ru24.pro
World News in French
Октябрь
2024

Mathieu Leyrat, nouveau président de la Cour des Arts : "Son modèle n'a pas d'équivalent en Corrèze"

0

La première fois qu’il a passé la porte de la Cour des Arts (alors Maison des Métiers d’art), Mathieu Leyrat avait « 4 ans », se souvient-il avec plaisir. « C’était dans les années 1990, j’allais à l’atelier enfants d’arts plastiques de Valérie Janvier, au dernier étage ; c’était super lumineux. »

Collégien, il y revient dans l’atelier de dessin-aquarelle ; l’association s’appelle l’AIMAD. Enfin, quinze ans plus tard, c’est à la Cour des Arts, la bien nommée, qu’il reprend l’aquarelle et lance, en 2017, son atelier d’histoire de l’art. « C’est un bâtiment hyper particulier, apprécie-t-il. Il y a toujours eu une ambiance un peu familiale. C’est ce qui lui a permis de perdurer. »

C’est ce qui lui donne envie, aujourd’hui, de reprendre la présidence de l’association, à la suite de Sylvie Christophe, qui a occupé ce poste de nombreuses années. « Ça s’est fait tout naturellement. Quand je suis revenu, je me suis pas mal investi. Le modèle de la Cour des Arts n’a pas d’équivalent en Corrèze. »

L'art pour tous

Son objet ? « Le développement de la sensibilité artistique et la diffusion de la pratique artistique », deux piliers auxquels il est également attaché. « À la Cour, la palette d’activités est vaste et il n’y a pas de temps morts ; il y a toujours une possibilité de découverte. »

Onze intervenants, dix-sept ateliers, pour les grands et les petits. Certains, originaux, comme l’éveil artistique en famille, la peinture sur soie - « l’atelier le plus ancien avec le modelage et la céramique » -, le dessin de mangas, la technique du dessin ou le dessin d’après modèle vivant.

Le modèle de la Cour des Arts n’a pas d’équivalent en Corrèze.

Record d'adhésions

« Dans les ateliers, les niveaux sont mixtes et les intervenants passent des temps différents avec chaque adhérent. Il y a aussi beaucoup d’entraide. Les intervenants sont plus dans l’accompagnement de la pratique des adhérents. »Il reprend : « La Cour a toujours été très conviviale. L’ambiance n’est pas complètement studieuse, on voit toujours des gens parler et rigoler. »

À coup sûr, le concept plaît. Cette année, calcule Mathieu Leyrat, la Cour des Arts compte 253 adhérents, « c’est la première fois qu’on atteint ce niveau », se réjouit-il. « Il y a des nouveaux, mais on s’appuie aussi sur un cœur d’adhérents qui sont là depuis des années et qui sont très présents sur les pré-inscriptions. Les moins de 18 ans (20 % des inscrits) progressent, mais il reste encore des places. »Le plus gros renouvellement, c’est l’atelier Histoire de l’art qui l’enregistre, avec ses 78 adhérents et ses trois séances par semaine. « Le format du cours permet d’accueillir plus de monde, reconnaît-il. Et l’atelier a été doublé sur Brive. Cela nous a apporté beaucoup de nouveaux adhérents et ça a permis à des Brivistes de venir voir ici aussi. »

Un second emploi créé

Faudrait-il multiplier les ateliers, introduire de nouvelles pratiques ? « Il n’y a pas forcément la volonté d’accroître l’association, avance son nouveau président. En termes de gestion, ce serait compliqué. Aujourd’hui, elle fonctionne bien et tout s’équilibre. On verra si on constate des listes d’attente. »

En janvier, quoi qu’il en soit, l’association créera un deuxième emploi, à mi-temps. « Depuis le post-Covid, elle est en croissance, il y a beaucoup de travail administratif, d’accueil, d’organisation… On y réfléchissait depuis plusieurs années avec le conseil d’administration, pour ne pas nous mettre en difficulté. Mais il y a un vrai besoin. »

Deborah De Robertis invitée de la Cour des Arts

Sa mission de diffusion artistique, la Cour des Arts la remplit en montant une douzaine d’expositions par an ; en 2023, huit collectives et trois individuelles.

« Pour nos expositions, note Mathieu Leyrat, on s’ouvre à des artistes nationaux et on essaie de choisir des artistes qui travaillent autour du textile. Mais, on est ouvert à tous les médiums, toujours dans une démarche très contemporaine. On est ouvert aussi à la jeunesse, en laissant une place à l’option art plastique du lycée Perrier, qui propose toujours des super travaux. »

Des envies ? Le nouveau président en porte une, engagée, lancée, il y a 2 ans, avec la venue d’ORLAN, « la grande figure du féminisme et de l’art corporel depuis les années 1970. Il n’y a rien de plus intéressant que d’entendre les artistes parler de leur travail, se souvient-il. Le projet, c’est de continuer, tous les 2 ans peut-être, à faire venir des artistes contemporains. »

Féminisme

Au printemps 2025, c’est Deborah De Robertis qui viendra à Tulle, précédée par sa sulfureuse réputation ; c’est elle qui a tagué L’Origine du monde, de Courbet, et dérobé une œuvre d’Annette Messager, Je pense, donc je suce, au Centre Pompidou-Metz, elle encore qui a posé nue devant L’Origine du monde toujours à Orsay, La Joconde au Louvre ou la statue de la Vierge à Lourdes.

Féministe engagée, « elle réfléchit à la réappropriation et la puissance de son corps. Ça peut être passionnant de l’écouter parler de son travail. Ça recoupe ce qu’on fait en atelier. »

Reste un problème à régler, « qui revient régulièrement en conseil d’administration : les gens viennent en atelier, passent devant les expos, mais beaucoup ne les voient pas ou ne viennent pas aux vernissages. On doit s’améliorer sur ce point, essayer de casser la rupture entre la consommation de pratiques et la diffusion d’art. Les gens restent dans leurs ateliers, on a du mal à faire communiquer tout ça. » 

Blandine Hutin-Mercier