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Puy-de-Dôme : dix ans après les faits, un dossier devenu bien léger...

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Dès le début du premier jour d’audience, ce mercredi matin, la présidente du tribunal correctionnel clermontois, Isabelle Ferret, avait planté le décor : le dossier dans lequel allaient être jugés sept prévenus, suspectés d’une série de délits allant de l’abus de biens sociaux à la détention d’arme et de stups, en passant par du blanchiment, devra être abordé "avec l’importance qu’il a (ou qu’il n’a plus, NDLR), dix ans après les faits reprochés".

Après une décennie d’instruction, de nombreux non-lieux et, finalement, une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel rendue seulement en novembre 2023 par le magistrat instructeur, cette affaire a perdu au passage beaucoup de matière. Pour ne pas dire d’intérêt…

Des réquisitions modérées

Le temps judiciaire a passé, ce qui ne signifie pas pour autant que la procédure est vide, comme l’a rappelé ce jeudi matin le procureur de la République, Thibault Fouris, lors de ses réquisitions.

"À plusieurs titres, la ligne rouge a bien été franchie, notamment par le principal mis en cause", a-t-il estimé, avant de revenir en détail sur tous les éléments à charge impliquant, selon lui, le prévenu suspecté d’avoir littéralement vampirisé, entre 2014 et 2015, un garage automobile de l’agglomération clermontoise et une société d’achat-vente de caravanes et camping-cars des environs de Riom.

Présenté alors comme un "juge de paix" au sein de la communauté puydômoise des gens du voyage, cet homme aujourd’hui âgé de 52 ans n’a jamais changé de position, y compris à cette audience : le chapeau qu’on veut lui faire porter dans cette affaire serait beaucoup trop grand pour lui…

Ces dénégations n’ont pas empêché le représentant du ministère public de requérir à son encontre une peine de dix-huit mois de prison ferme, "susceptible d’être aménagée", sachant que le quinquagénaire a déjà effectué sept mois et demi de détention provisoire, dans le cadre de ce dossier, en 2016.

Concernant son fils, sa fille et son gendre, notamment poursuivis pour détention d’arme et de stups, recel d’abus de biens sociaux ou encore blanchiment, il a requis des relaxes.

Enfin, dix mois avec sursis simple et des peines d’amendes avec sursis ont été demandés à l’encontre du gérant de fait de la société de caravaning, de son père et du garagiste (*), dont certains agissements auraient, eux aussi, à l’époque, dangereusement flirté avec les limites de la légalité…

"Ça n’a aucun sens ! "

L’ancienneté des faits, fil conducteur de ce procès, a été logiquement évoquée par Me Philippe Scrève, du barreau de Lyon, avocat du gendre du principal mis en cause, pour lequel il plaidait une relaxe. Non sans mettre en avant "patine du temps" et "délais largement déraisonnables", il a rappelé "la grande légèreté des charges pesant, quasiment dès le début de la procédure", sur son client, "pour ne pas évoquer l’absence totale de preuves".

Avocat du "patriarche", de son fils, de sa fille et de son gendre (pour lesquels il a lui aussi sollicité des relaxes), Me Jean-François Canis a également sonné la charge contre "cette affaire de 2014 que l’on juge en 2024, ce dossier imaginé, uniquement bâti sur des écoutes téléphoniques (il y en a près de 50.000 pages dans la procédure, NDLR), cette ordonnance de renvoi pas sérieuse".

"Il est inacceptable de se retrouver dans une telle situation, a-t-il ajouté. Ça n’a aucun sens. Le temps qui passe pèse forcément sur tout, et notamment sur les peines qui peuvent être prononcées".

Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 7 novembre.

Christian Lefèvre

(*) Les deux premiers étaient représentés par Me Anthony d’Aversa et le troisième était défendu par Me Naïma Hizzir.