Un Cantalien inondait son ex de messages, il reste en prison : "On ne peut pas laisser la situation se dégrader éternellement"
Rien à faire, il ne comprend pas. Le trentenaire, qui vit mal la séparation au point de faire vivre un enfer à son ex-compagne à coups d’appels, de messages et de mails, comparaît incarcéré comme un délinquant aguerri. Il est pourtant quasiment inconnu de la justice.
L’histoire démarre en juillet, du côté d’Ydes, quand sa compagne veut le quitter. Il s’en va, mais multiplie les appels téléphoniques, 219 en moins d’un mois. Comme elle ne répond pas ou le bloque, il trouve d’autres moyens, passe par ses enfants, va à son travail… Jusqu’à ce qu’elle porte plainte.
Épisode I. L’homme est prévenu une première fois par les gendarmes, le 21 août, mais il continue. Son ex-compagne se sent épiée, elle déménage… et il emménage à 100 mètres de sa nouvelle maison. Il passe aux mails, avec plusieurs adresses, puisque « ce ne sont pas des appels ni des SMS… » Pas d’insultes, même si elle dénonce des menaces qui ne seront pas retrouvées : il l’inonde de mots d’amour et s’inquiète de ne pas pouvoir vivre sans elle.
Épisode II, le 30 août, il est cette fois-ci déféré devant le procureur, et un contrôle judiciaire est mis en place, avec interdiction de rentrer en contact avec elle. Raté : il continue, menace de se suicider. Le parquet se fâche, et il est incarcéré le 3 septembre.
Dix-huit mois de prison requisDevant le tribunal correctionnel, il jure que les cinq semaines d’incarcération l’ont aidé à comprendre. « Je ne ressens plus rien pour elle, c’est malheureux qu’il ait fallu en passer par la prison… »
« Ce n’était pas dans le but de la déranger, c’est juste que j’étais en pleine dépression… », continue-t-il. Il a été condamné l’année dernière à sept mois de prison avec sursis pour, déjà, une agression sexuelle sur la même femme. À l’époque, il avait reconnu les faits, mais quelques mois plus tard, il s’agace : « Je n’avais rien fait. »
La relation, marquée par l’alcool de son côté, avait continué jusqu’à l’été. Pour son avocate, Me Corinne Sermadiras, son client est un « imbécile », un « amoureux transi ». Le parquet est plus sévère : « Il n’a pas conscience du trouble et du dommage qu’il a causé », reprend de volée le procureur Paolo Giambiasi. Il requiert dix-huit mois de prison, dont six avec sursis probatoire, une interdiction de paraître à Ydes, Mauriac, au domicile de madame et une interdiction de rentrer en contact avec elle, mais ne demande pas de maintien en détention.
Avec un avertissement. « On ne peut pas laisser la situation se dégrader éternellement. Les peines augmenteront. Le ministère public ne vous oublie pas : vous ne serez pas pris par surprise… » Le tribunal est allé plus loin : le trentenaire a été condamné à quinze mois de prison dont douze avec sursis probatoire, mais révoque les sept mois de prison avec sursis de la précédente affaire. Surtout, le trentenaire est maintenu en détention pour purger sa peine.
Pierre Chambaud