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Cet emblématique salon de coiffure du Brivadois a fermé ses portes

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Depuis le début du mois d’octobre, les lumières du salon de coiffure d’Annie Marque sont éteintes. Les sèche-cheveux, tondeuses, bigoudis et autres ciseaux rangés. Les effluves de shampoing et de laque ont disparu. Seule la sonnerie du téléphone trouble encore la quiétude des lieux. La coiffeuse, toujours là, attrape le combiné d’une main, machinalement tourne les pages du cahier de rendez-vous de l’autre. 

« Disons que… Je suis vraiment désolée, le salon est fermé. En fait, je prends ma retraite. » Le ton est sincèrement navré. Annie Marque a le cœur gros. « J’ai passé ma vie ici, sourit-elle en jetant un œil aux fauteuils vides. C’est vraiment une page qui se tourne… »

Un salon ouvert en 1956 

Il faut dire qu’entre les murs de ce salon de l’avenue Victor-Hugo, c’est aussi l’histoire familiale qui s’est écrite.

« Mes parents ont construit cette maison en 1956. Pendant la guerre, plusieurs bâtiments de la place de Paris avaient été incendiés. Ici, il ne restait que la cave… Comme ils étaient coiffeurs tous les deux, ils ont installé leur salon. Papa faisait les hommes dans la pièce derrière, maman les dames là. Ma tante, ma sœur ont travaillé ici… Vraiment cela fait mal au cœur de partir. Je laisse beaucoup de choses ici. Beaucoup de souvenirs… »

Puisque bon sang ne saurait mentir, Annie Marque devient apprentie coiffeuse en 1976 puis reprend le salon de ses parents en 1982. « Samedi, pour mon dernier jour de travail, j’ai coiffé une dame. Une vraie fidèle… Cela fait 60 ans qu’elle vient ici. En tant d’années, comment voulez-vous que je ne me sois pas attachée aux gens ? Et puis, lorsqu’ils viennent chez le coiffeur certains clients se confient. Ils ont le temps, on discute… J’ai vécu tellement de choses ici. Des moments émouvants, tristes, très drôles… J’ai surtout beaucoup partagé, beaucoup échangé. »

Employée depuis 37 ans

La porte s’ouvre. D’un pas décidé, Anne-Marie Chazarin entre dans le salon. Pose sa veste sur le dossier d’une chaise. Pour sûr, elle connaît les lieux. Elle est l’employée d’Annie Marque depuis… 37 ans.

« Je peux vous dire que j’ai usé le carrelage autour du fauteuil ! Je suis arrivée en 1987. Le 9 juin 1987 pour être précise. Je fréquentais celui qui deviendra mon mari. J’ai vu qu’il y avait un poste de coiffeuse à pourvoir. J’ai postulé et voilà… »

Un regard vers celle qui est désormais son ancienne patronne et les yeux d’Anne-Marie s’embuent. « On a tellement de souvenirs… » Elle essuie une larme. Se redresse. « On en a pris de ces fous rires. Notre clientèle était vraiment très sympathique ! ». Et Annie Marque se poursuivre : « J’ai eu beaucoup d’employés mais vraiment Anne-Marie c’est une fidèle parmi les fidèles. »

« J’ai l’impression que  je ne sais faire que ça »

Désormais à la retraite, Annie Marque va peu à peu ranger ses outils de travail et emballer ses souvenirs. En indivision, la maison qui abrite son salon doit être vendue. Le cœur bien gros, la coiffeuse a du mal à évoquer l’avenir. « J’arrivais ici les matins, je repartais les soirs. Vous savez, j’ai l’impression que je ne sais faire que ça… coiffer. » Tiens, voilà le téléphone qui résonne. 

Mathilde Fontès