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Октябрь
2024

Les conducteurs freinés dans leur élan par la préfecture du Puy-de-Dôme pour retrouver leur permis de conduire

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Il ronge son frein. Loïc, 25 ans, attend de récupérer son permis de conduire. Le 5 juin 2023, il avait pris le volant, à Durtol, en ayant bu. Alcoolémie : 0,74 g. Convoqué devant le tribunal de police le 2 juillet 2024, la sanction est tombée. Deux mois de suspension de permis : "Je suis allé au commissariat de Riom pour le rendre", raconte le jeune homme. "Au bout des deux mois, le 2 septembre, je suis passé devant la commission médicale de la préfecture (1) qui m’a donné un avis positif. Je peux donc conduire à nouveau mais, depuis cette date, j’attends que la préfecture m’envoie ce papier par courrier".

"Les deux mois de suspension sont passés et je vais bientôt en faire quatre?!"

C’est ce document, l’avis médical favorable, qu’il devra présenter aux forces de l’ordre s’il est contrôlé sur la route : "Ils m’avaient dit que je devais le recevoir dans un délai de huit à dix jours. Là, on est mi-octobre. Les deux mois de suspension sont passés et je vais bientôt en faire quatre?!", poursuit le jeune homme dépité. "Tous les jours, je me précipite à la boîte aux lettres… ". Si cet avis médical favorable est un blanc-seing à la reprise de la conduite, il est surtout indispensable pour effectuer la démarche via le site Internet de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) pour retrouver son permis.

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Chauffeur-livreur

Loïc trépigne. Sans permis, le chauffeur-livreur ne peut pas chercher de travail : "Quand j’ai eu la préfecture au téléphone, en septembre, ils m’ont dit qu’il y avait un mois de retard dans le traitement des dossiers et qu’il y avait une personne pour faire le travail de quatre… Je pensais pouvoir travailler début octobre mais là, je suis bloqué. Je ne peux strictement rien faire. Je ne postule même plus à des emplois. Je n’ai plus trop d’espoir en fait".

Le chemin a également été semé d’embûches pour Jean-Louis (2) : "Perdre son permis, je ne le conseille à personne?! " plaisante aujourd’hui le Clermontois qui a récupéré le sésame définitif en début d’année. Lui aussi a vu se rallonger la durée de suspension de permis : "J’aurai fait huit mois de suspension au lieu de six".

En août 2022, il perd son permis pour avoir pris le volant après avoir fumé un joint. Six mois sans conduire lui inflige le préfet du Cantal où il a été contrôlé. 

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"Au final, j’ai eu deux mois de suspension de plus. Moi, j’avais besoin du permis pour le boulot ?!"

Alors que la fin de la période arrive, il cale un rendez-vous avec le médecin de la commission médicale, passage obligatoire pour tout conducteur dont le permis a été annulé ou suspendu. C’est là que les choses se compliquent : "On doit y aller avec une analyse de sang réalisée pas plus de deux semaines avant le rendez-vous. Je suis allé dans un labo qui a envoyé le prélèvement ailleurs. J’ai eu les résultats après le passage en commission médicale. J’ai donc dû attendre que les médecins les reçoivent puis les valident. Cela a duré trois semaines de plus", poursuit le trentenaire. "Pour la récupération du permis définitif, ça a été pire que la première fois. Un an après, j’ai changé de labo mais les résultats tardaient à venir car le labo à Paris était en travaux. Rebelote?! J’ai encore pris un mois de retard et j’ai dû refaire des analyses. Au final, j’ai eu deux mois de suspension de plus. Moi, j’avais besoin du permis pour le boulot?!".

La mésaventure ne lui a cependant pas coûté sa place au travail : "J’ai pu me débrouiller sans voiture, prendre le train pour faire des déplacements professionnels. Je n’ai fait aucun écart à la suspension". 

(1) Tout conducteur dont le permis a été suspendu ou annulé doit passer devant le médecin de la commission médicale. Il rend un avis.(2) Prénom d’emprunt.

"Renforts mobilisés" à la préfecture. La préfecture que nous avons contactée souligne que "des renforts sont actuellement mobilisés par les services de l’État afin de répondre à l’augmentation significative du nombre de suspensions". Depuis janvier 2024, le préfet a suspendu 2.260 permis. Ce chiffre est identique à celui de l’ensemble de l’année 2023 (2.260). Il y a en avait eu 2.240 en 2022. Ces suspensions "en partie liées à la consommation d’alcool et de stupéfiants au volant, souligne le préfet, nécessite des visites en commission médicale par l’usager dont le permis a été suspendu, augmentant d’autant le délai de traitement des procédures".

Leïla Aberkane