Coulées de boues, mouvements de terrain, inondations : que risque-t-on vraiment dans le Cantal ?
À éliminer. Telle est la recommandation édictée par les autorités compétentes au sujet de l’immense rocher qui s’est fracassé dans la rivière Cère, au courant du mois d’août, lors d’un éboulement survenu à Thiézac, près d’un pont de la RN 122. « J’en entends parler davantage à Aurillac que chez moi », sourit Philippe Mourgues, le maire de cette commune de 600 âmes, où ce genre de risques naturels fait partie du quotidien. Quand il descend à la ville-préfecture, on lui demande “alors, t’en es où avec ton rocher ?” »
Glissement de terrain : une nouvelle route s'effondre dans le Cantal
Le dossier départemental des risques majeurs (DDRM), révisé en juin 2022, recense notamment 244 communes sur 246 concernées par le risque feu de forêt et de végétation, 164 par les mouvements de terrain ou 127 pour les inondations. Attention, il y a trois niveaux : « existant », « important » ou « majeur ». Sans surprise, à Thiézac, le risque éboulement a été considéré comme « majeur ». Les habitants ne semblent pas non plus tourmentés. Même le gérant du camping en amont n’est pas affolé. Il sera pourtant l’un des premiers inondés, un jour de crue, si le rocher venait à créer un « effet bouchon » en obstruant l’écoulement des eaux de la Cère. Mais ce jour-là, toutes les mesures de prévention seront appliquées.
Le verdict des géologues clermontois« La commune de Thiézac se situe aussi sur un site géologique reconnu : le pas de Cère, le Chaos de Casteltinet… Ce sont des lieux très visités. On y vient également pour ça. On ne fuit pas, insiste le maire. Je ne voudrais pas que l’on pense que Thiézac est inhabitable. » Il y a risque naturel… et risque budgétaire. « Qui va payer ? », s’interroge Philippe Mourgues. C’est la principale question qui le taraude. Début novembre, les géologues clermontois du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) tiendront une réunion devant le conseil municipal, la communauté de communes… et l’État, représenté par la Direction départementale des territoires (DDT), ainsi que la Direction interdépartementale des routes (DIR) du Massif central, gestionnaire de la RN 122. Le dossier devrait se décanter. La facture, elle, pourrait atteindre un montant non négligeable pour un village de 600 habitants. « Nous savons que nous aurons le fonds Barnier (lire ci-dessous) qui nous aidera à hauteur de 50 %, se rassure le premier édile. Mais 50 % de combien ? Nous n’avons encore aucune idée précise du coût… »Philippe Mourgues, le maire de Thiézac. Il parle par expérience. En 2022, des travaux de rénovation de caniveaux poreux, fragilisés par les mouvements de terrain, ont dû être entrepris. « On en avait même l’obligation ». Résultat : 500.000 €. La commune a été subventionnée à hauteur de 80 %. « Ce qui nous a laissé une note importante », euphémise l’élu rural. Début novembre 2023, lors de la tempête Domingos, le parking de la cascade de Faillitoux avait été noyé par un torrent de boue et un enrochement s’était déplacé, bloquant ainsi la rue de La Coste. Un an après, la route est toujours barrée… « J’avais demandé du fonds Barnier et du fonds vert », soupire le maire. Il y en a pour 30.000 € de travaux. « Nous n’avons pas été suivis », regrette-t-il. L’État souhaitait « une étude complémentaire. Alors on a pris le parti de faire quand même : nous lancerons les travaux à la fin de l’année », annonce Philippe Mourgues.
Romain Blanc