Dans la Creuse, les ex-GM&S bientôt rachetés par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin ?
Ce n'est un secret pour personne : le groupe GMD, qui a repris l'usine sostranienne GM&S en septembre 2017, est à vendre. Le site, renommé depuis LSI, n'emploie aujourd'hui guère plus de 80 salariés, dont la moyenne d'âge est de 57 ans. Personne n'a oublié la lutte de ces ouvriers, entamée fin 2016, pour sauver leurs boulots et leur usine.
Ce qu'ils ont réussi à moitié : 120 emplois sur 277 avaient été maintenus lors de la reprise en 2017. Mais depuis, l'usine, spécialisée dans la sous-traitance automobile, n'a jamais tourné à plein régime et régulièrement, les ouvriers ont fait part de leurs inquiétudes concernant l'avenir de celle-ci.
Inquiétudes grandissantes quand ils ont appris, en fin d'année dernière, que le groupe GMD, en grande difficulté puisqu'il cumulerait plusieurs centaines de millions d'euros de dettes – et qui emploie plus de 5.200 salariés à travers le monde – était en vente.
Selon Franceinfo, le milliardaire Pierre-Édouard Stérin serait intéressé pour reprendre l'entreprise, via Montyon Capital, société d'investissement affiliée à Otium Capital, holding du milliardaire. "On cherchait à renflouer nos fonds propres, oui, et dans les investisseurs intéressés, il y a ce fonds qui appartient indirectement à Stérin, nous confirme Alain Martineau, fondateur et dirigeant du groupe GMD. Il serait actionnaire majoritaire. Et reprendrait toutes les usines du groupe. Ça pourrait se faire dans les trois, quatre mois qui viennent."
Un groupe chinois également intéressé par GMDMais le milliardaire, co-fondateur de Smartbox, ne serait pas le seul intéressé. Dans un courrier adressé en ce milieu de semaine aux collaborateurs du groupe – pour faire suite aux inquiétudes relayées lors du Mondial de l'automobile et en réaction également aux articles de presse – la direction de GMD explique ainsi : "Pour relever ces défis qui se présentent à nous, nous sommes persuadés que s'appuyer sur un acteur qui viendra consolider notre groupe et assurer sa pérennité dans le cadre de la succession de son dirigeant Monsieur Martineau constitue la meilleure option". Et souligne avoir "activement recherché plusieurs partenaires potentiels et aujourd'hui plusieurs projets sont à l'étude, aucune décision n'a encore été prise".
Du côté des salariés sostraniens, "on n'est au courant de rien, hormis ce que la communication veut bien nous dire. Évidemment qu'on est inquiets. En fin d'année, on n'aura plus de trésorerie. Et quand il y a une reprise, s'il y a reprise, on sait comment ça se passe."
Les syndicats demandent à être reçus par les repreneurs intéressésMais la délégation intersyndicale du groupe GMD, dans son compte-rendu de la réunion de mardi au CIRI (Comité interministériel à la restructuration industrielle), rapporte que "les offres fermes et engageantes de Montyon Capital et Sanarco (un groupe chinois, N.D.L.R.) ont bien été déposées".
Tout en regrettant : "Les potentiels investisseurs discutent d'abord avec les banques, l'actionnaire actuel et l'État, puis avec les clients. Ils viennent sur nos sites, travaillent sur des données chiffrées, discutent avec nos directions... Mais nous, qui faisons tourner la boutique tous les jours, nous attendons qu'ils veuillent bien nous dévoiler leur projet. Nous demandons à prendre pleinement notre place dans l'examen des projets et que toutes les solutions puissent être envisagées. [...] Nous redemandons avec force d'être reçus par ceux qui manifestent un intérêt pour nos activités et nos emplois [...]. Si ces rencontres ne s'organisent pas d'ici la fin du mois, nous verrons avec les salariés, quelles actions doivent être menées pour se faire entendre".
Selon nos dernières informations, une rencontre avec l'un des repreneurs intéressés pourrait d'ailleurs se tenir la semaine prochaine.
Séverine Perrier