À Avallon, lors du premier conseil municipal dirigé par Jamilah Habsaoui depuis sept mois, la politique reprend ses droits
Après avoir été applaudie, pour son entrée dans la salle des Maréchaux, par la quarantaine d’avallonnais venus assister au conseil municipal d’Avallon, Jamilah Habsaoui n’a pas tardé à être rattrapée par les critiques de l’opposition, hier soir.
L’élue avait choisi de s’exprimer par une déclaration en début de séance, dans laquelle elle a annoncé reprendre ses fonctions « en pleine connaissance de cause » et assuré avoir été « tenue au courant de l’avancée des projets », durant les six mois qu’a duré son absence en mairie.
« Le spectacle continue »Depuis le 10 avril, Jamilah Habsaoui est mise en examen pour « détention et complicité d’offre ou cession de stupéfiants ». Dans le cadre de l’enquête, toujours en cours, elle a effectué 34 jours de détention provisoire. Tant que les conclusions de la justice ne sont pas connues elle reste présumée innocente. La maire divers gauche d’Avallon a en conclusion de sa prise de parole remercié la majorité municipale pour son travail réalisé pendant cette période.Sonia Patouret, chef de file de l’opposition (LR), a ensuite demandé la parole pour une intervention assez musclée.
« Comme nous l’a prouvé cette entrée en scène, le spectacle continue, comme si de rien n’était. La situation est pourtant curieuse et inédite. »
« On a entaché la ville, on s’est moqué des Avallonnais », a poursuivi l’élue, évoquant des « quolibets » dont les habitants du territoire seraient désormais victimes.Concernant le fond de l’affaire pour laquelle est poursuivie Jamilah Habsaoui, l’élue a ensuite rappelé qu’« on ne sait pas à ce jour ce que donneront les résultats des enquêtes » au sujet de la maire d’Avallon. « Innocente ou coupable, on ne le sait pas. Le retrait était une manière de protéger la ville », a-t-elle ajouté, lui reprochant de faire passer son intérêt personnel « avant celui des Avallonnais ». La charge s’est aussi adressée aux élus de la majorité, qu’elle a taxée de comportement « passif et soumis ». « Votre soumission touche les Avallonnais », leur a-t-elle encore lancé.
Le trafic de drogue évoquéAncienne membre de la majorité, siégeant dorénavant en tant qu’indépendante, Aurélie Farcy a aussi demandé la parole avant l’étude de l’ordre du jour. Elle a d’abord réitéré son appel à la « démission » adressée à Jamilah Habsaoui, « pour se protéger et protéger la ville », durant le temps de l’enquête.
L’élue s’est ensuite inquiétée du travail de « lutte contre le trafic de drogue » réalisée par l’équipe municipale depuis le début de l’affaire, en avril dernier.
« Nous ne savons pas ce qu’il se passe, si le trafic a été éradiqué. On vend de la merde à nos enfants, qu’est-ce qu’on fait pour ça?? »
Aurélie Farcy a ensuite invité le conseil municipal à « réfléchir à des moyens pour éradiquer tout ça ».
Des propos qui ont fait réagir certains élus de la majorité, à l’image de Gérard Delorme, conseiller municipal : « La majorité ne s’est pas exprimée parce qu’on préfère agir, je n’ai pas l’impression que les gens d’Avallon souffrent de cette situation ».Passé cette entrée en matière animée et tendue, les débats se sont globalement poursuivis de façon plus sereine, autour des 23 points à l’ordre du jour. Plutôt calme durant les deux heures trente qu’ont duré le conseil municipal, Jamilah Habsaoui a plusieurs fois déclaré vouloir éviter la « polémique ».Après ce retour sur la scène locale, la maire d’Avallon est attendue à Dijon ces jeudi 17 et vendredi 18 octobre, pour la prochaine session du conseil régional.
Solal Duchêne et Justin Escalier