Universelle panacée
Il faut l’avoir bien présent à l’esprit. Le Doliprane n’est pas qu’un simple anti-douleur prompt à faire descendre le thermomètre. Non, c’est une panacée universelle qui a réussi le miracle de réconcilier les Français prêts à faire rempart de leur corps pour conserver le trésor. À peine a-t-on annoncé qu’il pourrait tomber dans des mains « étrangères », que c’est le pays tout entier qui s’est dressé comme un seul homme. Le consensus, évidemment prétexte d’enjeux plus complexes, prêterait à sourire si nous tous n’avions pas été échaudés par les précédentes pénuries. Pis encore, s’il ne nous était pas revenu en mémoire ce qui, ces dernières décennies, a échappé à l’Hexagone. Savoir-faire et productions envolés vers des cieux financièrement plus cléments. Voire, si nous n’avions pas quelques aigreurs en songeant à ces fleurons industriels qui, malgré les promesses, en dépit des garanties, au-delà des engagements, ont pris la tangente après avoir empoché le magot des aides publiques. Contre ces maux-là, on aura beau doubler la dose, le Doliprane ne pourra pas grand-chose.
L'éditorial
Sophie Leclanché