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Октябрь
2024

L'emblématique diable du Creux de l'enfer vient de réapparaitre sur l'ancienne usine thiernoise

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Réapparu sur les murs du bâtiment suite à la rénovation de la façade du Creux de l’Enfer, le diable dessiné a des allures triomphantes. Le torse bombé, la créature maléfique semble regarder vers le ciel offrant son profil droit à la vue des passants. Cornes et barbichette surmontent une silhouette fine et musclée prolongée par une queue tout aussi fine qui se recourbe à son extrémité. La représentation est plus proche du croquis que du dessin élaboré.

Un personnage simple et fier, comme un Thiernois en quelque sorte.

Différentes versions  du même Lucifer

Le diable fait ainsi son grand retour dans la vallée des usines. "Son grand retour", car le personnage a longtemps été représenté sous des traits un peu différents avant que le temps n’efface la fresque dont peu de gens se souviennent aujourd’hui. Une projection lumineuse, le soir venu, a par la suite comblé ce vide jusque très récemment. La réhabilitation du Centre d’art contemporain offrait l’occasion de donner une seconde vie au personnage. Une belle idée et somme toute logique : le diable ne meurt jamais.

Mais quelle forme lui donner sans trahir le passé alors même que toute forme avait disparu des murs et (presque) des mémoires ? Là commençait un travail de recherche entrepris par l’équipe du Centre qui découvrait aux Archives de Thiers que le diable avait plusieurs visages. Comme autant de versions, à travers le temps, représentées sur la façade.

Une première montre un diable maléfiquement enjoué. De profil, le personnage semble en mouvement. Cette illustration fut simplement apposée à la façade. Elle est antérieure à la fresque.

Cette dernière fut peinte suite à l’incendie qui ravagea l’usine, en 1934. C’est elle dont les anciens Thiernois se souviennent peut-être encore et qui finit par disparaître avec le temps.

Une photo de famille datant des années cinquante constitue une des dernières traces de la peinture. Haute de deux mètres et à laquelle est accolée la célèbre inscription "L’usine du Creux de l’Enfer". Elle s’inspire d’une esquisse réalisée par les frères Guelpa, peintres en bâtiment thiernois. Un diable qui, dans une version un peu différente encore, a servi de logo au Centre d’art de 2000 à 2018.

Il a fallu trancher

La nouvelle mouture, peinte en septembre a été conçue par la graphiste Laura Montbel et s’inspire des deux versions des années trente (esquisse et peinture). "La figure esquissée par les peintres Guelpa présentait le diable de profil. Or, la photographie du couple des années cinquante montrait qu’il était représenté de face et que par conséquent les peintres avaient pris de grandes libertés sur la première esquisse. Nous avons donc fait le choix, avec les élus chargés de l’urbanisme et du patrimoine, en accord avec l’ABF (architectes des bâtiments de France), de redessiner le diable à partir de ces deux documents", détaille Sophie Auger-Grappin, la directrice du Creux de l’Enfer.

Un nouveau diable dont la couleur rouge sépia vient accentuer la puissance, en résonance avec le bouillonnement de la Durolle. Un vrai spectacle.

Yann Terrat

Légende. Tout d’abord placé sous le signe de la féerie, le site est baptisé Martinet de l’Enfer en 1791 et un siècle plus tard, l’Usine du Creux de l’Enfer. Parmi les légendes associées au site, celle d’un diable qui dévala la pente depuis le cimetière Saint-Jean avant de tomber dans la cascade.