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Октябрь
2024

Techno Logistique, sellier bien dans ses baskets, à Aulnat (Puy-de-Dôme)

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Quel point commun y a-t-il entre un siège de tramway, de bus, de train ou d’avion et un sac à main, une paire de baskets ou même de chaussons ? Une petite entreprise sise sur la zone aéroportuaire d’Aulnat, aux portes de Clermont-Ferrand : Techno Logistique.

Un nom qui ne dit rien de son cœur de métier, la sellerie. Mais dans ce domaine, la société créée en 1997 jouit d’une réputation solide qu’elle a patiemment bâtie. Ce qui lui a valu d’être sollicitée par la RATP pour renouveler les sièges des lignes 2 et 5 du métro parisien, un marché de quatre mois et demi et près de 7.000 sièges à assurer juste avant les Jeux Olympiques. Ont suivi les sièges de deux lignes de tramway pour le même client ou encore les sièges du tram clermontois, Techno Logistique œuvrant aussi régulièrement pour la SNCF et plus récemment pour Airbus, sur le renouvellement de selleries d’appareils A350.Le geste est précis. Photo Ludivine Masson

Marchés de prestige

Voilà pour les transports. L’entreprise a également à son actif de grandes réalisations dans des salles de spectacles comme l’opéra-théâtre de Clermont-Ferrand et celui de Châtel-Guyon, il y a près de dix ans. Plus récemment, la salle de l’orchestre symphonique de Namur, en Belgique, qui exigeait du matériel aux caractéristiques acoustiques précises. Sans oublier, dans un autre domaine, l’Assemblée nationale ou encore, jusqu’au début de ce mois, les 560 sièges du Conseil de l’Europe, à Strasbourg.

Cette réputation et ces marchés de prestige, Techno Logistique les doit aussi à la pugnacité de son patron, Frédéric Lagouarre, aux commandes depuis 2008. Ce Béarnais de naissance garde une pointe d’accent du sud quand il exprime avec forces les préceptes grâce auxquels il perpétue un savoir-faire reconnu et qu’il s’est évertué à renouveler en partie afin de donner un second souffle à son entreprise.

D'autres finalités

La période Covid, notamment, a été propice aux idées nouvelles. Le principe : donner une vie aux chutes de matière première ou à ces selleries qu’il faut en partie remplacer, mais dont les habillages ne sont pas totalement usés. Dans les deux cas, des pièces de tissus utilisables pour d’autres finalités que des sièges, se dit le chef d’entreprise, qui conçoit d’abord des chaussons, puis des sneakers et enfin des sacs à main. Le tout sous la marque Sans les plumes et avec des partenaires à Limoges et au Portugal pour assurer ces fabrications spécifiques. Mais c’est bien dans les locaux d’Aulnat que ces baskets ou ces sacs prennent forme, Frédéric Lagouarre les dessinant lui-même.Frédéric Lagouarre, patron de Techno Logistique, présente les produits qu’il a dessinés : « C’est une respiration », confie le chef d’entreprise. Photo Thierry Lindauer

L’ADN de l’entreprise

L’ensemble ne pèse encore guère plus de 10 % du chiffre d’affaires, mais « c’est une respiration et cela a du sens car c’est dans l’ADN de l’entreprise, de notre expertise des matériaux souples », appuie le patron. Son équipe aime mettre en avant cette diversification, à l’image du responsable marketing, Guillaume Condamine : « Il s’agit de revaloriser de la matière première ou d’effectuer du “surcyclage”, quand nous réutilisons des tissus qui ont déjà un vécu. » Et puisqu’il faut aussi commercialiser ces produits, Techno Logistique a trouvé là encore une bonne formule : « Nous produisons des séries limitées, au maximum 600 paires pour les baskets, plutôt 200 pour les sacs, et nous les proposons en priorité à nos entreprises partenaires. Par exemple, avec les selleries d’A350, nous avons créé la série Airbus Sans les plumes, d’abord vendue au personnel de l’avionneur, mais bien sûr disponible, comme toutes nos gammes, sur notre site d’e-commerce. »Photo Thierry Lindauer

Multiplicité des filières de recrutement

Puisque l’activité de base reste le siège, avec 80 % en rénovation, le reste en neuf sur du haut de gamme, c’est bien sur ces métiers de la sellerie que l’entreprise embauche essentiellement. L’effectif d’une vingtaine d’employés actuels peut monter jusqu’à soixante en fonction des marchés décrochés, mais les renforts ne sont pas toujours simples à trouver. D’où la multiplicité des filières de recrutement.Photo Ludivine Masson

Certains viennent en stage ou en apprentissage via les formations dédiées que proposent les lycées professionnels de Riom ou Saint-Éloy-les-Mines. D’autres sont recrutés en CDD, formés en interne, et conservés quand ils sont jugés performants. L’un d’eux, en situation du handicap, a été recruté via le Greta.

"L'envie de travailler"

Bref, une sorte d’incubateur de talents dont Simon Zanga est un exemple. Lui qui a quitté le secteur bancaire il y a cinq ans pour se lancer dans ce métier particulier est aujourd’hui chef d’atelier. Quant à Guillaume Condamine, arrivé il y a quatre ans, il a commencé son parcours professionnel dans le secteur pharmaceutique.Photo Thierry Lindauer

La clé pour réussir son intégration chez Techno Logistique sans crainte du siège éjectable ? « Le critère, c’est l’envie de travailler et être capable de tout faire, le reste, on s’en occupe », ajoute Frédéric Lagouarre, qui présente non sans fierté une sculpture d’ébène et de bronze, intitulée “l’intelligence de la main”, qu’il a conçue comme un symbole de la longévité et du savoir-faire de Techno Logistique.

Patrice Campo