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À Brives-Charensac, la "passerelle fusible" a rempli son rôle pendant les inondations

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Comme à Coubon, l’histoire de Brives-Charensac est indiscutablement associée à celle de ses ponts et des crues dévastatrices de la Loire. Ce 17 octobre 2024 sera une nouvelle date à rajouter sur les échelles de crues, un nouveau repère dans une commune marquée par les assauts du fleuve. Car à Brives, en plus des dégâts purement matériels, la Loire a fait six morts, dont deux enfants, le 21 septembre 1980. Un traumatisme que personne ne veut revivre. Alors depuis des années, beaucoup de mesures, de travaux, ont été réalisés pour que plus jamais ce scénario catastrophe ne se reproduise.

« La passerelle fusible a sauté »

L’un des éléments qui illustre cette capacité à s’adapter aux crues : c’est le pont de La Chartreuse, construit au XVe siècle. Lors de la crue du 21 septembre 1980, la massive rampe d’accès construite au XVIIIe siècle avait été totalement emportée. On décidait alors de reconstruire la cinquième arche du pont et d’y rajouter une passerelle « fusible » pour le relier à la rive. C’est cette dernière, construite en bois et d’environ 20 mètres de longueur, qui a parfaitement joué son rôle, et a été emportée jeudi dernier. Son remplacement est estimé entre 80.000 et 100.000 euros. « La passerelle fusible a sauté. Comme le montre l’énorme chaîne qui la retient, elle avait été conçue pour être emportée afin d’éviter de constituer un obstacle pour les arbres et tous types d’embâcles qui pourraient faire monter le niveau de l’eau ou alors endommager le pont en lui-même ». 

Un pont de secours pour La Chartreuse ?

Aujourd’hui, les élus sont formels : « La priorité est de remettre un passage piéton à la place de la passerelle. Nous avons plus de 2.000 élèves en rive gauche de la Loire et beaucoup de parents les déposent en rive droite, vers le parking de l’aire de jeu pour enfants. Si l’on ne veut pas voir de gros bouchons dans le centre bourg de Brives, il faudra rapidement trouver une solution. Nous espérons avant Noël ». La sous-préfète du Puy a évoqué le contact avec le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) et le centre national des ponts de secours. « Un élément de secours d’un pont Bailey pourrait être employé », a indiqué Nathalie Cencic. Les ponts Bailey sont des ponts composés d’éléments en charpente métalliques et d’origine militaire, simples et rapides à mettre en œuvre.

Des travaux qui ont limité les dégâts

Bien entendu, pour expliquer les dégâts moindres et l’absence de victime lors de cette crue de 2024, en plus de la mise en œuvre du PCS (lire en page 4), tous les élus Brivois ont en tête les aménagements réalisés sur Brives et le lit de la Loire dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature. Parmi toutes les mesures réalisées à l’époque, il y avait le creusement du lit de la Loire ou encore la modification du pont de 1978 qui supporte la RN 88 pour augmenter le passage de la Loire en crue sous l’ouvrage d’art (l’ancien pont avait fait « barrage » le 21 septembre 1980, accentuant encore le niveau de l’eau). Des mesures qui avaient été préconisées et réalisées, parmi d’autres, par l’association SOS Loire Vivante à l’époque, et présentées comme des alternatives au barrage de Serre de la Fare, dont le rôle aurait été d’écrêter (c’est-à-dire absorber) une partie de la crue de la Loire afin d’en atténuer les effets à l’aval. Brives a survécu, et sans le barrage de Serre de la Fare. La crue du 17 octobre 2024 a atteint à Brives-Charensac un débit estimé à 1.400 m3/seconde contre 2.000 m3/seconde en 1980. Que se passera-t-il lors du retour d’une crue centennale comme il y a 44 ans ? La digue résistera-t-elle ? Jusqu’où l’eau montera ? Des questions auxquelles personne ne peut répondre aujourd’hui. 

Lionel Ciochetto