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Октябрь
2024

La communauté agricole Emmaüs de Tarnac accueillera ses premiers "compas" en février 2025

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Au 10 rue du Champ des Rameaux, à Tarnac, le chantier bat son plein. Et la communauté agricole Emmaüs Montagne Limousine, portée par l’association Montagne Accueil Solidarité (MAS), basée à Peyrelevade, prend peu à peu ses marques.

Au printemps dernier, elle est entrée effectivement en probation au sein de la fédération des communautés Emmaüs, parrainée par celle de Limoges, qui l’accompagne et l’aide notamment à se meubler. Preuve que le projet intéresse et mobilise.

À tous les étages de la maison communautaire, toutes les fenêtres ont été changées. « Ça nous a fait un bon billet, parce qu’il y en a beaucoup », glisse Florence Hubert, qui pilote le projet. 400.000 € environ ont été levés pour lancer le projet, abondés par une cagnotte solidaire qui en a rapporté 36.000. « Le projet est bien accueilli, apprécie la jeune femme. Dans l’hiver, on lancera un nouvel appel à dons pour terminer les travaux et lancer l’activité, et mettre un peu de côté pour la suite. »

L'activité traiteur lancée

Au rez-de-chaussée, une cuisine a été installée, avec tout l’équipement professionnel qui convient ; depuis quelques mois, une cuisinière a été embauchée pour lancer l’activité traiteur. Elle fournit déjà le magasin général en préparations à emporter trois midis par semaine et participe à des événements à la demande. « Tous les gens qui mangent ses plats trouvent que c’est hyper bon, sourit Florence Hubert. C’est un bon début. »Le projet régale déjà.

Pour l’approvisionner, le potager du Goutailloux est entré en production l’an dernier. Géré par deux maraîchères et des bénévoles, il livre une quarantaine de paniers. « L’an prochain, on va ajouter deux serres pour produire davantage et surtout toute l’année, pour alimenter l’activité traiteur et la conserverie. »

Au rez-de-chaussée toujours, la salle commune, avec sa belle cheminée et sa grande tablée, et le salon adjacent attendent un coup de peinture et quelques meubles « pour que ça soit convivial ». À l’étage, les chambres ont un nouveau revêtement de sol, l’électricité, les douches et les sanitaires sont tout neufs. C’est là que seront hébergés les cinq « compas », qui seront accueillis « dans un premier temps ». Cinq hommes ou femmes exilés sans papier, qui trouveront là le gîte, le couvert et une activité.

Cinq "compas" accueillis

Pour l’heure, quatre d’entre elles sont accueillies à la Maison aux volets rouges, à quelques rues de là. « Elles sont très motivées pour nous rejoindre. Et puis, la Maison sera vendue, précise Florence Hubert. L’idée, c’est de proposer un accueil plus global. Le logement, d’accord, mais aussi une possibilité d’activités. Les exilés sont très demandeurs de faire quelque chose de leur journée et d’être plus autonomes financièrement, au-delà de l’allocation de vie à laquelle ils auront droit. Pour l’estime de soi, c’est bien de faire quelque chose d’utile. Là, ce sera en plus pour la communauté.Les chambres des "compas" sont grandes et lumineuses.

Une dizaine de personnes sont déjà sur liste d’attente. « C’est dur de leur “je ne sais pas si je pourrai te prendre”. »

« La prochaine étape, ce sera d’isoler le toit, mais on voulait commencer par l’essentiel, pour commencer au plus vite notre activité. On pourra même prévoir, plus tard, l’aménagement de quelques chambres supplémentaires sous les combles. À terme, reprend-elle, on envisage d’accueillir une vingtaine de personnes, mais pas qu’à Tarnac (*). À l’image du territoire, peu de monde et dispersé. »

L’inauguration de la communauté est prévue pour le mois de février prochain.

(*) L’association MAS accueille également des exilés dans une maison à Faux-la-Montagne et un appartement à Felletin, en Creuse.

Une chaufferie, avec chaudière à bois, a été créée.

Deux grandes chambres froides viennent d’être branchées, l’autoclave ne devrait pas tarder. Les équipements de plonge ou de transformation trouvent peu à peu leur place. « La conserverie se termine », apprécie Florence Hubert, entre deux conciliabules avec les bénévoles qui s’activent sur les branchements électriques.La conserverie prend forme. 

Ce sera le cœur de l’activité de la communauté. « D’abord, on va produire exclusivement des produits végétariens, puis, quand les équipes seront bien en place, de la viande. À terme, on aimerait faire 40.000 pots par an », qui seront vendus dans les épiceries bio locales, sur les marchés, de Felletin et Eymoutiers pour commencer, peut-être aussi dans les boutiques Emmaüs, à Paris notamment. 

Un réseau de distribution à construire

Le réseau de distribution reste à construire, les recettes seront testées au cours de l’hiver. Les commandes aux producteurs locaux suivront. « L’idée, c’est d’inscrire notre projet sur le territoire et de travailler en partenariat avec des producteurs locaux », pose Florence Hubert.

Tartinades, coulis, chutney… « Déjà, un agriculteur va planter deux hectares de moutarde pour nous. Dans le jardin, elles ont planté des petits fruits et de la rhubarbe et plusieurs maraîchers sont motivés pour nous », avance Florence Hubert. « L’objectif, c’est d’être autonome comme pour chaque communauté Emmaüs. Et à l’avenir, on pourrait ajouter des poules pondeuses et un peu de boulangerie. »

Les travaux de la conserverie devraient être achevés à la fin du mois.

Blandine Hutin-Mercier