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Октябрь
2024

Calyxia : une alternative durable aux microplastiques en pleine ascension

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" C'est l'histoire d'un jeune type d'une petite ville minière de charbon qui a vu l'industrie s'effondrer et a voulu la réinventer " : mineur de père en fils, rien ne prédestinait Jamie Walters à une carrière d'entrepreneur spécialisé dans l'encapsulation. Pourtant, c'est en grandissant dans ce milieu industriel et en observant ses effets néfastes - à la fois ses conséquences sur la santé des mineurs et son impact délétère sur l'environnement - que Jamie Walters a muri le projet créer une entreprise à valeur ajoutée, à la fois capable de pérenniser des emplois et d'être durable en termes de croissance et d'impact. " J'ai réalisé que les industries basées sur des technologies sont souvent celles qui peuvent décoller, qui sont les plus rapides et qui ont le plus d'impact ", témoigne-t-il.  

Jamie Walters commence par décrocher un diplôme en nanotechnologie, puis parachève un doctorat en biotechnologie et ingénierie chimique à Cambridge. Il y enseigne et crée alors son propre groupe de recherche sur la microencapsulation. En 2014, des professeurs de Harvard et de l'ESPCI-PSL le sollicitent à propos d'un projet de TotalEnergies visant à protéger les ingrédients contenus dans les lubrifiants moteurs, afin de pouvoir réaliser des économies de carburant et d'augmenter substantiellement la durabilité des moteurs. Leur collaboration s'avère plus que concluante. " Nous avons révolutionné l'industrie automobile, confie le PDG, et avons démontré techniquement que nous pouvions résoudre des problèmes dans d'autres secteurs. " Ainsi les associés décident-ils de fonder Calyxia, en 2015. Lauréate du programme " Première Usine " du plan France 2030 et de French Tech 2030, la cleantech industrielle installée dans le Val-de-Marne espère aujourd'hui s'imposer comme le leader d'un marché mondial estimé à plus de 10 milliards de dollars. 

Calyxia, alliée stratégique d'une agriculture plus durable 

 " Les gens ne réalisent pas que les microcapsules jouent un rôle majeur dans beaucoup de secteurs ", explique Jamie Walters. Industrie, produits d'hygiène (lessive, cosmétiques, etc.) ou encore agriculture : microparticules et microcapsules sont, quoi qu'invisibles à l'oeil nu, omniprésentes dans notre quotidien et notre environnement, et sont fabriquées dans de nombreux cas à partir de plastique. Dans le secteur agricole, leur rôle principal est de protéger et stimuler les cultures grâce aux ingrédients actifs qu'elles diffusent.  

Vingt ans après l'adoption de cette pratique, le constat est alarmant : les sols sont largement pollués par les microplastiques, qui détruisent non seulement la biodiversité mais viennent également intoxiquer la chaine alimentaire. " C'est un problème invisible aujourd'hui qui pourrait devenir catastrophique si l'on ne fait rien ", alerte le PDG de Calyxia. L'entreprise a ainsi conçu une solution innovante de microcapsule biosourcée et biodégradable, d'une taille pouvant aller de 1 à 20 µm et se présentant comme une alternative durable aux microplastiques. " Non seulement nos produits sont biodégradables, mais ils sont deux fois plus performants que les capsules microplastiques existantes, ce qui signifie que les agriculteurs peuvent utiliser deux fois moins d'herbicides et de fongicides, résume Jamie Walters. Tout en éliminant la pollution microplastique, ils rendent la protection des cultures agricoles plus durable et plus sûre, tout en améliorant le rapport coût-efficacité de la production alimentaire. " Une solution novatrice protégée par 22 familles de brevets et qui fait aujourd'hui de Calyxia la seule entreprise de microcapsule au monde à détenir un label B Corp. 

Une régulation des microplastiques qui fait de Calyxia un acteur incontournable 

L'entreprise fondée par Jamie Walters arrive, à vrai dire, à point nommé sur le marché de l'encapsulation. En octobre 2023, la Commission européenne a en effet adopté une nouvelle loi visant à proscrire l'ajout intentionnel de microplastiques aux produits, en soutien de la réglementation de l'Union européenne sur les produits chimiques (REACH). Une décision qui place logiquement Calyxia en pole position sur le marché européen, pour ne pas dire international des microcapsules, puisque d'autres législations similaires devraient faire également voir le jour dans le reste du monde. Des contraintes réglementaires qui profitent donc à la cleantech basée dans le Val-de-Marne, qui travaille d'ailleurs déjà avec des grandes entreprises dans les secteurs de l'agriculture et des biens de consommation souhaitant remplacer les particules microplastiques par des microparticules biodégradables. " Ce que nous faisons sur tous ces marchés, c'est prendre quelque chose qui reste dans l'environnement pendant des centaines d'années et le remplacer par quelque chose qui disparait, mais qui est aussi plus performant et plus économique, explique le scientifique de Cambridge. Notre vision est donc de faire disparaitre ces produits qui persistent dans l'environnement afin d'améliorer la biodiversité, la fertilité des océans et des sols. " 

