ils n’étaient, mercredi soir, plus que quelques centaines.Cette année, deux interventions d’une petite semaine à chaque fois ont été menées avec succès, début juillet et donc fin octobre.Toujours avec le même mode opératoire : en associant pyrotechnie, effarouchement sonore, lâcher de rapace et laser. Une recette qui a fait ses preuves.
Une bambouseraie en projetUne bambouseraie va être aménagée à Moulins, pour remédier au problème récurrent des étourneaux. Elle sera créée entre la plaine de jeux des Champins et le pont de fer, en accord avec les services de l’État, et ce, dès que possible.
La Ville de Moulins espère ainsi durablement remédier au problème des étourneaux, en les incitant à s’installer dans cette nouvelle zone verte, où ils se sentiront en sécurité, plutôt que vers les habitations de Moulins sud et du centre-ville.
Les étourneaux aiment les bambouseraies qui les protègent du vent, de la pluie et surtout des prédateurs.
Kevin Lastique