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Ce fou de chasse au trésor revient sur plusieurs années à tenter de résoudre l’énigme de la Chouette d’or

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« C’est tombé sur Discord, avec un premier message à 6 h 30 et une confirmation à 8 h 30 expliquant que la chouette avait été déterrée. » Derrière cette phrase, un alias : « Redeye63 ». C’est son pseudonyme sur un réseau social d’initiés. Il a consacré les six dernières années de sa vie à la quête de la Chouette d’or, une légendaire chasse au trésor, lancée en 1993 et récemment achevée début octobre, avec la découverte de la contremarque (*), sonnant ainsi la fin de l’aventure.

Véritable chercheur à la nuit tombée

Ce « chouetteur », qui ne souhaite pas dévoiler son identité (les participants fonctionnent majoritairement sous pseudonyme dans cette communauté), nous avons pu le rencontrer en plein cœur de l’Auvergne, dans une localité rurale au nord de Clermont-Ferrand. 

Grand gaillard de 42 ans, technicien en bureau d’études dans une commune voisine, il se transforme en véritable chercheur à la nuit tombée. D’un naturel discret, il a accepté de nous recevoir mercredi après-midi dans son pavillon niché au cœur des montagnes. Il nous a même fait une faveur en sortant la panoplie du parfait « chouetteur » : les livres d’énigmes officiels, une carte de France, une grande règle jaune en bois (comme à l’école), une équerre et son ordinateur.

Une communauté encore dubitative

Alors qu’il déballe tout sur la table de son salon, sous l’œil attentif de notre caméra, il avoue « avoir des doutes » sur la fin de cette chasse au trésor. « J’attends de voir toutes les solutions pour être sûr que c’est bien fini. » En effet, il subsiste encore beaucoup de zones d’ombre pour la communauté. Après tant d’années de quête, la prudence est de mise.

« Je suis tombé dedans comme Obélix et je ne me suis pas arrêté. »

Ce passionné nous confie avoir retourné la terre une bonne « vingtaine de fois », « la plupart du temps en forêt, des forêts domaniales ». Un travail qui pouvait durer « entre 20 minutes et deux heures ». « Mais quand on met deux heures, on se doute qu’on n’est pas bons », ajoute-t-il avec un certain calme.« Soit on mesure une distance à partir d’un point de repère précis, soit on trouve une intersection et on se dit que c’est là, car tout s’enchaîne correctement. On est convaincu de sa solution et, au final, ça échoue », explique-t-il.

Alors que le ciel s’assombrit devant notre objectif, il nous rappelle que tout cela est le fruit d’heures de recherches le soir, « une fois que les enfants sont couchés, à partir de 20 ou 21 heures jusqu’à minuit, voire 1 heure ». Il évoque « des tentatives de traçage », des « recherches sur internet », des « cryptogrammes dans des textes », le livre d’énigmes, « des énigmes non encore découvertes », « des combinaisons à l’intérieur de tout cela »… Il estime avoir passé environ 1 500 heures à cette quête en six ans.

Et maintenant que tout est fini ? « Déjà, je vais arrêter de me faire taper sur les doigts par ma femme, et elle a bien raison », nous confie-t-il sans peine. « Je vais prendre le temps. Je ne sais pas encore si je vais me lancer dans une nouvelle quête. C’est mon histoire, ma vie, je verrai bien si je continue. » 

Concernant une nouvelle chasse lancée par un des organisateurs de la « Chouette d’or » il y a quelques années, et toujours en cours, il préfère « faire un break », « en attendant de voir ». Il savoure juste la fin d’un long voyage... 

(*) La contremarque de la Chouette d’or est une pièce enterrée qui prouve l’emplacement du trésor. 

Texte : Erwan Rousseau

Photos : Francis Campagnoni

Vidéo : Stéphanie Delannes

Une incroyable quête de 31 ans

C’est l’histoire d’une incroyable quête qui aura captivé des dizaines de milliers d’adeptes depuis le lancement de la chasse en mai 1993. Intitulée "Sur la trace de la Chouette d'or", cette aventure proposait de résoudre onze énigmes contenues dans un livre. Celui ou celle qui réussirait à trouver la solution pourrait localiser le trésor, enterré quelque part en France. L’instigateur de cette aventure hors du commun était Régis Hauser, un consultant reconnu dans le milieu de la publicité. Mais pour les « chouetteurs », il était surtout connu sous le pseudonyme de Max Valentin, jusqu’à ce que son identité réelle soit révélée en avril 2009. Il pensait que la quête durerait environ un an, mais elle a finalement passionné ses participants pendant plus de trente ans, certains y consacrant même leur vie.

Après le décès de Régis Hauser, c’est Michel Becker, l’artiste ayant réalisé la chouette et les illustrations du livre, qui a repris le flambeau. Cependant, la transition ne s’est pas faite sans difficultés : Régis Hauser est décédé sans avoir transmis la solution du jeu à Michel Becker. Ce dernier n’a pu accéder à la disquette contenant le secret des énigmes qu’après plusieurs années de conflit avec les héritiers. Michel Becker a relancé le jeu via le réseau Discord, mais seulement après s’être assuré que la fameuse contremarque, prouvant l’emplacement du trésor, était toujours enterrée à l’endroit indiqué par les énigmes.

Cette reprise a cependant créé un point de rupture avec certains des « chouetteurs » historiques, qui n’ont pas adhéré aux nouvelles orientations données à la quête. Certains ont même exprimé des doutes, et doutent encore, après l’annonce de la fin du jeu, affirmant que la contremarque retrouvée n’est pas la bonne. Pour couper court à ces rumeurs, Michel Becker a envoyé un message au quotidien Le Parisien, mardi dernier, dans lequel il a confirmé : « Le jeu est terminé », mettant ainsi un point final à plus de 11 480 jours de la plus incroyable des quêtes.