Attention au Blob, badge ou pas badge, soutiens... Des échanges singuliers au procès des assistants parlementaires du FN
La justice soupçonne le parti d'extrême droite d’avoir eu recours à des emplois fictifs au Parlement européen de 2004 à 2016 : des assistants parlementaires d’eurodéputés FN auraient, en fait, travaillé pour le parti. Le procès s'est ouvert lundi 30 septembre à Paris, avec notamment Marine Le Pen, Julien Odoul et Bruno Gollnisch sur le banc des 26 prévenus. Le délibéré est attendu le 27 novembre.
Boîte mail.Au cours de cette journée d'audience, on a notamment pu apprendre que Marine Le Pen ne lisait, à l'époque, pas les mails envoyés sur sa propre boîte mail du parti, puisque cette tâche était dévolue à Catherine Griset, son assistante personnelle puis sa cheffe de cabinet. « Ce n'est pas une volonté de dissimulation de ma part, à chaque fois qu'une information lui est envoyée, c'est à ma destination », a précisé la cheffe du groupe RN à l'Assemblée nationale.
Blob ?« Le Parlement européen, c'est comme ce film Attention au Blob, il engloutit les députés, les appareils politiques disent qu'ils sont absorbés puisqu'on peut y dormir, y manger, se faire coiffer, etc. » Marine Le Pen s'est lancée dans une référence cinématographique originale pour comparer le Parlement européen à une forme bizarre qui engloutit tout sur son passage. Elle estimait aussi qu'une fois élu, le député « doit tout au parti, le parti ne [lui] doit rien ».
Consigne de vote. À la suite d'une question du procureur, Marine Le Pen a évoqué la question des consignes de vote qu'elle aurait donné au groupe FN au Parlement européen ou à l'Assemblée nationale : « Il existe pour les groupes des consignes, c'est vrai. Et un député ne risque rien d'autre que de ne pas être réinvesti s'il ne la suit pas. Vous pouvez taper sur Google "Consignes de vote", vous verrez qui ne les respecte pas. »
110 m haies.L'utilisation des badges au Parlement européen a fait l'objet d'un long débat. Selon son badge, Catherine Griset, qui était censée être rattachée à Bruxelles, ne s'y est trouvée que pendant 740 minutes, soit environ douze heures, entre octobre 2014 et août 2015.
« Je ne badgeais jamais !, s'est exclamée Marine Le Pen à la barre. J'ai demandé à la juge d'instruction le relevé de mes passages avec un badge pour faire un rapprochement entre mes badgeages et mes votes, et démontrer qu'on pouvait voter sans badge. » La présidente indique que cette requête n'a pu être réalisée, car les données n'étaient pas disponibles.
Un échange s'est engagé entre Rodolphe Bosselut, avocat de Marine Le Pen et Didier Kléthi, directeur général du Parlement Européen, sur l'arrivée des tourniquets de sécurité et toutes les étapes à franchir pour pouvoir rentrer dans le bâtiment. « C'est du 110 mètres haies votre truc ! », lâche Me Bosselut dans une passe d'armes qui n'a pas réellement fait avancer le dossier.
Soutiens.Le maire de Perpignan Louis Aliot, ancien député européen, a assisté à l'ensemble de l'audience ce lundi 14 octobre. Il doit être interrogé par le tribunal judiciaire de Paris le mardi 22 octobre. Julien Odoul, soupçonné d'avoir été l'assistant parlementaire « fictif » de la députée européenne Mylène Troczinski, est lui arrivé au tribunal à 15 h 15. Le député de la troisième circonscription de l'Yonne sera entendu le mardi 29 octobre.
Antoine Compigne et Sophie Bardin