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Октябрь
2024

Dans ces communes de Haute-Loire, la facture s'alourdit de jour en jour après les inondations

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L’épisode cévenol qui a touché la Haute-Loire, jeudi 18 octobre, a fait des dégâts considérables aux abords de la Loire et du Lignon avec des crues dévastatrices. Quand l’eau est redescendue le lendemain, les habitants n’ont pu que constater l’étendue des dégâts. Toute la semaine, la secrétaire générale de la préfecture, Nathalie Cencic, se déplace dans plusieurs communes sinistrées pour faire le point avec les élus.

Coubon

La Loire est sortie de son lit à Coubon et elle n’a pas fait semblant. De l’ancienne usine de la Darne jusqu’au moulin de Charentus, les rives n’ont pas été épargnées par la montée subite des eaux. Sous le pont qui enjambe le fleuve, le mur en gabions de soutènement du parking a été entièrement ravagé par la seule force du courant. Plusieurs centaines de milliers d’euros seront nécessaires à sa reconstruction.

Le pont a également été touché. « Plusieurs témoins expliquent avoir vu un arbre et des rochers se fracasser sur les piles du pont », indique la maire Christelle Valantin. Une fissure est en effet apparue sur le mur qui soutient le tablier côté bourg. « Nous ne sommes pas sûrs à 100 % que cela soit dû à la crue, mais c’est en tout cas récent. » Mais l’élue se veut rassurante, il n’y a pas de risque concret, « la chaussée ne présente pas de fissures ».L'aire d'accueil pour camping-car de Charentus à Coubon est un champ de boue aujourd'hui. N.M.

Le Chemin du plan d’eau, entre le bourg et le moulin de Charentus a, lui aussi, été défiguré pendant les inondations. En partie goudronné jusqu’au camping, le chemin devra subir une réfection. L’enrobé a été avalé par les eaux à plusieurs endroits. Dans le secteur, les gaines de gaz, le réseau électrique et l’assainissement ont été lourdement endommagés en quelques heures seulement.

Comme nous l’expliquions dans notre édition du samedi 18 octobre, le village de Charentus a été défiguré par la crue. Le lit de la Loire a doublé de taille, créant, au passage, une falaise d’une dizaine de mètres de hauteur. Le gué de Charentus, qui était jusque-là un lieu de passage apprécié des promeneurs, est aujourd’hui à une vingtaine de mètres du bord. La zone d’accueil de camping-car et l’aire de pique-nique flambant neuves sont réduites à l’état de piscine de boue.Près de l'usine de la Darne à Coubon, le lit de la rivière n'est plus le même. N.M.

À quelques mètres de là, la Loire a « coupé le virage » et dangereusement gratté les berges, se rapprochant trop près d’une habitation. Ses propriétaires seront bientôt expropriés. Un arrangement à l’amiable devrait être trouvé. La question de l’accès aux autres maisons se posera dans les mois et années à venir avec un fleuve qui grignote de plus en plus de terre… « Les dégâts sont énormes. Nous avions fait un premier chiffrage à chaud, mais, depuis, cela augmente tous les jours », se désole Christelle Valentin.

Lavoûte-sur-Loire

Après une crue « très rapide », selon les mots du maire Jean-Pierre Beaumel, il est temps d’évaluer les dégâts. Et ils sont nombreux. Situé à côté de la place de la mairie, le cabinet de psychologie de Frédérique Chambaud en a fait l’expérience. Ce dernier a été recouvert par plus d’1,8 m d’eau. À l’étage, les gîtes ont été épargnés, mais il s’en est fallu de peu. « On a eu de la chance, car l’eau s’est arrêtée juste en dessous du compteur électrique. On a juste des dégâts matériels », relativise Florence Bonthoux, propriétaire des gîtes.À Lavoûte-sur-Loire, les stigmates de la montée des eaux sont encore bien présents. G.C.

Recouvertes par de nombreux arbres, les berges devront être nettoyées. En plus de cela, un bout de voirie est également à remettre en sécurité. « Je pense qu’un arbre est venu frapper un des blocs de pierre qui soutient la route et cela la fragilise », explique Jean-Pierre Beaumel. Une portion sur laquelle il sera urgent d’agir puisque c’est la seule route qui permet aux habitants du hameau de Tolhance de rejoindre le bourg. Une voie qui était d’ailleurs complètement sous les eaux pendant la crue, bloquant les habitants jusqu’à samedi matin.Jean-Louis Beaumel présente les dégâts à la secrétaire générale de la préfecture, Nathalie Cencic. G.C.

