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Октябрь
2024

Lentilles d'eau, ammoniaque... Ces travaux d'assainissement devraient être profitables à cette petite rivière de Creuse

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Neuf cent mille euros. C’est le montant mobilisé par la commune de Dun-le-Palestel pour rénover l’ensemble de son système d’assainissement. Ces travaux, votés en conseil municipal, le 30 juillet dernier, concernent les trois lagunes dont dispose la collectivité. « Nous avons eu l’opportunité de bénéficier d’un financement venant à 70 % de l’Agence de l’eau et à 10 % du Conseil départemental pour ce projet », se satisfait le maire, Laurent Daulny.

Une nouvelle qu’attendait depuis longtemps Brézentine environnement. Cette association créée en 1995, porte le nom d’une petite rivière du bassin-versant de la Sédelle. Elle obtint, au début des années 2000, au terme de plusieurs années de mobilisation, qu’une usine d’équarrissage stoppe ses rejets polluants dans le cours d’eau. La réfection d’une des lagunes de Dun-le-Palestel, située en bordure de la route de La Souterraine, et dont l’eau est évacuée dans la Breuille, un affluent de la Brézentine, demeure l’un des principaux combats de l’association.

Rejets d’ammoniaque et lentilles d’eau

Le projet porté par la mairie sera donc logiquement à l’ordre du jour de sa prochaine assemblée générale, qui a lieu ce lundi 28 octobre, dans la commune de Sagnat. L’association alerte depuis plusieurs années sur le fait que des lentilles d’eau, qui prolifèrent dans l’un des bassins, se retrouvent en aval, dans la Breuille. Ce que nous avons pu constater sur place, ce lundi 21 octobre.

Déjà en 2015, l’ex-Office national de l’eau et des milieux aquatiques – Onema (*), indiquait dans un courrier envoyé à la mairie de Dun que ces lentilles avaient «un impact négatif sur le cours d’eau récepteur ». Aujourd’hui, Laurent Dubois, membre de Brézentine environnement et expert des milieux aquatiques désormais retraité, fait un constat similaire :

La présence de lentilles dans les bassins n’est pas une mauvaise chose, car elles contribuent à dégrader les effluents. Mais elles ne devraient pas être exportées dans le milieu naturel. Cette matière organique issue de nos rejets va ensuite se décomposer dans la rivière et consommer de l’oxygène, ce qui peut avoir des impacts sur la faune. 

Autre aspect qui préoccupe Brézentine environnement : la qualité de l’eau rejetée dans la Breuille. « Des substances plus ou moins nocives sont issues de la décomposition de la matière organique. C’est particulièrement le cas de l’ammoniaque, dont les seuils en sortie de lagune sont légèrement au-dessus des taux réglementaires. Ça n’a rien de dramatique en ce moment, au regard des fortes pluies tombées dernièrement. Mais cela peut être problématique en période d’étiage et entraîner des mortalités, notamment sur les poissons », commente Laurent Dubois, qui a effectué des prélèvements sur site, en début de semaine.

Laurent Dubois, membre de Brézentine environnement, a récemment effectué des prélèvements en sortie de lagune. Photo : Bruno Barlier 

Un surplus d'eaux "parasites" dans la lagune

De son côté, Kévin Roux, responsable assainissement du bureau d’études VERDeau, qui accompagne la commune de Dun dans ce dossier, affirme : 

La station est conforme. Mais c’est le réseau qui n’est pas bon.

En clair, des eaux dites “parasites” – provenant naturellement du sol ou des précipitations – se retrouvent dans les canalisations. Puis dans la lagune. Ce qui engendre des déséquilibres. « Lorsque l’on a trop d’eau “propre” qui arrive à la station, cela dilue les effluents. Et nuit à la qualité du traitement », souligne Kévin Roux.

Par ailleurs, des déversoirs d’orage situés en amont des lagunes peuvent, en cas de fortes pluies, être amenés à transférer une trop grande quantité d’eau dans le milieu naturel. Eau qui est alors mélangée avec des eaux usées.

Les travaux à venir viseront donc en priorité à séparer, autant que faire se peut, les réseaux destinés aux eaux usées et aux eaux parasites. Une action qui devrait « améliorer le fonctionnement de la lagune », reconnaît Laurent Dubois. Et donc la qualité de l’eau rejetée dans la Breuille.

« Mais cela ne résout pas le problème des lentilles », ajoute-t-il. De fait, actuellement, le moine du dernier bassin de la lagune ne retient pas les fameuses lentilles. « Nous allons installer des cloisons pour éviter les déversements de lentilles », répond Kévin Roux.

Des travaux lancés début 2025

Olivier Nouaillas, président de Brézentine environnement, se félicite de la volonté de la commune de prendre enfin ce dossier à bras-le-corps. Mais souligne qu’il y a « urgence » à agir. Et exige que l’association soit partie prenante du chantier :

Nous souhaitons avoir connaissance des réalisations prévues. Nous sommes prêts à rentrer dans un dialogue exigeant avec la municipalité pour pouvoir avancer nos propositions. 

Olivier Nouaillas devant la Brézentine, à Sagnat. Photo : Virginie Mayet

De son côté, le maire de Dun, Laurent Dauly, indique que son premier adjoint recevra l’association lundi, avant son assemblée générale, pour faire un point sur le projet de travaux, en compagnie de VERDeau. Par ailleurs, le premier magistrat de la commune explique que la collectivité n’a pas été en mesure d’engager des travaux plus tôt, faute de financements.

Ensuite, « il a fallu lancer une consultation pour sélectionner un bureau d’études, puis faire des recherches pour retrouver les secteurs les plus concernés par les eaux parasites. » Mais, rassure-t-il, « les travaux pourraient débuter au début de l’année prochaine ».

Protéger les sources de la Brézentine

C’est l’autre sujet important figurant à l’ordre du jour de l’assemblée générale de Brézentine environnement, ce lundi 28 octobre. Le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine vient d’acquérir 36 hectares aux sources de la Brézentine. Les terrains sont situés dans le secteur du hameau de Cessac, dans la commune de Bussière-Dunoise. Le montant global de l’opération s’élève à 125.000 euros.Les parcelles concernées bordent deux ruisseaux qui se rejoignent pour former la Brézentine. « Le fond de vallée, la zone la plus fragile, sera placé en protection intégrale. Soit la moitié de la surface », témoigne Olivier Nouaillas, président de Brézentine environnement. Les coteaux sont surtout occupés par des prairies. Une convention signée avec des agriculteurs permettra d’y faire pâturer des moutons et des chevaux.Les sources de la Brézentine, dans le hameau de Cessac. Photo : François Delotte 

(*) Cet ancien établissement public autrefois placé sous la tutelle du ministère de l’Ecologie a été dissous en 2016. Ses agents dépendent désormais de l’Office français de la biodiversité (OFB). 

François Delotte