Prolonger la vie de certains matériaux pour réduire la pollution 

La solution de Calyxia permet aussi, paradoxalement, de prolonger la durée de vie de certains produits, notamment dans le secteur des matériaux avancés, à l'instar des peintures et des revêtements. Industrie automobile, bâtiments ou routes, ces produits se dégradent progressivement sous l'effet des rayonnement UV et de l'abrasion, libérant au passage des microplastiques dans l'environnement. " La peinture routière se dégrade en minuscules morceaux qui finissent dans l'océan, atteste le PDG, et l'une des plus grandes causes de pollution microplastique aujourd'hui tient à la dégradation des revêtements et des peintures. " Or la solution mise au point par Calyxia permet de faire tenir ces matériaux dix fois plus longtemps, ce faisant de limiter les repeintures et donc de réduire drastiquement l'empreinte carbone du produit, tout en réduisant la pollution microplastique d'environ 90 %. " Je pense qu'il s'agit d'un bon exemple où la fabrication de matériaux plus performants contribue à la décarbonation et à la réduction de la pollution microplastique et plastique dans le monde ", affirme ainsi Jamie Walters.  

Un fleuron de l'écosystème entrepreneurial français  

Bien qu'il soit britannique, c'est à Bonneuil-sur-Marne (Ile-de-France) que Jamie Walters a choisi, avec ses associés français et américains, d'établir le siège de Calyxia. Convaincu du rôle de leader de la France en matière d'entrepreneuriat, d'industrie technologique et de réglementation vis-à-vis des microplastiques, Jamie Walters encourage vivement les entreprises et startups étrangères à s'établir en France : " La France a tous les ingrédients pour devenir leader industriel en Europe : un écosystème technologique favorable, le soutien du gouvernement aux entrepreneurs, un modèle éducatif qui forme de brillants scientifiques. Calyxia est fière d'être une entreprise française ". Le dirigeant tient à souligner le soutien constant à l'innovation et à l'industrialisation dont son entreprise a pu bénéficier en s'installant dans l'Hexagone, que ce soit à travers des crédits d'impôt pour la R&D, via des subventions ou des programmes d'accélération tel que l'Accélérateur Néo Startups Industrielles proposé par Bpifrance, dont l'entreprise a intégré la 3e promotion en novembre dernier. " Le niveau d'expertise technique en France est inégalé ", estime Jamie Walters.  

Les ambitions folles de Calyxia 

Avec son nouveau tour de table en série B de 35 millions de dollars (alimenté, entre autres, par le fonds Large Venture de Bpifrance) portant le total de son financement à hauteur de 70 millions d'euros, Calyxia devrait rapidement atteindre la rentabilité et se donne plus que jamais les moyens ses ambitions : à savoir, devenir un leader incontesté sur le marché de l'encapsulation. De 15 employés en 2020, l'entreprise francilienne en compte aujourd'hui près d'une centaine... et ce n'est que le début. D'ici 2025, l'entreprise entend doubler ses effectifs, pour arriver finalement à 300 collaborateurs en France (et 500 dans le monde) d'ici 2030. Sa nouvelle usine, prévue pour le 1er trimestre 2025, accueillera six nouvelles unités de production, augmentant ainsi sa capacité totale de 500 à 3 000 tonnes annuelles de microcapsules. Un passage à l'échelle inévitable pour une entreprise qui compte bien déployer sa solution aux Etats-Unis, en Asie et possiblement en Amérique latine - et ce en créant trois sociétés indépendantes au sein de ses principaux marchés que sont l'agriculture, les biens de consommation et les matériaux avancées. Le tout en maintenant son siège et le coeur de son innovation en France. " Nous serons toujours une entreprise française, avec des usines dans le monde entier capables de fournir des marchés mondiaux et d'avoir un impact à grande échelle ", soutient Jamie Walters, plus déterminé que jamais à changer la face de l'industrie. 

 

Cet article a été publié initialement sur Big Média Calyxia : une alternative durable aux microplastiques en pleine ascension