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Октябрь
2024

Avec leur fresque, des habitants du quartier Brésard à Guéret placent la nature au cœur des HLM

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Un bout de nature au milieu des barres HLM. Dans le quartier Brésard à Guéret, dans la Creuse, le local de l’espace de vie sociale les 1 000 couleurs vient d’achever sa transformation. Le crépi gris s’est paré d’immenses feuilles de monstera, une cascade, un papillon, un oiseau de paradis, un éléphant, des palmiers… Bref, une immense jungle luxuriante qui « donne le moral » sourit Salima, une habitante du quartier depuis 40 ans. « Après l’incendie de l’ancien local de l’association de quartier Oasis [en mars 2019] c’est comme si le bâtiment revivait grâce aux peintures. »

À l’origine du projet, l’espace de vie sociale, les 1 000 couleurs, qui s’est associé au street-artiste creusois Florent alias Baloo, fondateur de l’association Coopéranim 23 & Baloor 87. « Quand j’ai été contacté il y a environ deux ans, se remémore l’artiste, le quartier était un peu tristoune et manquait de couleur. » Alors l’idée de métamorphoser un bout du parc HLM en « quelque chose de plus gai » l’a convaincu. Mais à une condition : faire participer les habitants du quartier Brésard. « Une première rencontre a été organisée en juillet si je ne dis pas de bêtise. Ils m’ont exposé leurs envies et on a choisi un thème tous ensemble. » À la fin de cette séance inaugurale, la vingtaine de participants, âgés de 6 à 80 ans, a tendu un cahier des charges bien précis à Baloo : « ils voulaient un max de couleurs et de nature ».

Des insectes, un oiseau de paradis, une cascade placent la nature au cœur des HLM. 

Une dizaine d’ateliers ont alors été organisés les mercredis après-midi cet été. Les participants ont d’abord appris à dessiner sur du papier. Est venu ensuite le moment d’apprivoiser les fameuses bombes de peinture utilisées par les graffeurs. Pour attaquer finalement le mur du local. « Tout le monde a participé d’une manière ou d’une autre. Soit en donnant des idées, soit en peignant directement avec moi. C’est vraiment un projet commun », salue le peintre creusois qui œuvre pour « transmettre les valeurs et l’esprit du mouvement hip-hop au grand public ».

Le street-art détourne le mobilier urbain

Dans le détail, il a fallu une vingtaine d’heures aux apprentis street-artistes pour réaliser « le fond coloré » rose, blanc, bleu, vert de la fresque. Tandis que Baloo a consacré trois journées au début du mois d’octobre pour « tracer les gros traits noirs qui définissent les contours des dessins ». Mais aussi la tête d’éléphant qui habille l’un des murs du local. « Pour l’anecdote, cet éléphant est né du fait qu’il y a une colonne sèche impossible à déplacer à cet endroit. On y a dessiné la trompe en se disant que ça pouvait être drôle d’imaginer les pompiers se brancher dessus pour envoyer l’eau en cas d’incendie. » C’est là tout l’art du street-art. Détourner l’existant urbain pour atténuer le souvenir traumatique des flammes qui avaient dévoré l’ancien lieu de vie du quartier. 

Camille Moreau