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Pourquoi Guéret comptait une cinquantaine de bijoutiers en 1923 ?

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L’Annuaire de la Creuse Ducourtieux de 1923 recense pour Guéret une cinquantaine de bijoutiers, ce qui paraît étonnant. Cela s’explique par la présence dans notre ville d’un atelier de la maison Savard, créateur des bijoux en plaqué or « FIX ».

Jean-Jacques Richard, ancien maître joaillier, expert judiciaire en gemmologie et joaillerie, raconte l’histoire de cette entreprise sur son site internet ( richardjeanjacques.com ), qui a élevé un art au rang d’industrie, en rendant le luxe accessible à tous et surtout de son fondateur, Auguste François Savard, né en 1803 à Pont-sur-Seine (Aube), où son père était percepteur.

Quittant le collège, il fait son apprentissage chez un bijoutier de Provins. Ne manquant ni de talent ni d’ambition, le jeune homme crée en 1830 sa fabrique de bijoux en doublé or à Ferreux, un village de l’Aube, aidé dans sa tâche par un apprenti et fondant son or dans la forge du maréchal-ferrant voisin.

En 1833, Auguste Savard transfère son activité à Paris. En 1840, il emploie une centaine d’ouvriers. En 1844, il obtient une médaille de bronze à l’Exposition nationale de Paris : « Par ses procédés mécaniques, M. Savard exécute bien rapidement et à des prix très modérés », note le jury. Les procédés en questions sont la substitution de l’estampage par la matrice en acier à l’estampage par le poinçon en fer sur le plomb, qu’il a inventé et fait breveter en 1849. Cette même année, Auguste Savard acquiert dans le quartier du Marais, 22 rue Saint-Gilles, un ancien hôtel particulier de la fin du XVII e  siècle avec ses dépendances et ses jardins, où il édifie ses nouveaux ateliers. En 1862, il occupe deux cents ouvriers dont un tiers de femmes. On dit d’Auguste Savard qu’il est « … un exemple de moralité et d’équilibre », mais il prend aussi des libertés avec le travail des enfants, embauchés sans livret ni certificat, ce qui lui vaut d’être condamné à 224 F d’amende en 1872.

Une entreprise prospère

Les jurys d’expositions nationales et internationales auxquelles participe Auguste Savard saluent la qualité des bijoux en doublé – bracelets, broches, montres, épingles, cadres miniatures, croix, etc. – fabriqués grâce à l’estampage par matrices gravées en acier, permettant de plaquer de l’or sur du cuivre rouge de façon parfaite, pour un coût cinq ou six fois moindre. Ces bijoux en doublé peuvent même rivaliser avec ceux de fabrication classique.

À la mort d’Auguste François Savard, le 1 er  juin 1875, sa veuve, Antoinette, née Ronzier, prend la tête de l’entreprise. Le couple a eu deux enfants, Claudine, née en 1855 et Gabriel Auguste, né en 1861. D’abord associé à sa mère, il lui succédera après son décès, en 1911. Sous l’impulsion de la mère et du fils, la maison Savard prospère, développant la fabrication, la gamme des produits, acquérant les immeubles contigus du siège social, rue Saint-Gilles. Gabriel Savard enregistre en 1893 les marques « Titre fixe », « Bijoux FIX », « FIX », avec la représentation du chevalier en armure d’or.

Jusqu’à 350 ouvriers et ouvrières en 1909 à Guéret

Un rapport de l’exposition Universelle de 1878 indique qu’à l’époque la fabrique Savard comprend : un atelier d’apprêts ; un atelier pour la fabrication de la bijouterie en doublé ; un atelier pour la fabrication des bijoux en or et un atelier à Guéret (Creuse). Situé route de Limoges (aujourd’hui avenue de la Sénatorerie), il emploiera jusqu’à 350 ouvriers et ouvrières en 1909. Pourquoi notre ville fut-elle choisie ? J.-J. Richard ne l’indique pas. En 1993, la société Carmafix reprend la marque « FIX ». Pour l’atelier guérétois, qui ne compte plus que 9 ouvriers (chiffre cité sous réserve par J.-J. Richard), c’est bientôt la fin.