Puy-de-Dôme : cinq hommes condamnés après une rixe dans la cour de promenade de la maison d'arrêt de Riom
Le profil de ce détenu ne passait sans doute pas inaperçu au sein de la maison d’arrêt de Riom, en ce début d’année 2022. Zaki Ali Toumbou y purgeait en effet une peine de réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans, pour trois meurtres et un viol avec séquestration, commis en mars 2017, à Montluçon (Allier), alors qu’il avait 18 ans.
Une agression sans doute préméditéeCe 12 janvier, ce jeune Mahorais fait du sport dans une cour de promenade de l’établissement, lorsqu’il est violemment pris à partie par six autres détenus. La rixe, visiblement préméditée et qui dure près de deux minutes, nécessite l’intervention des agents pénitentiaires et vaudra à ses auteurs de faire l’objet de sanctions internes, notamment avec des passages en quartier disciplinaire, mais aussi une convocation devant le tribunal correctionnel.
Ce mardi 15 octobre, cinq des six prévenus (*), âgés de 22 à 31 ans, ont donc dû s’expliquer sur ce que la procureure de la République, Fabienne Cancelier, a qualifié de "véritable lynchage". Un seul a finalement tenté de justifier à la barre les motifs de cette rixe bien préparée : leur "cible", outre le fait d’avoir uriné dans la cour de promenade et d’avoir un comportement pour le moins étrange, aurait aussi menacé de les "charcler" (les tuer, NDLR) ou de leur "mettre un coup de lame" avec un couteau en céramique dont il aurait alors été en possession.
"Même si ces menaces ont bien existé, ce qui reste à prouver, rien ne justifie ce passage à tabac et le fait de se comporter en redresseurs de torts ou en justiciers", a insisté la représentante du ministère public. Elle a requis des peines de six mois pour l’un des prévenus et de dix mois de prison pour les autres.
Cinq et sept mois de prison fermeLes deux avocats présents dans ce dossier, Mes Jean-François Canis et Vanessa Bonnard, tout en rappelant que ces faits de violences en détention "sont malheureusement monnaie courante et finissent rarement devant un tribunal", se sont aussi étonnés qu’"un homme condamné à perpétuité pour des faits d’une extrême gravité a pu se retrouver pendant un temps incarcéré à la maison d’arrêt riomoise et non en centrale".
Le tribunal a condamné l’un des prévenus à cinq mois et les quatre autres, à sept mois de prison ferme.
Christian Lefèvre
(*) Trois sont aujourd’hui sortis de détention ; un quatrième, condamné dernièrement à dix ans de réclusion criminelle dans une affaire de vol avec séquestration, avait été extrait du centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône et un dernier, lui aussi incarcéré dans le cadre d’autres affaires, était entendu en visioconférence. Le cas du sixième prévenu, également détenu mais absent à l’audience, a été disjoint. Il sera jugé en avril prochain.