À Chaspinhac, des sinistrés et une décharge en bord de Loire
La configuration du hameau, avec la confluence de la Sumène dans la Loire, renforce l’intensité de la crue. « La Sumène ne pouvait pas s’évacuer dans la Loire déjà trop haute, alors elle a débordé et elle est venue inonder les berges de chaque côté », constate le maire de Chaspinhac Bernard Robert. Un constat qui avait déjà conduit à des mesures drastiques il y a quelques années. « Nous avons fait démolir le lotissement Mazet, avec cinq ou six maisons situées en zone rouge, en rive droite de la Sumène et inondés lors de la crue de 1980… », rappelle le premier magistrat.
Cette fois, l’eau est montée un peu moins haut qu’en 2008 à Preyredeyre, mais pas de beaucoup. Plusieurs riverains ont été inondés en sous-sol, notamment des couples de retraités. « Il y avait de l’eau jusqu’ici », explique Michel Gay en mettant sa main à hauteur du torse. Avec son épouse Renée, ils s’étaient absentés quelques jours et sont revenus précipitamment samedi pour constater l’ampleur des dégâts. « Nous n’avons plus de mur de clôture, tout est parti. Au garage, nous n’avons plus rien, tout a été noyé, le sous-sol est envahi par la boue », se désole Renée.La sous-préfète est venue constater la réalité.
Un expert devait passer aujourd’hui jeudi pour réaliser un premier bilan des dégâts dans leur maison. C’est la deuxième crue qu’ils subissent après celle de 2008 depuis qu’ils ont acquis la maison. Pour eux comme pour beaucoup, le temps est venu des assurances et des expertises. « Les maires vont nous faire remonter tout cela et la préfecture va faire un point auprès du ministère avant la fin de la semaine. Nous devrions avoir un classement en état de catastrophe naturelle assez rapidement », a indiqué mercredi la sous-préfète du Puy-en-Velay, Nathalie Cencic, en déplacement à Chaspinhac. L’arrêté de catastrophe naturelle permettra alors aux sinistrés de faire leurs déclarations à leurs assurances pour pouvoir être indemnisé.
Mais à Peyredeyre, un autre dossier plane depuis des années : celui d’une friche industrielle en bords de Loire. Une ancienne marbrerie, dont les restes de l’activité comme les gravats d’un bâtiment détruit, traînent au bord du fleuve. Beaucoup de déchets issus du site sont partis avec la crue, c’est un triste constat. « Cela fait 30 ans que ça dure, mais le propriétaire n’a jamais rien voulu entendre », regrette le maire. Aujourd’hui, le site a les allures d’une vaste décharge sauvage en bords de Loire. Une image à peine croyable aux portes du Puy et des gorges de la Loire. La sous-préfète a été sensible à cette situation et des contacts vont être établis pour tenter de faire bouger les choses. « Pour l’heure, la priorité dans les travaux d’urgence, sera de faire supprimer les embâcles dans le cours de la Loire », insiste Nathalie Cencic. Car le fleuve en crue a charrié d’énormes quantités de bois, beaucoup d’arbres arrachés au sol et déposés ici ou là au gré du courant, parfois en d’énormes tas.
Lionel Ciochetto