Leçon de lutte contre l'extrême droite lors de la Fête de la Rose, à Laguenne
La dernière fois qu’Alain Rousset est venu à une Fête de la Rose, c’était en 2015 à Meymac. Dimanche 20 octobre, dans la salle des sports de Laguenne où se sont réunis militants et sympathisants du Parti socialiste corrézien (*), il a de nouveau joué les grands orateurs aux côtés de François Hollande.
Chacun à sa place, l’un à la tête de la Région Nouvelle-Aquitaine, l’autre réélu au printemps à l’Assemblée nationale, tous deux sur une même ligne au sein du Parti socialiste, ont tenté de résoudre une équation que les dernières élections législatives ont posée avec acuité : comment le Rassemblement national parvient-il à rassembler tant d’électeurs ?
Le défi de l'extrême droite« Sont-ils devenus des extrémistes ? Non ! », se lance François Hollande. Mais ils sont arrivés à un tel point de déclassement, de doute ou de peur... La peur de l’autre tout simplement. » Il reprend : « Nous sommes confrontés à cet enracinement de l’extrême droite. Elle doit nous mobiliser, nous stimuler, parce qu’elle ne porte pas des valeurs démocratiques. »
« Ces électeurs ne sont pas tous des fachos, reprend Alain Rousset. Nous sommes le seul pays démocratique où les régions sont aussi faibles, où même si vous faites le boulot sur le terrain, vous avez de tels scores du RN dans les communes rurales. Alors, il faut qu’on invente. Cette bataille ne peut se faire qu’ensemble. »
Nous sommes confrontés à cet enracinement de l’extrême droite. Elle doit nous mobiliser, nous stimuler, parce qu’elle ne porte pas des valeurs démocratiques.
Ainsi en viennent-ils, chacun avec leurs expériences, à l’autre volet de l’équation : comment réagir face au gouvernement Barnier ? Comment se faire entendre dans un paysage politique fracturé ?
Relancer la décentralisation« Nous, socialistes, avance François Hollande, c’est l’élection présidentielle qui doit être préparée ! Si on fait de la fragmentation, il n’y aura pas de place pour nous. » Évoquant l’Europe et le monde criblé de guerres et de misère, il plaide encore : « Nous avons un besoin d’engagement, dans les partis, dans le socialisme. »Sympathisants et militants ont planché sur le thème "Gauche et ruralités".
Le regard tourné vers la Région et son budget difficile à boucler dans un contexte de rigueur gouvernementale, Alain Rousset poursuit : « On a à la tête de l’État un inspecteur des finances et il nous a mis dans la mouise. La seule solution aujourd’hui, c’est qu’on nous lâche la grappe ! Je ne supporte plus qu’on soit six derrière un ruban, que les réponses à nos concitoyens attendent trois ans et que ça coûte plus cher. La décentralisation de l’économie, voilà ce qu’il nous faut. »
On a à la tête de l’État un inspecteur des finances et il nous a mis dans la mouise. La seule solution aujourd’hui, c’est qu’on nous lâche la grappe !
Et de conclure, rassurant (au moins) pour les élus présents à la Fête de la Rose : « Ça va tabasser dans la voilure, mais on gardera en Nouvelle-Aquitaine nos fondamentaux, surtout celui de la fraternité. »
(*) Deux tables-rondes leur étaient destinées : « Sécurité et tranquillité publique » et « Gauche et ruralités ».
Blandine Hutin-Mercier