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Октябрь
2024

Un tribunal sud-coréen reconnaît la misogynie comme un crime haineux

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Le verdict fait suite à la plainte d'une employée d'un dépanneur qui avait été agressée par un homme criant "les féministes méritent d'être battues" parce qu'elle avait les cheveux courts.

La victime a perdu l'audition de son oreille gauche et est depuis au chômage, selon les militantes qui la soutiennent.

Le tribunal du district de Changwon a condamné mardi à trois ans de prison l'agresseur ajoutant une clause stipulant explicitement que le crime était motivé par la misogynie. Le verdict ne peut pas faire l'objet d'appel, a précisé à l'AFP le porte-parole du tribunal.

L'agresseur, âgé d'une vingtaine d'années, a commis un crime "sur la base d'une haine infondée et de préjugés à l'égard des femmes, ce qui constitue un motif pour l'infraction", a statué le tribunal.

L'avocat de la victime a salué cette décision, affirmant qu'elle ouvrait la voie à un pays plus sûr pour les femmes.

"Jusqu'à présent, je n'ai personnellement vu aucun cas où un tribunal a explicitement identifié la misogynie comme un mobile pour un crime", a déclaré à l'AFP Lee Gyeong-ha, l'avocat de la victime.

"Beaucoup d'agresseurs affirment ne pas détester les femmes mais les féministes. Cette décision est importante car elle précise que dire des choses comme "les féministes méritent d'être battues" est également enraciné dans la misogynie", s'est réjoui l'avocat.

Bien que la Corée du Sud soit une puissance technologique de premier plan et un exportateur majeur de culture pop, elle reste une société conservatrice avec un piètre bilan en matière de droits des femmes.

Lors des Jeux de Tokyo en 2021, la triple championne olympique An San avait été victime d'intimidation en ligne et hors ligne parce qu'elle avait les cheveux courts, ce qui signifiait qu'elle était féministe.

Certains détracteurs sont allés jusqu'à exiger qu'elle rende ses médailles et qu'elle présente ses excuses.

Les militantes féministes de la province du Gyeongsang du Sud, où le crime a eu lieu, ont qualifié la décision d'"historique".

"Les crimes misogynes n'ayant pas été suffisamment punis par les tribunaux ont renforcé les stéréotypes de genre et entravé l'égalité des sexes", a déclaré à l'AFP Lee Gyeong-ork, de l'Association des femmes de Gyeongnam.

Mais le verdict du tribunal "a établi un cadre pour punir légalement les criminels misogynes", a-t-elle ajouté.