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Октябрь
2024

Des victimes par centaines dans un dossier d'escroquerie jugé dans l'Allier, le commanditaire présumé introuvable

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Lors de cette audience correctionnelle, une seule victime se présente pour témoigner d’une escroquerie subie en achetant un téléphone portable sur un site internet qu’elle pensait fiable. Son compte bancaire a bien été débité, mais l’objet jamais envoyé. Ce cas est loin d’être isolé. Il y en a eu des centaines.

Plus de cinq cents victimes

Cherchant à faire la synthèse d’un dossier volumineux, le tribunal évoque un total de 593 victimes, sur la période de mars à novembre 2017, pour un préjudice de 146.000 €. Des plaintes sont déposées dans l’Allier, en Corrèze et dans d’autres départements de France.

Au cours de l’enquête menée par la section de recherches de Clermont-Ferrand, les militaires identifient plusieurs sites frauduleux, accompagnés de numéros de Siret, de téléphone et de logos pouvant leur donner une apparente crédibilité.

Les fonds provenant d’achats de toutes sortes transitent sur des comptes bancaires créés par des intermédiaires suspectés d’avoir blanchi l’argent. Les sommes sont ensuite envoyées au Bénin par le biais de transferts internationaux.

Trader et étudiant en médecine au Bénin

Le commanditaire présumé, désigné par le parquet comme la « tête de pont » de cette escroquerie, est absent à l’audience. Lors de son interpellation, en 2019, il se présentait à la fois comme trader et étudiant en médecine de la faculté de Cotonou (Bénin).

D’abord placé sous mandat de dépôt, le trentenaire a été libéré sous contrôle judiciaire et a pris la fuite. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis cinq ans.

« On a des gens de niveau, qui déploient des moyens », a déclaré le vice-procureur Guillaume Michel évoquant « une multiplication d’escroqueries venant du Bénin » et, dans cette affaire, « aucune coopération » avec le pays malgré les demandes de la justice française.

À l’encontre du trentenaire, trente mois d’emprisonnement dont dix-huit mois assortis du sursis avec mandat d’arrêt sont requis.

Du sursis requis pour les trois autres prévenus

Présents à l’audience, trois autres prévenus doivent répondre d’escroquerie ou de blanchissement. Graphiste, l’un d’eux se défend d’avoir participé à la réalisation des sites en sachant qu’ils seraient utilisés pour commettre des délits, l’avocat d’un autre trentenaire plaide la relaxe tout comme le conseil d’un ancien militaire de la Marine nationale.

Âgé de plus de 80 ans, ce prévenu avait pour projet de construire des bateaux de pêche, en Polynésie française, avec un brevet, et cherchait à lever des fonds. « Il est la victime dans cette affaire et pas l’auteur d’un blanchiment », a plaidé Me Barnoud pour relever l’absence d’élément intentionnel.

Le parquet a requis un an de prison avec sursis pour le graphiste et trois mois avec sursis pour les deux autres hommes.

L’affaire est mise en délibéré au 19 décembre.

Estelle Dissay