Running : Anne Fourié, la coach cantalienne dans la tête du traileur deuxième du dernier UTMB
«Lorsque je me retrouve en deuxième position, je pense à Anne. Le vertige a disparu. Les papillons volent tous dans la même direction. » Sur son compte Instagram, Baptiste Chassagne, récent deuxième de l’Ultra trail du Mont-Blanc, dédie un post à Anne, sa coach mentale qu’il a rencontrée en 2021 et qui l’a aidé à devenir maître de ses émotions et à grimper sur le podium du plus grand trail de la saison.
Anne, c’est Anne Fourié, habitante du Lioran, qui a lancé sa structure de coaching mental il y a sept ans. Elle accompagne des sportifs, élites ou amateurs, dans différentes disciplines, dont une majorité de traileurs, un sport qui comporte une spécificité : sa longueur. « Dans l’ultra, on est vraiment avec soi pendant beaucoup d’heures, en course comme à l’entraînement. Seul, on peut se laisser aller à des pensées parasites. »
Une spécificité qui oblige à travailler sur la concentration, le dépassement de la douleur, l’écoute de ses sensations…
« Les moments durs vont rester durs, il n’y a pas de magie, mais le travail fait avec Anne va permettre de rester plus focus, de faire moins de bêtises. On va avoir l’impression de réciter les choses »
Antoine Lainé travaille avec Anne Fourié depuis 2023. « J’allais avoir ma fille et j’ai senti le besoin de me faire accompagner pour mettre les choses au clair », explique-t-il. Quelques mois plus tard, il boucle le Trail 100 Andorre à la 9e place. « Une super performance et une course sans souffrance. Anne amène des certitudes sur ce qu’on ressent alors qu’instinctivement on ne met pas forcément les bons mots ou les bonnes intentions dessus. Elle fait gagner en confiance en soi. »
La Cantalienne, qui s’est formée à l’hypnose et à la programmation neuro-linguistique, a sa manière de fonctionner et distingue deux choses. D’abord la résolution de problème, qui peut être très rapide : « Si quelqu’un vient me voir parce qu’il a peur en descente, je vais reprogrammer son cerveau pour enlever la charge émotionnelle qui le pousse à être sur l’arrière, à se contracter et donc à glisser encore plus. »
En course et à l’entraînementEnsuite, la construction d’outils pour anticiper la gestion de la douleur, du stress, des imprévus… Thomas Laydis, coureur amateur, témoigne : « Lors de l’UTMB, j’ai subi et c’était assez compliqué jusqu’à Courmayeur, environ à la mi-course. Là, j’ai fait un reset mental et ensuite j’ai couru toute une partie en auto-hypnose, en maîtrise. Ça m’a permis de me connecter au moment présent, de se dire : il s’est passé ce qu’il s’est passé, maintenant c’est une nouvelle aventure. » Quelques heures plus tard, il terminait pour la première fois une course de cette distance.
« C’est aussi un grand apport à l’entraînement, ajoute Antoine Lanié. Dans la semaine, je suis kiné, coach pour d’autres athlètes, papa… L’entraînement c’est dur. Mais, les fois où je n’ai pas envie d’y aller, je vais me concentrer sur le bruit de mes pas et ça va aller mieux. Je vais me rappeler que j’ai pris énormément de plaisir, savourer les moments où j’en fais moins, créer des moments d’apaisement, de jeux, pour ne pas avoir de lassitude. »
D’autant que dans ce sport majoritairement pratiqué par des amateurs, l’articulation entre les vies pro, perso et sportive n’est pas toujours évidente : « Ma vie est un Tetris permanent et avec Anne, je passe mon temps à ranger le Tetris, estime Thomas Laydis. Elle m’aide à mettre le bon bloc au bon endroit. » Une recette pour être heureux dans ses baskets et voir « les papillons voler tous dans la même direction ».
Mathieu Brosseau