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Октябрь
2024

Cette entreprise familiale de Haute-Loire mise sur le reconditionnement de la palette bois

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Le marché de la palette bois en tension a suscité, à un moment, des craintes chez les fabricants locaux. Craintes d’un recours des industriels aux palettes en matière plastique, mais qui ont été levées si l’on en croit les dirigeants de la société yssingelaise Celle en plein développement. Cette dernière s’oriente vers la réparation et le reconditionnement.

Elle se lance à présent un nouveau défi : retraiter la palette d’occasion

Celle est une entreprise familiale qui s’attache à valoriser au mieux le bois d’emballage à faible valeur ajoutée. Elle exploite plusieurs sites : la scierie d’Araules que dirigent Serge et Sébastien tandis que leur frère Philippe, a en charge la paletterie à la fois sur Yssingeaux (La Guide 2) et la dernière unité, celle de Saint-Maurice-de-Lignon, sur la zone de Bouillou, installée en 2021.Au total, 22 personnes travaillent pour la palette, 28 en scierie. L’entreprise réalise 9,5 millions de chiffre d’affaires, en progression de 12 %. Comme beaucoup, elle est confrontée à la hausse des coûts de l’énergie d’où l’étude lancée pour s’équiper en panneaux solaires. « Les palettes étaient au départ fabriquées à Araules. En 2005, l’hiver avait été rude cette année-là, on avait rencontré des difficultés à fournir nos clients en particulier Renault Trucks qui nous incitait à se rapprocher de la RN 88 », explique Philippe Celle. Voilà comment l’activité des palettes a déménagé à Yssingeaux avec une nouvelle ligne de clouage.Le bois d’emballage offre une faible valeur ajoutée. La palette est un produit basique de 5 à 17 euros.?L’entreprise fête ses cinquante ans cette année. Elle a été fondée par Claude et Colette Celle sur Araules où une nouvelle scierie voyait le jour en 1991 sur la zone artisanale des Vestias. Sur cette même zone, un nouvel outil de travail est en cours de construction et sera bientôt opérationnel. Le projet, comme nous l’écrivions récemment dans nos colonnes a bénéficié du Plan de relance de l’État à hauteur de 1,8 million euros sur les 10 millions d’investissements.On l’aura compris, en cinquante ans, la société n’a cessé de se développer. De belles perspectives s’offrent à elle dans un secteur pourtant très concurrentiel. D’autres entreprises exercent localement dans le même créneau. On pense à un groupe important comme Gallien à Craponne-sur-Arzon, société familiale elle aussi, créée par Jean Gallien et présente dans le bois depuis 1969.

De la matière première au produit fini

Tous les sites de Celle sont complémentaires de manière à offrir une large gamme de palettes avec des petits et grands formats, voire de la palette standard (1,40 m X 1,40 m). La ligne d’Yssingeaux possède une capacité de 150 palettes à l’heure, celle de Saint-Maurice-de-Lignon permet de produire 300 palettes/heure.Dans un contexte où la législation va dans le sens de la réduction de la pénibilité du travail, l’utilisation de la palette s’impose partout. « Aujourd’hui, on palettise des choses qu’on ne palettisait pas auparavant », confirme Philippe celle. Mécanique, granulés bois, chimie, agroalimentaire… La clientèle du fabricant de palettes est très diversifiée dans un grand sud-est de la France.Le bois d’emballage n’offre qu’une faible valeur ajoutée. La palette elle-même est un produit basique, de 5 à 17 euros, selon la dimension et la complexité de fabrication. Les entreprises se doivent, par conséquent, d’être compétitives, de produire vite. Son succès, l’entreprise yssingelaise le doit sans doute à sa maîtrise de la chaîne de production, depuis le billot jusqu’à la fabrication des planches, le montage de la palette et la livraison auprès des clients grâce à sa flotte de camions. La scierie d’Araules s’approvisionne dans un rayon de 80 km en résineux, pins et sapins de qualité emballage. Les parcelles forestières se trouvent en Haute-Loire, Lozère, Ardèche, dans la Loire. Dans un arbre, la bille de pied peut partir par exemple chez Moulin pour la charpente, le reste, de moindre qualité pour l’emballage, la pointe en trituration ou la chaufferie. Le Massif central du fait de l’altitude n’offre pas la qualité des bois du Jura ou des Pyrénées.Les anciens s’en souviennent, les pins du Lizieux et du Meygal servaient jadis au bois de mine approvisionnant la région stéphanoise. « Quand mon père a commencé au début des années 1970, son idée était de partir dans la charpente, comme beaucoup. Mais déjà l’industrie réclamait de plus en plus de palettes : il a adopté le virage », commente Philippe Celle.Signe des temps, et des indispensables adaptations qu’a dû opérer la filière bois, l’installation de fours de traitement : les palettes ne peuvent plus être traitées chimiquement pour éliminer les insectes. Elles passent dans des cellules dédiées, portées à 70°C durant 4 heures. Elles sont ainsi homologuées pour l’import-export. Le produit en fin de vie pourra être facilement broyé et brûlé sans risque d’intoxication.Le site de la zone de Bouillou créé en 2021.Sur les deux sites, la société Celle produit entre 2.500 et 3.000 palettes/jour, autour de 500.000 par an. Elle se lance à présent un nouveau défi : retraiter la palette d’occasion. C’est un domaine qu’elle connaît un peu, mais seulement à travers la réparation et le tri avec de la palette standard. Elle veut aujourd’hui poursuivre sur cette lancée avec des palettes hors cote, autrement dit en démontant, récupérant les planches, les recouper à la demande, bref leur redonner une deuxième vie, voire une troisième ou une quatrième. Des plateaux et bennes de récupération sont mis à disposition dans les entreprises dans l’optique de développer le marché de la palette de reconstitution.

