Le bistrot a donné le ton de la fête patronale
Chard. Chard était à la fête. La seule fête patronale du secteur qui se passe sans artifice, c’est celle de Chard. Du moins pour le feu parce qu’en ce qui concerne le reste et surtout l’ambiance, l’atmosphère est plutôt pétillante.
Quand une majorité d’hommes courent à perdre haleine derrière le chevreuil ou le sanglier, les serveuses tirées à quatre épingles font tourner la buvette du désormais célèbre petit bistrot de Chard. Idem pour les nostalgiques du labour ancien qui pataugent dans la terre grasse du côté du plateau alors que la cheffe cordon-bleu taille les bavettes du festin de midi à la mode chardaise.
Et les enfants joyeux et insouciants serpentent à quatre pattes entre les tonneaux-bars pendant que les parents cheveux courts, cheveux longs, barbe de trois jours ou barbe à papa, parlent du temps maudit qui a mis les ruches au chômage et le blé en éclaircie dans des saisons qui ne se reconnaissent plus elles-mêmes.
A Chard, on se réunit entre copains pour refaire les guerres de crampons et de clochers que l’on a oubliées d’oublier. Les tables rondes féminines sont plus subtiles, elles sont à la fois moins bruyantes mais plus rieuses, plus savoureusement « on the rocks » aussi avec un doigt de féminisme. Elles donnent très peu dans la nostalgie et davantage dans le présent pour grignoter la vie à pleines dents.
A Chard, le ciel a d’abord fait les gros yeux de nuages menaçants avant de laisser à l’écart sa mauvaise humeur des jours précédents pour que la fête soit belle, simple mais belle.