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Géolocalisation, microanalyse de poussières et de traces de terre : comment le véhicule du suspect a permis de retrouver Lina

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Identifiée grâce à un travail minutieux de recoupement opéré à partir d’images de vidéosurveillance, cette Ford Puma grise, volée en Allemagne un mois avant l’enlèvement de Lina, a été retrouvée par les enquêteurs en juin 2024 dans une fourrière de Narbonne. Elle avait été confisquée et placée là en janvier, suite à un refus d’obtempérer commis dans l’Aude par le meurtrier présumé, désormais décédé – il s’est suicidé en juillet.

À l’intérieur du SUV, les enquêteurs ont découvert des indices matériels accablants, à commencer par le sac à main de l’adolescente, ainsi qu’une cordelette portant le profil génétique de Lina et du suspect. 

Le parcours retracé grâce au GPS intégré

La Ford a également livré des informations de localisation fondamentales. Samuel Gonin avait pris soin, dans son périple criminel, de n’utiliser aucune ligne téléphonique et de désactiver le GPS satellitaire de la Ford. Mais il a été « trahi » par un autre dispositif désormais intégré à tous les véhicules : un GPS de type carte SIM.

« Cette technologie, rendue obligatoire par une directive européenne de 2012, fonctionne comme un téléphone, en se connectant en temps réel aux antennes-relais le long des routes. Ces bornages permettent de retracer a posteriori un itinéraire complet et les arrêts effectués en chemin », explique le général François Daoust, ancien directeur de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie.

L’exploitation du GPS a montré que la Ford se trouvait tout près du lieu de l’enlèvement, juste après que le téléphone de Lina a cessé d’émettre, le 23 septembre 2023. Et dans la Nièvre le lendemain.

Au-delà des objets retrouvés dans le SUV, qui ont confirmé la présence de Lina et son probable ligotage, l’examen approfondi du véhicule dans le laboratoire de l’IRCGN a pu permettre de récolter d’autres éléments essentiels. « Nos experts ne se contentent pas de rechercher des empreintes digitales et de l’ADN, souligne François Daoust. Il y a parmi eux des spécialistes en microanalyse, capables d’exploiter les fibres, poussières et autres traces de boue. »

Mis sur la bonne piste grâce à la chimie minérale ?

Ces dernières sont potentiellement riches d’enseignements : « Grâce à la chimie minérale, on peut déterminer très finement la composition de la terre retrouvée par exemple sous les pédales du conducteur, et cibler les endroits dans lesquels le sol présente exactement les mêmes caractéristiques. » 

Les gendarmes seraient-ils parvenus jusqu’à la dépouille de Lina, dissimulée dans une zone boisée et isolée, à plus de 400 km de chez elle, en croisant cet indice “minéral” avec le parcours reconstitué de la Ford ? « Dans ce cas précis, je ne sais pas, mais c’est une possibilité », répond François Daoust.

Avant de se focaliser sur la Nièvre, les gendarmes avaient déjà mené des fouilles, cet été, dans des forêts des Vosges et de Haute-Saône, autres départements traversés par la Ford Puma. « Ils étaient encore loin d’avoir tout exploré, avance l’ex-patron de l’IRCGN. Beaucoup d’autres pistes restaient ouvertes. » Celle qui les a menés à Sermoise-sur-Loire a finalement été la bonne.

Stéphane Barnoin

A lire. Police technique et scientifique, le choc du futur, de François Daoust (avec Jacques Pradel), paru en février 2024 aux éditions du Rocher. 352 pages, 19,90 euros.