Un robot de démontage venu des USA ?

« Dans le cadre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), cela fait partie de la demande de plusieurs de nos clients, comme Barbier à Sainte-Sigolène ou Renault Truck sur Lyon », assure Philippe Celle. Broyer les palettes pour les utiliser en chaufferie ne suffit plus. De nouvelles dispositions se profilent, laissant envisager l’obligation pour les fabricants de palette d’introduire des éléments d’occasion, comme cela se pratique dans la plasturgie avec pour finalité, l’économie de matière première.Celle « Wood recycling » s’est dernièrement rapproché d’une société de l’Ohio aux États-Unis (il n’en existerait pas en Europe) dans l’optique de faire l’acquisition d’un robot à même de démonter entièrement les palettes (une centaine à l’heure). Cette machine aux hautes performances trouverait place dans un bâtiment du site de Saint-Maurice-de-Lignon, associée à une ligne de tri comme on peut voir en scierie. Les planches sont passées au scanner avant d’être recoupées pour refaire d’autres palettes.Le bois de palette, une fois « déféraillé », peut aussi servir à faire de la bûche reconstituée. Les palettes cassées finissent en broyât. « Il existe un marché de l’occasion, comme dans l’automobile, dit Philippe Celle. Il faut raisonner en termes d’écologie, même si l’on sait bien que le bois finira tôt ou tard à la chaufferie ».

 

Philippe Suc

 

Du « working » au « recycling » en passant par le « packaging »

Depuis cinquante ans qu’elle existe, l’entreprise Celle n’a cessé de s’adapter au marché et de faire évoluer un produit à faible valeur ajoutée, le bois d’emballage. Au départ, on trouve la scierie, à l’arrivée, la palette recyclée.Cette année, l’entreprise familiale Celle a fêté son cinquantième anniversaire. Que de chemin parcouru depuis l’origine !Philippe Celle dirige le secteur paletterie, ses frères la scierie.1974 : création de l’entreprise à Araules par Claude et Colette Celle dont l’activité principale est la scierie.1977 : l’entreprise rachète les établissements Masson fabricant de palettes (6 salariés).1990 : nouvelle usine de 1.200 m² couverts, équipée de matériel automatisé pour le sciage des arbres et le montage de palettes.1998 : la société devient une SARL avec l’entrée au capital des fils Celle.2005 : acquisition de nouveaux locaux (3.600 m² couverts) à Yssingeaux réservés au montage des palettes et de l’activité caisserie.2006 : démarrage d’une ligne de clouage automatisée pour les palettes de grand format.2007 : installation d’un four de traitement.2009 : nouvelle scierie passant à 200 m³ de bois par jour.2015 : modernisation de la ligne de clouage sur Yssingeaux.2017 : investissement portant sur un parc à grumes et de découpe de troncs sur Araules.2020 : nouvelle usine pour la fabrication de palettes standard avec nouvelle ligne de clouage robotisée à Saint-Maurice-de-Lignon.2024 : démarrage d’une scierie nouvelle génération entièrement automatisée sur le site d’Araules.Et demain : vers le recyclage et le développement du marché de l’occasion.