Gitral, spécialiste du vase d'expansion installé dans le Puy-de-Dôme, subit la crise du bâtiment
Quand on fait installer un système de chauffage, on choisit la marque de la chaudière ou de la pompe à chaleur, mais généralement pas d’un composant pourtant essentiel : le vase d’expansion. De forme cylindrique, il permet à l’eau circulant en circuit fermé de se dilater sans faire casser les canalisations. La majeure partie de ce vase, séparée du reste par une membrane malléable, est remplie d’air. Quand l’eau a besoin de prendre ses aises, elle pousse la membrane.Ce système, mis au point il y a une soixantaine d’années, est industrialisé par plusieurs entreprises dans le monde, mais une seule est française : Gitral, installée depuis la fin des années 1960 à Orléat. Désormais détenue par le groupe italien Zilmet, spécialisé dans les vases d’expansion, la société produit une année normale environ 120.000 unités. Elle emploie une vingtaine de salariés, dont quatorze sont chargés de la fabrication des vases.
Deux labels récemment décrochésLa production est en effet totalement intégrée : la mise en forme par emboutissage des deux demi-cylindres métalliques qui seront ensuite reliés, la fabrication de la membrane par injection, les soudures, la peinture, l’emballage et le stockage sont tous réalisés sur place.Afin de le faire savoir et de valoriser ce savoir-faire, l’entreprise vient d’obtenir le label Origine France garantie. Une démarche qui permet à ses clients de mettre en avant le Made in France, même si la concurrence est essentiellement située dans les pays limitrophes : Italie, Espagne, Pays Bas. « Le plus éloigné est turc. Car les vases sont remplis d’air, et cela n’a pas d’intérêt de transporter de l’air depuis l’autre bout de la planète », insiste Frédéric Bailly, le directeur général de Gitral.
Cet ancien commercial grand compte pour des producteurs d’acier a été recruté en 2021 pour que Gitral retrouve le chemin de la croissance. « Nous avons réalisé deux excellentes années : 2022, qui fut la meilleure depuis près d’une décennie, et surtout 2023 avec un chiffre d’affaires de 5,75 millions d’euros », indique Frédéric Bailly.Mais cette année, en raison de la crise de l’immobilier, le dirigeant s’attend à une chute de l’ordre de 20 %. « Cette année, nous devrions ne pas dépasser 90.000 vases fabriqués. En dessous de ce seuil, l’entreprise n’est plus rentable », avertit-il.Pour passer le cap, l’entreprise s’adapte et elle évolue. Elle vient d’obtenir le label Ecovadis, grâce notamment au changement de matériau pour ses membranes. « Nous avons remplacé le caoutchouc EPDM par du PVC souple recyclable », précise le chef d’entreprise. Ses vases d’expansion sont aujourd’hui entièrement renouvelables.L'entreprise cherche à développer ses exportations.Le dirigeant a aussi fait réduire fortement la consommation d’électricité en réorganisant l’entreprise. « Le pic d’activité a lieu pour nous l’hiver, quand l’électricité est plus chère. En 2022, grâce à notre espace de stockage de 2.000 m², construit en 2011, nous avons pu arrêter de produire pendant un mois et demi, durant lequel nous avons fait de la formation et de la maintenance », explique-t-il.Afin d’être moins tributaire du marché domestique, la société Gitral cherche à développer ses exportations. Elles ne représentent pour l’heure que 15 % du chiffre d’affaires, « mais nous sommes en plein développement au Royaume-Uni », précise Frédéric Bailly.
"Une baisse drastique de 20 %"
Une baisse « drastique » de 20 % d’activité cette année. La société Gitral subit de plein fouet la crise du bâtiment. « En 2022, on a eu la hausse des prix des matériaux. Puis, en 2023, la remontée des taux immobiliers. Et maintenant c’est la refonte de Ma Prime Rénov’, qui oblige à réaliser des travaux de rénovation énergétique globale pour pouvoir obtenir des aides. Les particuliers n’ont pas les moyens, donc ils ne font pas ces travaux », déplore Frédéric Bailly. Gitral fait donc le dos rond en attendant des jours meilleurs, et cela a des conséquences sur l’emploi : deux départs dans l’usine n’ont pas été remplacés, portant l’effectif industriel à douze salariés, contre quatorze d’ordinaire.
Texte et photos Laurent Bernard