Dans le village, les dégâts ne s’arrêtent pas là. Une maison de plain-pied a été sous les eaux jusqu’au plafond et les réseaux de téléphone et d’électricité ont été emportés par les eaux. « Le lotissement des Longes est resté un jour et demi sans téléphone et électricité », ajoute le maire. Des dégâts conséquents, mais qui auraient pu être plus importants selon Jean-Pierre Beaumel qui trouve tout de même un avantage à cette crue : « Cela va nous permettre de mieux faire comprendre le Plan local d’urbanisme… »

Vorey-sur-Arzon

En aval du fleuve, à Vorey-sur-Arzon, les stigmates de la crue étaient encore bien visibles ce mardi après-midi lors de la visite de Nathalie Cencic. L’eau est montée quasiment au niveau de la route départementale qui traverse la commune. Les caves de la pharmacie et de la boucherie ont été inondées. Tout comme les rez-de-chaussée et plusieurs sous-sols des maisons situées en face du square en contrebas. « Le mur anti-crues n’a pas suffi, l’eau est passée par-dessus. Il faudra le rehausser », explique la maire Cécile Gallien.Entre le bourg et les rives de la Loire, la boue est encore bien présente à Vorey. N.M.

Un peu plus bas, les locaux des services techniques et de la Croix-Rouge ont aussi été inondés. Mais les plus gros dégâts sont à déplorer à « Vorey-plage », à l’embouchure de l’Arzon. De nombreux arbres couchés et déracinés rendent compte de la violence du phénomène. Le lit du fleuve est jonché d’arbres et de rochers de toutes les tailles, emportés par le courant. « Il faudra “scarifier” l’île et la presqu’île pour faciliter la progression de l’eau. Tout avait été coupé et mis à nu il y a six ans, mais tout a repoussé depuis. »

Prisées des locaux et des touristes, les berges sont aujourd’hui dans un sale état. « Avant, il y avait de l’herbe et ensuite du sable. Maintenant, on ne voit que l’herbe et l’eau », continue Cécile Gallien. Un peu plus loin, le chemin du fort est désormais jonché de galets drainés par le courant. Au niveau de la pompe de relevage, l’enrochement a été diablement chahuté durant la crue. Le chemin n’est plus du tout reconnaissable et un gros trou gît au milieu des rochers. « Il faudra enlever un maximum de végétations mortes et protéger les berges. Il faut que l’eau soit envoyée vers l’autre rive. Les chenaux de crues ont été très utiles et le seront encore pour délester les futurs surplus d’eau. »Cécile Gallien et Nathalie Cencic sur un chemin du Fort qui n'est plus carrossable aujourd'hui. N.M.

Pour la maire de Vorey, l’urgence est avant tout de rétablir la connexion entre le bourg et les villages de Nant et Le Chambon. À l’heure actuelle, la route n’est plus carrossable, tout le goudron a disparu avec la décrue. « On voudrait faire quelque chose de costaud pour consolider l’accès une bonne fois pour toutes. Pour le moment, les habitants doivent faire un détour pour venir à Vorey. »Cécile Gallien et Nathalie Cencic sur les berges de la Loire. N.M.

Et maintenant ?

Avec la venue de la secrétaire générale de la préfecture, dans leurs communes, les maires ont pu faire constater les dégâts et surtout recevoir de précieuses indications sur les démarches à suivre. Les déclarations de catastrophe naturelle sont déjà en cours d’étude. La procédure a été accélérée. Par la suite, un long travail d’inventaire et de chiffrage devra être effectué par les communes. Travaux de remise en état des bâtiments publics, voirie, écoulements… En collaboration avec la Direction départementale des Territoires (DDT), l’État va apporter son soutien aux communes sinistrées. En plus de la reconnaissance de catastrophe naturelle, un dossier de dotation de solidarité devra rapidement être remonté à Paris pour débloquer une enveloppe pour les futurs travaux. « Il ne faut pas attendre la déclaration de catastrophe naturelle pour commencer à recenser et chiffrer », conseille Nathalie Cencic.

De son côté, la DDT va très prochainement lancer plusieurs études. « La priorité sera d’évaluer les impacts afin de réaliser les travaux les plus urgents » ; comme l’érosion ou la vitesse d’écoulement. « Des études hydrauliques seront également menées pour analyser le comportement de la Loire pendant la crue et enrichir les modèles de prévisions », termine Christophe Merlin, directeur adjoint de la DDT de Haute-Loire.

Texte et photos Nathan Marliac & Guillaume Chorin