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Октябрь
2024

Dans son nouveau roman, l'auteur montluçonnais Jean-Claude Fournier livre un secret de famille

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Elle s’appelait Louise, c’était son arrière-grand-mère maternelle. Une descendante de hobereaux creusois ruinés après la Révolution française. Une femme au parcours amoureux très tourmenté. Orpheline à 2 ans, placée chez sa grand-mère à l’âge de 9 ans. Puis, c’est l’inconnu.

À 16 ans, on la retrouve domestique à Auzances, dans la Creuse. Elle aura trois enfants, deux fils et une fille, tous nés de père inconnu. « Il serait facile d’en faire une femme de petite vertu. Au contraire, c’était quelqu’un d’admirable », souligne Jean-Claude Fournier qui publie Chienne et fille perdues sans collier (*), présenté ce week-end au Salon régional du livre.

Jean-Claude Fournier : « Dans ma famille on n'était pas prude, mais c'était un secret de famille ».

Un cinquième roman au titre énigmatique. Alors, on déchiffre. La fille sans collier, c’est-à-dire laissée à l’abandon, c’est la petite Louise. Et la chienne ? C’est « Riquette », une « corniaude » errante trouvée dans la rue qui va vivre d’intenses moments de complicité avec l’adolescent.

Le fils du boucher

Gamin, Jean-Claude Fournier est heureux dans le Montluçon des années 50 même s’il vit très mal le métier de ses parents bouchers. C’est ce qu’il raconte dans son livre qui mélange récit autobiographique et fiction. « J’avais honte d’être fils de boucher même si c’était des gens adorables. Car j’ai été le témoin de scènes dignes de l’Holocauste à l’abattoir. »

Quarante-neuf écrivains, ce week-end, au Festival régional du livre à Montluçon

Les mots sont forts et il assume. « D’un autre côté, mon père ne voulait pas tuer les chiots de Riquette. En tout cas, cela m’a montré la cruauté de l’espèce humaine envers les animaux. »

Le roman de Jean-Claude Fournier mélange plusieurs histoires dont la trame principale reste l’arrière-grand-mère qui a fait l’objet de recherches généalogiques. « C’est un copain qui s’en est chargé », souligne l’auteur qui, dans sa quête, a voulu éclaircir un secret de famille.

Quand j’avais 12 ans, j’ai voulu comprendre pourquoi mon grand-père et le frère de celui-ci ne portaient pas le même nom. 

« On m’avait répondu : “Ne t’occupe pas de ça, ça ne te regarde pas”. Plus tard, pour couper la conversation, mon grand-père, m’avait dit que son premier mari était mort à la guerre ! »

Aujourd’hui, Jean-Claude Fournier en sait plus sur Louise qu’il a côtoyé quelques fois lorsque son père se rendait à Fontanières, en Creuse, avec sa bétaillère. Elle a eu un premier fils très jeune qui est devenu maçon à Montluçon, puis une fille qui décédera à l’âge de 20 ans.

Pas un cas isolé

Enfin, un deuxième fils. « Elle a vécu maritalement avec un homme de 17 ans de moins. Ils finiront par se marier et il reconnaîtra l’enfant sans que l’on sache vraiment si c’était son enfant à lui. » Pour Jean-Claude Fournier, cette histoire particulière n’était pas un cas isolé.

« Au début du XXe siècle, beaucoup d’autres femmes se sont retrouvées dans cette situation. Pour moi, Louise n’était pas une femme frivole mais plutôt une jeune orpheline qui a été livrée à l’appétit des hommes. » 

(*) Le livre est disponible chez Cultura (Leclerc) et au bar tabac de Bien-Assis. Prix : 17 heures.

Gloire et décadence du canal de Berry selon l'écrivain montluçonnais Jean-Claude Fournier

Écrivains. Quarante-neuf auteurs participent au Festival régional du livre. Ils viennent pour moitié de l’Allier, mais aussi du Cher, de la Creuse, de l’Indre...

Horaires. Le festival se tient à la Ferme des Îlets, ce samedi 19, de 10 à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, et dimanche 20, de 10 à 18 heures. La remise des prix aura lieu dimanche à 11 h 30. Entrée libre.

Fabrice Redon