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Октябрь
2024

Quelle est cette association qui œuvre pour le retour de la consigne du verre dans le Puy-de-Dôme ?

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C’est devenu une habitude. Adrien achète régulièrement des boissons dont la bouteille a la particularité de porter une vignette où il est mentionné « rapportez-moi pour réemploi. » « Et c’est ce que je fais », explique ce jeune homme dans un grand magasin bio de l’agglomération clermontoise. « C’est au moins un geste que je peux faire en faveur de l’environnement et qui n’est pas trop compliqué. » 

Les bouteilles que ce Puydômois a laissées au point de collecte installé dans cet établissement vont bientôt être récupérées par l’association Pampa Consigne.

Et en ce jeudi matin, la petite équipe de trois salariés de cette structure s’active dans ses locaux de Veyre-Monton, afin de trier les contenants en verre qu’elle a récupérés à travers toute l’Auvergne et dans le magasin où Adrien a déposé les siens.

Il y a des bouteilles de vin, de bière, des bocaux… Chacun d’entre eux est placé selon leur format dans des casiers. Leur prochaine destination sera l’usine de lavage du côté de Valence ou de Montpellier. Une fois propres, ces contenants reviendront à Veyre-Monton pour être de nouveau pris en charge par Pampa Consigne, qui les redistribuera auprès des producteurs. « Le tri est une tâche que nous accomplissons une fois par semaine. Hier, nous avons rencontré les responsables d’un magasin bio à Montluçon pour qu’il devienne un point de collecte. Demain, nous rencontrerons un producteur pour réaliser un audit et lui proposer un devis afin de l’aider à disposer de contenants en verre standard prêts à être réutilisés », explique Guillaume Angot, coordinateur et responsable commercial à Pampa Consigne.

Pampa Consigne collecte, trie, fait laver et redistribue les contenants en verre.

Des économies sur le verre

Car outre la volonté des consommateurs de suivre un système de consigne, il faut aussi que les producteurs aient des contenants et des étiquettes adhésives standardisés pour être conformes à tous les niveaux de la chaîne de réemploi.

À ce jour, Pampa Consigne recense une vingtaine de producteurs locaux qui sont passés aux contenants en verre réutilisables. Parmi eux, la Brasserie des Puys à Clermont-Ferrand. 

« Pour nous, c’était une évidence de fonctionner avec ce système de consigne. C’est dommage de jeter du verre pour le recycler alors que l’on peut le réemployer. En plus, nous récupérons nos propres bouteilles. Cela complète notre logique de circuit court. Il y a aussi quelques économies réalisées entre l’achat d’une bouteille neuve et une lavée. Par exemple, pour notre format en 75 cl, il y a dix centimes d’écart en faveur de la bouteille lavée. Et puis nos clients jouent bien le jeu. Par exemple, avec nos ventes via l’Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), nous récupérons 100 % de nos bouteilles. »

Une filière en cours de développement

L’an passé, Pampa Consigne avait récupéré 25.000 contenants en verre. Cette année, au 15 octobre, elle en recense déjà 45.000 auprès de 15 points de collecte (essentiellement des magasins bio). Elle compte doubler chaque année et dépasser le million en 2027/2028. « L’objectif serait qu’il y ait une usine de lavage sur notre territoire afin d’être pleinement dans un circuit court et de réduire encore plus l’empreinte carbone des déplacements. Mais si on augmente notre collecte, alors nous atteindrons un chiffre suffisant pour alimenter un tel site », assure Guillaume Angot. 

Les contenants en verre sont consignés pour un montant 50 centimes. 

L’association sait qu’elle doit encore convaincre de nombreux acteurs, que ce soit les syndicats de traitements de collecte des déchets, les producteurs ou encore les consommateurs… « Mais une fois cette filière bien développée, en plus de l’importance environnementale de ce geste, chacun sera moins confronté à la flambée des prix du verre. C’est un avantage aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs », assure Guillaume Angot.

Ce système de consigne offre donc plusieurs aspects positifs et a pour vocation de produire une économie circulaire, solidaire et locale. Bientôt, il pourrait être disponible partout en France via le petit producteur local jusqu'aux géants de l’agroalimentaire avec des points de collecte entreposés auprès des distributeurs, « de l’épicier du coin » à l’hypermarché.  

« Nous travaillons également avec des producteurs locaux, des brasseurs, des apiculteurs, mais aussi le groupe Léa Nature… Et nous faisons des appels à projet afin d’initier cette bascule du réemploi et de la consigne », complète Richard Quemin, responsable régional chez Léko.

Pour cet éco-organisme, le réemploi est un système auquel adhèrent aussi bien les producteurs que les consommateurs. « Nous avons réalisé une étude de désirabilité de la consigne auprès de ces derniers. Par exemple, sur les shampoings, 88 % d’entre eux déclarent être prêts à revenir avec le contenant afin qu’il soit réutilisé. Les citoyens ont de plus en plus une conscience écologique. Et le geste du tri, c’est très bien, mais le réemploi, c’est mieux », poursuit Richard Quemin.

Le réemploi entre dans les mœurs. 

Du côté des producteurs, ce modèle semble également séduire :  « Nous avons beaucoup de dossiers de producteurs qui veulent que leurs contenants en verre soient réutilisés ou qui veulent développer d’autres formats de bouteille réutilisable. Ils se sentent engagés d’un point de vue environnemental et leurs clients le réclament », insiste le responsable régional de Léko.

Un accompagnement et un soutien financier

Cet éco-organisme intervient également financièrement auprès de producteurs. « Par exemple, nous allons prendre en charge 50 % d’un audit réalisé par Pampa Consigne auprès d’un producteur dans le cadre d’une convention avec France Consigne, un regroupement d’opérateurs autour du réemploi des contenants en verre. »

Léko, comme Citeo, trouve ses fonds de fonctionnement via les entreprises qui mettent sur le marché des produits emballés. En effet, ces sociétés doivent payer une éco-contribution proportionnelle aux quantités d’emballages qu’elles produisent ou importent. 

Texte : Stéphanie Merzet Photos : Fred Marquet