Bernard Delcros, sénateur du Cantal : "On ne peut pas lâcher le programme des maisons France services"
Dans le projet de loi de finances présenté en conseil des ministres le 11 octobre 2024, si le Premier ministre Michel Barnier propose un effort important sur les finances publiques, il entend maintenir l’écot consacré aux France services.
Alors que le gouvernement souhaite faire des économies, avez-vous été inquiet pour les maisons France services ?
Oui, j’ai eu une inquiétude. Les maisons France services correspondent à de vrais besoins, on ne peut pas lâcher ce programme qui donne satisfaction. La dotation de 45.000 € aux collectivités pour le fonctionnement d’une maison France service était inscrite au projet de loi de finances de 2024 et la plupart des collectivités ont reçu une partie de la somme qui correspond à la part de l’État.
On avait prévu une augmentation, dans le projet de loi de finances 2025, à 50.000 €. À ma connaissance, les crédits sont bien prévus.
Les élus concernés sont toujours inquiets de la pérennité de cette aide…
Les maisons France services sont un programme de l’État qui est porté, majoritairement, par les collectivités qui perçoivent une aide en contrepartie. J’ai demandé une contractualisation sur trois ans et c’est un point que je surveille.
Quel bilan tirez-vous des maisons France services dans le Cantal ?
Elles sont revenues mettre de l’humain dans une société qui est de plus en plus dématérialisée. Le maillage dans le département est plutôt bien, mais je souhaite que les mairies y soient plus associées que c’est le cas aujourd’hui. Il faudra également élargir le champ des opérateurs qui y sont représentés. L’Agence nationale de l’habitat (Anah) est entrée, le ministère de l’Écologie aussi avec les chèques énergies, l’Urssaf arrive en 2025, l’Agirc-Arcco sera expérimenté dans quelques départements. Je pense que c’est indispensable.
La Cour des comptes constate que les usagers sont heureux des services rendus… mais que 46 % des Français ne savent pas ce qu’est une France services.
Il faut les faire connaître, communiquer et permettre aux gens d’y accéder. Dans mon rapport, j’ai fait une proposition pour permettre d’accéder à un transport à la demande pour se rendre à la maison France services du secteur.
Dans certains cas, le recrutement des agents pose problème…
Ce sont des métiers nouveaux, il faut mieux les valoriser. Cela passe déjà en le dénommant correctement : agent d’accueil, cela ne veut rien dire. Aujourd’hui, ce sont des conseillers France services, ils sont entrés dans le répertoire de la fonction publique. Cela passe aussi par la question des salaires et par la pérennité des emplois. Il y a un lien de confiance qui se tisse entre les agents et les usagers. La réussite d’une maison France services dépend de ses agents.
Propos recueillis par Pierre Chambaud