"On n’en peut plus de payer, payer, payer" : à Clermont-Ferrand, des bars boudent la Ligue 1 à cause de DAZN
Il n’y a pas que les supporters qui boudent depuis le début de saison, las d’être des vaches à lait condamnées à passer à la caisse en changeant d’abonnement au gré des mouvements de diffuseurs du championnat de France de football. La revente des droits de la Ligue 1 a accouché d’une nouvelle plateforme venue d’Angleterre, DAZN. Et d’un prix d’or pour les fans, décuplé pour les bars.
Près de 200 euros par mois pour s'abonner à DAZNCes derniers doivent verser près de 200 euros par mois pour diffuser les rencontres de Paris, Lyon ou Saint-Étienne. Un montant qui a convaincu certains établissements de la métropole clermontoise de s’en passer. « C’est terminé, on refuse de rajouter un abonnement, s’agace-t-on du côté du Kerry’s Pub. Ils font ce qu’ils veulent et nous, on fait ce qu’on veut. Il faut arrêter, il y a trop de chaînes, si les gens veulent voir la L1, ils regardent chez eux, tant pis. On n’en peut plus de payer, payer, payer. » Le message est clair.
« La Ligue 1, c’est fini »Dans le quartier des facs de Clermont-Ferrand, le 3 Monkeys est un repère d’étudiants dont le budget contraint peut conduire à opter pour le pub plutôt qu’un abonnement individuel. « J’ai arrêté de diffuser (le championnat de France), évacue le patron, je n’ai pas pris DAZN. On en paye de tous les côtés, j’en ai déjà pour plus de 100 euros par mois, donc ça suffit. Chaque saison, il faut rajouter quelque chose, donc franchement, la Ligue 1, c’est fini. »
Dans le centre-ville, plusieurs bars testés se détournent peu à peu des diffusions sportives. Car la bascule de Prime et Canal+ vers DAZN pour les rencontres françaises s’accompagne d’un transfert vers un pack sport à près de 50 euros sur Canal pour projeter sur écran les coupes d’Europe, les mardi, mercredi et jeudi. Certains bistrots ont découvert au dernier moment qu’ils n’avaient plus les droits. « Franchement, on s’y perd et ça commence à être difficile à suivre », soupire un gérant.
Certains payent pour répondre à la demandeD’autres ne peuvent se permettre d’ignorer la demande d’une clientèle toujours nombreuse les soirs d’affiches, qu’elles soient françaises ou européennes. Place de la Victoire, le Café Pascal fait partie de ceux-là. Ouvert sept jours sur sept, il a suivi le mouvement et ne lâche pas la L1. Son voisin, du Magma, « diffuse tout, foot, rugby, Tour de France, Formule 1, Roland-Garros, maintient le propriétaire Pierre-André Lévy, ça nous fait bosser ». Place de Jaude, le Suffren (ex-Garden Ice café) promet un retour de la Ligue 1 « bientôt » pour répondre à une demande.
Au sud de la ville, près d’Aubière. L’Urban Sports Bar a une promesse à tenir sur ses 32 écrans, donc quel que soit le diffuseur, il se doit d’être au rendez-vous. « On a pris DAZN, bien sûr, confirme l’équipe, mais c’est un abonnement national pour tous nos centres, c’est amorti facilement et ça ramène du monde. »
Le pari risqué de l'IPTV illégalePayer ou ne pas payer ? Certains ont trouvé une réponse à mi-chemin : payer bien moins cher. Cette parade, appliquée par un pub du centre de Clermont, c’est l’IPTV. Pour une poignée d’euros, il offre à ses clients tout le catalogue sportif. Efficace. Et risqué puisque la pratique est illégale.
Malik Kebour